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De #Metoo à #Wetoogether

Rassemblement « Metoo dans la vraie vie » à Toulouse

Ce dimanche avait lieu le premier rassemblement « Metoo dans la vraie vie » de Toulouse. À 14h, environ 200 personnes, majoritairement des femmes, se sont réunies et ont redécoré la place Wilson, permettant de mettre la lutte contre les violences faites aux femmes au cœur de la ville, visible de tou.tes.

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Après l’affaire Weinstein,la toile a été inondée de messages, autour des hashtags #metoo, #moiaussi et #balancetonporc, de femmes témoignant massivement d’agressions, qu’elles soient physiques, sexuelles ou morales, économiques, ou de viols qu’elles ont subi. Si ce flux de messages révèle le caractère profondément structurel, et non pas individuel, des agressions sexistes, le but des différents rassemblements prévus dans différentes villes était de porter la voix des femmes des réseaux sociaux à la « vraie vie », afin de commencer à s’organiser contre la réalité systémique de ces violences, et d’y apporter une réponse collective.

Parler et se rassembler : “Il était temps”

À l’initiative du (récemment créé) collectif Metoo - Toulouse, et appuyé par différentes organisations, un premier rassemblement « Metoo dans la vraie vie » a eu lieu. Ce qui devait être une manifestation s’est transformée en rassemblement suite à l’interdiction de la préfecture de manifester. Environ 200 personnes, dont la grande majorité était féminine, se sont ainsi réunies, jeunes, moins jeunes, étudiantes, travailleuses ou retraitées pour échanger, et mettre cette réalité jusque-là trop souvent étouffée, aux yeux de tous. Une partie de la place était réservée aux femmes. Pour Marianne, étudiante : « C’est intéressant d’avoir un espace non-mixte pour se rencontrer et discuter mais qui est finalement aussi ouvert dans la rue ».

La plupart des participantes saluaient cette initiative en soulignant l’importance de se rassembler « en vrai » pour donner de l’ampleur au mouvement, en incarnant toutes les voix virtuelles de ces dernières semaines. Pour Clara, orthophoniste, arrivée au rassemblement par hasard avec deux amies : « C’est bien de pouvoir s’exprimer sur les réseaux mais que ce soit aussi visible dans la réalité c’est important, c’est bien qu’on puisse le voir partout, et de permettre les échanges comme maintenant, de voir quels sont les débats qui parcourent ces questions et de pouvoir se rassembler. »

Car effectivement certains clivages des différents courants du mouvement féministe ont éclaté au grand jour, notamment autour de la question de la prostitution, entre abolitionnisme et régulationnisme, sans pour autant qu’un cadre de discussion permettant de les exposer et de les mener jusqu’au bout ait été prévu.

« Le privé est politique »

C’est autour de ce mot d’ordre phare des années 70 que le rassemblement a été appelé. Et s’il pouvait laisser quelques personnes assez perplexes, Brigitte, « féminiciste historique de Toulouse » ex-militante à la Maison des Femmes et aujourd’hui à l’association Bagdam espace lesbien explique : « Là ça en est un exemple parfait, c’est-à-dire que ce qui se passe entre deux personnes dans un ascenseur, on en parle dans le monde entier actuellement puisque ce qui se passe entre ces deux personnes ce n’est pas un méchant monsieur qui agresse une pauvre malheureuse femme, c’est un système qui permet à ce méchant monsieur d’agresser cette femme. C’est tout un système mondial qui s’appelle le patriarcat et la domination masculine. Le privé de ces deux individus en fait n’est pas du privé mais du politique avec un grand P. ».


Marianne, étudiante a une autre interprétation de ce slogan, soulevant un autre aspect du problème : « Je pense qu’il y a un double sens à ce slogan, surtout en ce moment où des affaires où les hommes politiques sont mis en avant pour avoir harcelé ou agressé des femmes. Notre sphère politique est entachée par ce genre de problème et en même temps, on le banalise vachement parce qu’il n’y a jamais de condamnation de ces hommes-là. Et en même temps de mettre sur le devant de la scène le fait que ce qui nous arrive dans le privé ce sont des questions politiques et des questions sociales et c’est pas à nous d’avoir honte de ce qui nous arrive dans le privé vu que ce n’est pas nous les coupables.”


Le mouvement, encore embryonnaire, initié ce dimanche devrait ainsi continuer. La question reste de savoir comment dés-individualiser cette lutte pour ne pas en faire simplement une affaire de coupables et de victimes mais de mettre au centre le système patriarcal qui produit structurellement l’oppression des femmes. Et de quel programme un mouvement féministe doit se doter pour que ses revendications ne soient pas de l’ordre d’une meilleure punition ou répression des agresseurs mais pour que ce système cesse de les produire.


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