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Une histoire de pillage parmi tant d’autres

République Démocratique du Congo : Heineken et le côté obscur de l’impérialisme

Romain Lamel Le journaliste Olivier van Beemen vient d’achever une enquête sur les activités de Heineken en République démocratique du Congo, récit d’une entreprise rapace alliée aux pires dictatures pour maintenir l’ordre patronal.

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Heineken, c’est une multinationale du secteur brassicole, numéro 3 mondial derrière Anheuser-Busch InBev et SABMiller, représentant 9 % du marché. Cette place est tenue par une exploitation impitoyable du continent africain, de la République démocratique du Congo en particulier. Le groupe y est présent depuis 1935 par sa filiale Brasseries limonaderies et malterie africaines (Bralima). Celle-ci est une filiale symbolique pour le groupe brassicole, lieu d’apprentissage de son actuel PDG, de son actuel directeur financier et de son actuel directeur général au Mexique.

Heineken s’est construite en Afrique en aidant au maintien de l’ordre colonial, au Kenya contre les « voyous noirs » ; au Mozambique, en soutenant le dictateur portugais Antonio Salazar « contre la race noire montante »… L’indépendance de la République démocratique du Congo laisse craindre à Bralima, des réclamations gouvernementales. Bralima met alors en œuvre une double comptabilité en déclarant une partie des bénéfices au fisc local et en transférant le reste, souvent un montant plus important, vers une holding suisse à l’insu des autorités. Cette pratique atteint une telle ampleur que même Unilever, coactionnaire de Bralima, jugeait que ces « manipulations » allaient trop loin.

Alors que nombreux sont ceux qui affrontent Mobutu, cruel dictateur népotique, Heineken entretient de bons rapports avec lui, à l’avantage de l’entreprise. Selon l’enquête de Olivier van Beemen, le brasseur pourrait s’être rendu complice de violations des droits de l’homme. Par sa présence maintenue et les taxes cédées, il aurait alimenté le conflit et bénéficié d’un accord fiscal.

Heineken continue via Bralima de prospérer en versant des pots-de-vin plutôt qu’en respectant les exigences du fisc local, utilisant ses réseaux au plus haut niveau de l’État, notamment le conseiller présidentiel le plus influent du pays, Augustin Katumba Mwanke, décédé en 2012. Heineken a licencié de manière abusive un tiers de ses effectifs en République démocratique du Congo pendant la guerre civile qui a dévasté le pays entre 1998 et 2003, remplacé par des journaliers moins coûteux. Ces salariés licenciés ont récemment porté plainte devant l’OCDE, plainte jugée recevable par l’institution internationale. Selon un rapport de l’OMS, les brasseries automatisées des géants de la bière ne fournissent guère de travail en Afrique. La concurrence avec les brasseurs locaux aboutirait même à une destruction d’emplois dans les régions concernées. Et Heineken continue à s’enrichir en contribuant au renforcement d’un régime autoritaire soumis à l’impérialisme.

Pour aller plus loin : Olivier van Beemen, Heineken in Afrika, Pays-Bas, Prometheus, 2015 (non traduit).


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