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Les ‘groupuscules d'extrême-gauche qui manipulent’. Les fantasmes droitiers, du Figaro à Valls et l'attitude ambiguë du PCF

Réfugiés. Encore la faute aux Juifs allemands ?

Léo Serge Alors que quatre militants du Front National qui ont brûlé des voitures et vandalisé des habitations en avril pour mieux dénoncer, le lendemain, l'augmentation de l'insécurité, sont en passe d’être jugés, Valls et la presse, qu’elle soit de « gauche » comme de droite, préfèrent se concentrer sur l'extrême-gauche qui manipulerait les migrants. Valls a ainsi déclaré qu’il y aurait « une exploitation de la misère par les réseaux ». Entre partis du mouvement ouvrier et passeurs, il n’y aurait donc aucune différence. En 1968, on disait que les étudiants s’agitaient en raison de fauteurs de troubles « juifs allemands ». Pour montrer à quel point, aujourd’hui encore, il y a travestissement de la réalité, il faut en revenir à ce qui s’est réellement passé.

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Petit rappel de faits têtus

Depuis le début, les migrants qui se concentrent dans le quartier de La Chapelle reçoivent le soutien et la solidarité des habitants du quartier. Ces migrants sont chassés de leur pays par des guerres auxquelles participent ou cautionnent la France, ses alliés et sa politique de soutien aux dictateurs qui maintiennent la misère et l’oppression, que ce soit en Libye, Erythrée, au Soudan ou, plus largement, en Afrique de l’Ouest. Depuis le début, ils reçoivent également le soutien, à différents niveaux, du Front de Gauche (Ensemble, PCF, Parti de Gauche), de certains secteurs d’EELV, du NPA, de militants anarchistes et autonomes et d’organisations de quartiers. Tous ont été témoins, sur le terrain, du traitement ultra-violent, quasi-uniquement policier, de la Préfecture et de la Mairie « de gauche » de Paris, du « problème » des migrants à la rue.

Selon Valls, « beaucoup de migrants ne veulent pas déposer leur demande de droit d’asile ». C’est faux. Une partie des migrants a déposé une demande de droit d’asile et la plupart a des papiers qui le prouvent. On a ainsi vu la photo publiée d’un incroyable post-it tamponné par l’administration qui autorise à « dormir dehors ». Quant à ceux qui voudraient continuer leur chemin vers l’Europe du Nord, ils rencontrent des obstacles policiers et parfois n’ont pas l’occasion de faire de demande. En tout état de cause, après avoir risqué leur vie en Méditerranée pour déjouer les pièges de « l’Europe forteresse » après la répression de régimes dictatoriaux au Sud de la Méditerranée, le récépissé, ou non, d’une demande d’asile, ne devrait pas être un discriminant pour un pays qui se veut « la patrie des droits de l’Homme ».

Valls a également déclaréque « ceux qui ne relèvent pas du droit d’asile doivent être reconduits ». Des ordres ont été donnés depuis hier pour que tous les migrants qui arrivent sur le territoire français en provenance de l’Italie par les Alpes-Maritimes soient refoulés avant même qu’ils ne déposent une demande de droit d’asile, ce qui revient à s’asseoir sur le droit international.

Valls ment donc effrontément et il ne serait pas très compliqué pour un parti de gauche ou pour un journaliste de rappeler ces contradictions. En réalité, Valls applique une politique saluée par le silence du FN, qui a du mal à y redire quoi que ce soit. Le PS et le gouvernement ont choisi leurs politiques, leurs alliés et leurs cibles.

« Choisis ton camp, camarade ! »


L’Humanité écrit, sous la plume de Pierre Duquesne, ce 12 juin, un article très dur contre le NPA. Le journal fondé par Jaurès présente les 110 places d’hébergement obtenues hier soir comme une victoire mais les militants NPA et les autonomes qui ont appuyé les actions des réfugiés sont présentés ainsi : « le NPA, appuyé par des anarchistes autonomes, dont certains débarquaient pour la première fois dans le quartier ». C’est très mal connaître les différences politiques existant entre NPA et autonomes mais, surtout, c’est faux. Les militants NPA intervenant sur place viennent du 18ème, où vit et travaille l’un des porte-paroles du parti, Olivier Besancenot, réprimé par la police à la halle Pajol ou bien du Nord ou de l’Est parisien. Surtout ils suivent la lutte depuis le début et insistent sur la nécessité de défendre l’auto-organisation des migrants. Cette auto-organisation est extrêmement difficile, en raison de la condition des réfugiés, mais aussi tant que les organisations du mouvement ouvrier et de la jeunesse, comme nous l’avons souligné depuis le CCR, ne se placeront pas en tête d’un mouvement de défense des migrants contre ce gouvernement.

