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Edito

Relaxe immédiate et arrêt des poursuites pour les frères d’Adama Traoré !

Adama Traoré a été tué dans les conditions que l'on sait, par les gendarmes de Beaumont-sur-Oise. L’affaire, politique depuis le début, est devenue une affaire d'Etat. A ce titre, le gouvernement a choisi son camp : couvrir les meurtriers, harceler la famille pour que cesse son combat et condamner les deux frères de la victime, Bagui et Youssouf, lors du procès du 17 décembre, sur la base d'un dossier monté de toute pièce.

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Un procès scandale


Dans la salle du tribunal de Pontoise, ce qui s’est passé le 17 novembre au soir, lors d’un rassemblement devant la mairie de Beaumont, lors d’un conseil municipal dont l’accès était interdit , a été rappelé par le menu : depuis l’arrivée de la famille et des habitant-e-s à leur empêchement d’accéder au conseil par les policiers municipaux, au gazage par ces derniers et à la charge menée par les gendarmes, qui a notamment violemment touché Samba, un autre frère d’Adama. Mais, surtout, c’est la version des policiers et gendarmes qui s’est effondrée. Aussi bien en ce qui concerne la cible des accusations, que leur contenu. On apprend en effet que les policiers admettent eux-mêmes ne pas être en mesure d’identifier Bagui et Youssouf comme les auteurs des insultes ou des coups dont ils se disent victimes. Ou encore que le policier municipal maître-chien s’est en réalité fait mordre par son propre animal, tandis que sa collègue qui avait déclaré à tort avoir reçu huit jours d’ITT (elle n’en a eu qu’un après que le médecin qui l’a vue ait contredit qu’elle ait reçu un coup au visage) s’est en fait…aspergée elle-même de gaz lacrymogène.

En préventive depuis leur arrestation, le tribunal de Pontoise a donc condamné dans la nuit de mercredi Bagui Traoré à huit mois de prison ferme pour « violences sur les forces de l’ordre », ainsi qu’à une interdiction de se rendre pendant deux ans à Beaumont-sur-Oise, où réside l’ensemble de sa famille. Son frère, Youssouf Traoré, jugé à ses côtés pour des « outrages et menaces de mort à l’encontre de deux agents de police », a quant à lui été condamné à 3 mois de prison aménageable, conformément aux réquisitions du parquet.

Youssouf et Bagui, prisonniers politiques


Youssouf et Bagui, pris en otage par l’état, sont des prisonniers politiques. C’est au titre de leur combat pour la mémoire de leur frère et contre les violences et l’impunité policières qu’ils ont été interpellés, déférés incarcérés, jugés et condamnés. Les tribunaux mettent des années à juger les puissants qui sont pris la main dans le sac. Ils sont cléments avec les ex ministres et les malfaiteurs en col blanc. Ils concèdent systématiquement des non-lieux aux policiers et aux gendarmes homicides ou responsable de violence ou les condamnent, très rarement, à du sursis. De façon expéditive, cependant, ils ont choisi, politiquement de condamner Youssouf et Bagui.

L’affaire d’Etat et les raisons d’une défense qui doit être collective


Laisser les frères Traoré aux mains de l’administration pénitentiaire, ce n’est pas seulement manquer aux principes élémentaires de la solidarité et de la défense de nos droits démocratiques. C’est un tournant dans la situation qui se joue dans cette affaire. Il démontre non seulement la totale continuité entre le gouvernement Valls et celui de Cazeneuve, mais n’annonce rien de bon pour l’avenir.

L’ancien patron des gendarmes qui ont tué Rémi Fraisse et Adama Traoré, devenu Premier ministre à la faveur de la démission de Valls, fait preuve de constance. En renouvelant l’état d’urgence, en autorisant les manifestations de policiers, les socialistes ouvrent un peu plus la voie à une droitisation ultérieure de la situation. Leur laisser les mains libres, ne pas se solidariser activement avec Youssouf et Bagui pour exiger leur relaxe immédiate et l’arrêt de toutes les poursuites les visant, ainsi qu’Assa Traoré, ce serait renoncer à combattre, demain, contre l’offensive sociale, sécuritaire et politique à laquelle la droite se prépare. Laisser les frère Traoré croupir en prison, c’est laisser penser à l’Etat et à sa justice que, dès le printemps prochain, ils auront toute latitude pour poursuivre tous les militants combatifs et les condamner, comme cela s’est déjà vu dans le sillage du mouvement contre la loi travail.

La solidarité impérative


Personne ne saurait parler en lieu et place des victimes des violences policières. Cependant, les organisations sociales, syndicales et politiques de la jeunesse et du mouvement ouvrier ne sauraient laisser passer une telle injustice : ce serait laisser à l’Etat, à son racisme institutionnel et à ses forces de répression toute latitude pour faire taire la voix des quartiers et nous imposer, à tous, le silence nécessaire à l’application du programme de « sang, de sueur et de larmes » que la gauche de gouvernement nous a mis en musique pendant cinq années et que la droite promet d’intensifier.

Comme le signalaient dans un tweet les camarades de la Compagnie Jolie Môme avant le meeting de jeudi soir à la Belle Etoile, « la condamnation des frères Traoré est une condamnation politique insupportable, au même titre que celle des syndicalistes au printemps ». Comme l’a défendu, dans ce même meeting, la tribune, il faut intensifier la solidarité en direction de la famille Traoré et, le 11 janvier, converger toutes et tous à Amiens pour exiger la relaxe définitive des 8 de Goodyear. Plus que jamais, nous devons faire front !

Halte à la persécution de la famille Traoré

Relaxe immédiate et arrêt des poursuites contre Youssouf et Bagui

Justice pour Adama, condamnation des gendarmes


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