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Le compte n'y est pas pour les hospitaliers

Retour du Ségur. Augmentations salariales dérisoires et toujours pas de plan à la hauteur

Après plus d’un an de pandémie, le gouvernement poursuit son Ségur de la santé, et octroie de nouvelles miettes aux soignants. Une nouvelle fois distinction est faite entre les « soignants » et le reste du personnel hospitalier. Une chose est sûre, ce n’est pas entre leur main que nous retrouverons un système de santé digne de ce nom. Une délégué syndicale du CHU de Bordeaux réagit au retour du Ségur.

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Une période catastrophique pour l’hôpital

Dès le début de la crise sanitaire, les hospitaliers ont exprimé une colère qui couvait depuis plusieurs années. Les mardis de la colère ont marqué le mois de juin, avec des manifestations pour une augmentation de 300€, de meilleures conditions de travail, l’arrêt de fermeture de lits de services et d’hôpitaux, un investissement dans le service public de la santé d’au moins 5% de l’ONDAM (objectif national des dépenses d’assurance maladie), le gouvernement nous a soi-disant entendus.
Nous ne demandions pas des applaudissements mais des conditions de travail digne du XXIème siècle et un salaire à la hauteur. Or, la mise en place du Ségur de la santé à l’été 2020, n’a pas été à la hauteur de nos revendications. Au contraire, ce Ségur conforte la loi de la transformation de la fonction publique d’août 2019 qui précarise de plus en plus le service public de la santé et n’aide en rien à plus d’embauche et moins de fermeture de lits.

Rappelons-nous, en pleine crise sanitaire le directeur général de l’ARS du Grand-Est annonçait publiquement de nouvelles fermeture de lits. Scandaleux, d’autant plus pendant une période où les soignants avaient plus que jamais besoin de plus de lits de réanimation pour accueillir et soigner dignement les malades du Covid. Ce n’est pas loin de 69000 lits d’hospitalisations complètes qui ont été supprimés ces 15 dernières années selon la Drees (direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques), alors qu’il est demandé pour les médecins et soignants d’augmenter leur capacité d’accueil des patients atteints du covid mais aussi d’autres pathologies. A chaque vague, les déprogrammations d’opération dites « non-urgente » reviennent, pourtant les hospitaliers le répètent, personne ne veut avoir à faire ces choix, imposés par la destruction de ce service public. Notre quotidien c’est de travailler constamment en sous effectifs, avec des sous-sols inondés et des fils électriques traînant dans les flaques, des chantiers externalisés, une externalisation de nos ASH, des nouveaux soignants et nouvelles soignantes qui au bout de quelques années souhaitent une reconversion professionnelle alors qu’ils/elles avaient choisi le métier par passion mais partent écœurés par le manque de moyens dans les hôpitaux. Pendant le premier confinement, les soignants ont dû travailler sans masques, sans sur-blouses (ou à usage unique lavées par le Service Blanchisserie) jusqu’à se protéger avec des sacs poubelles. Tous cela est la conséquence du mépris des dix dernières années de nos gouvernement successifs qui n’ont eu de cesse de baisser le financement des hôpitaux en laissant les conditions de travail des travailleurs et travailleuses de la santé se dégrader, quand nous sommes sous-payés et sans aucune possibilité d’évolution professionnelle pour les ouvriers et administratifs. C’est la politique que mènent nos dirigeants qu’ils soient de droite ou de gauche, accompagnés par nos directions syndicales.

Nouveau Ségur : ils continuent la casse à tout va

Un calendrier a été élaboré pour la mise en place des avancées de ce Ségur. La première mesure mise en place a été le complément de traitement indiciaire de 183€. Ce n’est pas une réelle augmentation de salaire mais une prime rajoutée au salaire, excluant par ailleurs plus de 40 000 travailleurs. A nouveau, nous apprenions mi-avril, par Veran, l’augmentation salariale pour trois corps de métier . Pour les plus de 500 000 soignants et médico techniques une augmentation est prévue dans le deuxième volet d’application du calendrier du Ségur. Soit 107€ net de plus en début carrière pour un infirmier de soins généraux, 152€ net après 5 ans de carrière et 353€ net pour la fin de carrière. Soit 45€ net pour un aide-soignant en début de carrière, 78€ net après 5 ans de carrière et 468€ net en fin de carrière pour tous ceux qui passeront en catégorie B.

Une faible avancée pour le personnel soignant au vu des années de gel de salaire, mais le Ségur laisse sur la touche toute la catégorie ouvrière et administratifs déjà fortement impactée avec la mise en place du PPCR (parcours promotionnel des carrières et rémunération) en 2017. Le gouvernement met en place une division entre agents dans une même entreprise, soignants et non soignants alors que nous sommes tous essentiels au bon fonctionnement de l’hôpital. Depuis plus de vingt ans, le capitalisme met à mal notre santé pour un seul et mot d’ordre, le pognon.
Nous avons besoin d’un véritable plan d’urgence sanitaire pour que les travailleurs et travailleuses de la santé ne soient pas soumis aux contaminations, à la surexploitation et aux manques de lits. Il faut une véritable augmentation de salaires pour toutes les catégories confondues, au niveau de 300€ minimum immédiatement avec le dégel du point d’indice et une vraie évolution professionnelle.

Un plan de création des salles de réanimation et des lits d’hospitalisation financé d’abord par le rétablissement de l’ISF et un impôt fort sur les grandes fortunes. Ainsi que des embauches pour le personnel soignant avec un plan de formation et d’embauche massif dans le secteur.

La santé n’est pas une variable d’ajustement pour faire « des économies », la vie des patients et des travailleurs valent plus que leurs profits. Seule la centralisation dans un système de santé publique dirigé par les travailleurs et les usagers et non par des technocrates au service des capitalistes, pourrait apporter des solutions aux problèmes d’infrastructure, de saturation, de surexploitation et de manque de personnel, et donner ainsi des soins de qualité à la population.


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