Dans un communiqué commun, la maire de Paris, Anne Hidalgo, et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dénoncent « des individus irresponsables » qui « depuis plus d’une semaine, instrumentalisent cyniquement la situation dramatique dans laquelle se trouvent les migrants à des fins purement politiciennes ». Parfois, on peut avoir l’impression que le PCF, objectivement, et L’Humanité semblent d’accord avec eux… A nouveau, l’agitation serait imputable aux gauchistes et aux « Juifs allemands » ?

Pourtant le même article de L’Humanité, qui n’est pas à une incohérence près, souligne que « l’autre conclusion, c’est bel et bien que l’État, quand il le veut, peut dégager des solutions pour les exilés. Sans violence, ni brutalité. Mais il aura fallu une occupation risquée et une action exposant particulièrement les migrants à la menace d’une nouvelle interpellation, pour obtenir de la puissance publique le simple respect de la loi. » Si l’occupation était risquée, c’est bien parce qu’il y a eu des violences policières. Nos camarades du NPA qui ont été frappés par les CRS le savent. L’un d’entre eux, Fred, doit être opéré de l’œil car il a été grièvement blessé au visage par la police. Mais les médias, à commencer par Le Parisien, n’ont pas hésité à le présenter comme un … policier touché à l’œil par une pierre ! Fred, du NPA, a ainsi été gravement atteint par la police. Mais où est la dénonciation du PCF ? Quelqu’un parle des 17 migrants hospitalisés depuis le début de cette répression absurde ou les camarades qui ont pu être blessés par les forces de répression au cours de la journée de jeudi ?

Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de Gauche, a rappelé que « ce n’est pas le gouvernement qui a été sur le pont, ni la Ville de Paris, qui n’auraient pas bougé sans cette occupation, mais surtout une grosse mobilisation qui dure depuis plusieurs jours et même plusieurs semaines dans le quartier ».

Du côté des migrants, les revendications sont pourtant claires. Celles et ceux qui parlent anglais disent tous la même chose, et les articles en sont le reflet : « Soit vous avez une solution pour tout le monde, soit c’est rien ».

Le PCF parle, collant sur ce point au Figaro et à Valls, « d’instrumentalisation [des migrants par les gauchistes] dans le déshonneur » qui aurait échoué. Deux choix, cependant, étaient possibles. Soit opter, dans la mesure du possible, pour un lieu fermé, facile à défendre contre la police, où TOUS les migrants auraient pu continuer à être ensemble, comme à Saint Bernard en 1996. Soit disperser les migrants par petits groupes, sans certitude pour la semaine prochaine. Les implications politiques de ces deux choix étaient très différentes.

La résolution provisoire acceptée par les migrants, hier, qui a été atteinte, est en partie le reflet des conséquences des divisions à l’intérieur du camp des soutiens aux réfugiés. C’est surtout le reflet de l’inaction des organisations syndicales du monde du travail et de la jeunesse qui doit prendre fin, car la lutte des réfugiés, c’est celle de tous et toutes.

Pour les migrants le même schéma se répète inlassablement. Livrés à eux-mêmes dans les rues duNord de la capitale, ils sont pourchassés, puis errent jusqu’à trouver un nouveau campement ou un hébergement temporaire, d’où ils sont délogés de nouveau. La réponse partielle du jeudi 11 doit devenir une solution durable pour l’ensemble des migrants : des papiers et un logement pour tous. L’intérêt des réfugiés, c’est, en dernière instance, l’intérêt de tous les exploités, du 18ème et d’ailleurs. Lutter pour constituer le front de mobilisation le plus large possible, ce sera l’un des enjeux de la mobilisation de samedi, à la Goutte d’Or, et d’une manifestation plus massive, mardi 16, qui devraient partir du 18ème, à 18h30. Le combat continue, et doit s’élargir !

12/06/15


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