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Etat colonial

Répression politique. Israël expulse l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri

Ce dimanche, après 10 mois de détention arbitraire dans les geôles israéliennes, l'avocat franco-palestinien Salah Hamouri a été expulsé de Jérusalem, sa ville natale, vers la France. Un cas de répression qui vise à créer un précédent juridique contre la résistance palestinienne.

Gabriella Manouchki

20 décembre 2022

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Crédit photo : Daphné Benoit / AFP

L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, originaire de Jérusalem-Est et militant de la cause palestinienne, a été expulsé de sa terre natale vers la France ce dimanche, sur ordre de la ministre de l’Intérieur israélienne Ayelet Shaked.

Après 10 mois de détention administrative, c’est-à-dire sans charge ni procès, cette action qualifiée de « crime de guerre » par l’ONU est hautement symbolique à l’approche de l’entrée en fonction du nouveau gouvernement d’extrême-droite israélien, déterminé à briser la résistance palestinienne.

Persécuté par l’État d’Israël depuis plus de 20 ans, Salah Hamouri est devenu l’un des visages de la lutte pour la libération de la Palestine. En 2001, alors âgé de 16 ans, il était condamné une première fois à cinq mois d’emprisonnement pour avoir collé des affiches politiques interdites. À partir de 2005, il est accusé de faire partie du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), considéré comme terroriste par l’État d’Israël, et d’avoir pris part à un complot visant assassiner le chef du parti ultra-orthodoxe Shass - ce qu’il a toujours nié.

Il est depuis lors la cible d’un acharnement répressif, alternant entre des périodes de détention arbitraire et de « liberté » relative, ayant été interdit de se rendre en Cisjordanie puis séparé de sa femme et de son enfant par les autorités israéliennes. Comme le résume Amnesty International : «  Il subit toute la machine administrative et judiciaire ayant pour but de faire de lui un exilé dans son propre pays ».
 
C’est parce qu’il est resté malgré tout fidèle à ses engagements politiques, devenu avocat de la cause palestinienne et travaillant aujourd’hui pour une ONG spécialisée dans la défense de prisonniers, qu’il est aujourd’hui visé par une nouvelle procédure répressive. Les autorités israéliennes ont tout simplement révoqué son statut de résident permanent au motif d’un « défaut d’allégeance à l’État d’Israël » afin de justifier son expulsion.

Une mesure qui vise à constituer un précédent juridique pour faciliter l’expulsion des Palestiniens des territoires occupés par l’État colon d’Israël. Comme le rapporte l’ONU, Salah Hamouri serait en effet « le premier habitant de Jérusalem privé de ce droit [de résidence] en vertu de preuves secrètes liées à des menaces sur la sécurité nationale ».

Pour d’autres motifs, cette procédure est systématiquement utilisée pour diminuer l’importance de la population palestinienne à Jérusalem : au moins 14 500 Palestiniens de Jérusalem auraient été visés par cette mesure entre 1967 et 2015.

Face à l’annonce de son expulsion au début du mois de décembre, le gouvernement français s’était positionné contre cette mesure. Une déclaration hypocrite, qui ne pouvait que rester lettre morte de la part de l’un des principaux alliés d’Israël, œuvrant pour criminaliser la défense de la cause palestinienne en France, comme l’a montré la tentative de dissolution du Collectif Palestine Vaincra par Darmanin.

En réalité, loin de toute préoccupation humanitaire, le gouvernement français a encore réaffirmé sa volonté de « renforcer les liens déjà si forts entre la France et Israël », saluant la victoire de Netanyahou aux élections législatives. Une orientation qui s’est traduite début décembre s par la conduite d’exercices militaires communs entre l’armée française et Tsahal : des Rafales ont décollé pour voler « aile contre aile » avec les avions de combats d’Israël afin de simuler des frappes conjointes, comme le souligne Mediapart

Le combat pour le retour de Salah Hamouri et de tous les Palestiniens expulsés de leurs foyers et de leurs terres va de pair avec une lutte acharnée contre les États impérialistes qui, comme la France, soutiennent la politique coloniale et raciste d’Israël.

Comme l’a dit Salah Hamouri à son arrivée à Paris, accueilli par plus de 200 personnes issues de ses proches et de militants de différentes organisations, venues affirmer leur soutien : « Aujourd’hui, je suis brutalement arraché à ma patrie par cette force d’occupation qui poursuit son nettoyage ethnique depuis 1948. Aujourd’hui, je suis plus convaincu que cette machine de destruction, qui s’appelle Israël, ne reculera que devant un projet de résistance palestinien. Pour moi, la Palestine est une cause, pas une géographie. Je change de lieu, mais le combat continue avec vous. »


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