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Le FN n’emporte aucune région

Régionales. Victoire à la Pyrrhus d’un front républicain lepenisé

Comité de Rédaction Le « barrage républicain » de Valls-Hollande face au FN a gagné ce « 21 avril » régional. Le parti de Marine Le Pen, en passe de l’emporter dans trois régions, n’obtient au final aucune présidence. Sur fond d’abstention en baisse de près de 9 points, les appels au « vote utile » du PS et de LR contre le FN auront remobilisé une partie du peuple de « gauche » qui avait refusé de voter au premier tour « pour l’austérité » et les politiques du gouvernement PS empruntées à l’extrême droite. Néanmoins, ce n'est qu'un peu plus d'un électeur sur deux a voté ce dimanche, ce qui en témoigne de la poursuite d'une crise de représentation au sein du régime.

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Avec l’appui du Front de Gauche, et la fusion de l’ensemble de ses listes avec le PS, la stratégie ressortie des placards du « front républicain » de Valls-Hollande aura donc fonctionné. A l’inverse du « ni retrait, ni fusion » de Sarkozy, le PS a choisi de faire « barrage » au FN, en se retirant au profit de Républicains en PACA, dans le Nord-Pas de Calais-Picardie et en se divisant en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. Dans ces régions, le FN a été défait, la droite l’a emporté face aux principales figures du parti d’extrême droite, Marine Le Pen, Marion Maréchal Le Pen, ainsi que Florian Philippot, profitant du report des voix de gauche, ainsi que d’une remobilisation des abstentionnistes avec l’appel au « vote utile ».

Aux régionales de 2010, sous Sarkozy, la logique de l’alternance et du bipartisme de la cinquième république, avait vu le PS remporter une écrasante majorité des régions laissant ainsi une seule région à la droite et au centre, l’Alsace. Ainsi, avec le maintien de cinq régions en couleur rose, le gouvernement PS limite la casse, malgré la perte d’une grande partie de ses conseillers régionaux et de son maillage territorial, et ce dans la continuité des municipales de mars 2014 et des départementales de mars 2015.

Les Républicains, de leur côté, respirent malgré l’impasse stratégique dans laquelle ils se retrouvent, coincés entre un Hollande lepénisé et le véritable FN. En plutôt mauvaise posture au soir du premier tour, avec une seule région où ils se situaient en tête, les Pays de la Loire, Les Républicains finissent par emporter sept régions dont la très importante région l’Ile-de-France, ainsi que, avec les voix de la gauche, les trois régions où le FN se situait en tête. La droite et le centre ne présidaient qu’une région depuis 2010. Désormais la carte des régions est un peu plus colorée de bleu. Dans la continuité des dernières élections locales de 2014 et de 2015, la reconquête des territoires se poursuit bien qu’elle soit à relativiser, car à placer dans la logique de l’alternance qui avait notamment vu la carte de France des régions devenir presque totalement rose en 2010.

La victoire de la droite dans les régions où le PS s’est retiré au nom du barrage au FN a des conséquences notamment dans les batailles internes au sein des Républicains, avec la stratégie de Sarkozy mise à mal et où à ses concurrents dans les primaires s’ajoutent maintenant des barons régionaux renforcés, en premier lieu Xavier Bertrand qui, dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, a écrasé Marine Le Pen. Le député LR de l’Aisne, qui a pour sa campagne tenu à distance les ténors parisiens, est l’un des grands gagnants du scrutin et va voir sa parole peser davantage dans son camp. La refondation d’une alternative à droite est loin donc d’être chose faite.

Cependant d’un point de vue politique, ce sont bien les idées du FN qui ont gagné, alimentées par les politiques des gouvernements de gauche comme de droite qui l’ont fait monter depuis 30 ans. Il ressort comme le véritable vainqueur de ces élections en apparaissant dès le 1er tour comme le premier parti puis en obtenant au final plus de 350 conseillers régionaux à l’issue de ce second tour. Au second tour, il dépasse même les 40% dans trois régions, ce qui est considérable. Au-delà, dans cette campagne, le FN a imprimé ses idées sur une large partie de la classe politique. La différence même entre les idées du FN et les idées considérées comme respectables et appartenant à l’héritage républicain s’est fortement affaibli.

Malgré ses avancées et son influence croissante sur le champ politique, le FN reste néanmoins prisonnier de la contradiction qui l’empêche de devenir une alternative de pouvoir. En ce sens, l’échec dans l’obtention d’un poste exécutif, en vue de ses aspirations pour 2017, confère aux résultats du parti de Le Pen une couleur en demie teinte. En dernière instance, aussi bien "l’UMPS" que le FN sont en difficulté pour incarner un projet hégémonique pour diriger le pays avec une certaine stabilité durant les prochaines années.Ils ont pour cela cependant à leur avantage, l’absence d’une gauche réellement radicale, et ce malgré une colère qui existe bel et bien et qui pourrait être le point de départ d’un passage à l’offensive du mouvement ouvrier.

L’urgence est dans ce contexte de reprendre le chemin de la lutte de classes, pour les revendications des salariés, d’Air France à l’AP-HP, contre l’état d’urgence et le tout sécuritaire, contre la guerre impérialiste et en solidarité avec les migrants. Elle est aussi de construire un grand parti des exploités, qui lutte pour en finir avec le système capitaliste et pour une société sans exploitation ni oppression. Il n’y que cela qui pourra faire réellement barrage aux idées réactionnaires et xénophobes qui s’emparent d’une partie de notre classe.


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