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Avec des militants des mobilisations, du mouvement social et politiques

Retour sur le meeting du NPA à la Bellevilloise : « Contre Macron et l’extrême droite, pour nos luttes »

Mercredi, près de 200 personnes étaient réunies à la Bellevilloise pour le meeting du NPA. Parmi les interve-nants, Olivier Besancenot pour le NPA, Aurélie Trouvé (Attac), Éric Beynel (Solidaires), Elsa Faucillon (PCF), Stathis Kouvelakis (philosophe), Éric Bezou (syndicaliste réprimé), Geoffroy de Lagasnerie (sociologue) ainsi que d’autres militants du mouvement social, politique, et des mobilisations.

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Dans le même temps, se tenait à la bourse du travail de Saint-Denis un tout autre meeting « contre la privatisation d’ADP » réunissant un spectre plus que « large » regroupant la FI, le PCF et les autres composantes de la gauche en « front commun » allié avec… la droite traditionnelle qui n’a eu cesse de privatiser les services publics, 30 années durant. Un meeting dénoncé par plusieurs des intervenants dont Olivier Besancenot pour le NPA : lutte contre la privatisation du service public « au nom de la souveraineté et des bijoux de famille, c’est non d’avance. »

Durant plusieurs heures, deux tables rondes sont revenus sur l’analyse de la situation sociale et politique, les quasiment 7 mois du mouvement des Gilets jaunes, ou encore pour ouvrir une discussion sur l’orientation à prendre pour être à même d’intervenir dans les processus de lutte futures.

Le bilan d’une année politique marquée par le mouvement des Gilets jaunes

La première table ronde entendait brosser le paysage des luttes qui agitent le pays, en forme de bilan de l’année politique écoulée. Le mouvement des Gilets jaunes est évidemment au centre la discussion. Pour Olivier Besancenot, il ouvre une « nouvelle séquence » de lutte de classe, fermant le cycle 1995-2016 où se sont multipliés les défaites sur fond de stratégie des journées « saute-mouton ». En s’appuyant sur Rosa Luxembourg pour souligner les explosions de luttes qui ne manqueront pas de survenir à nouveau, le porte-parole du NPA s’interroge à juste titre : comment ne pas être en retard sur ces luttes à venir ?

Stathis Kouvelakis poursuit en rappelant les caractéristiques du mouvement et ses contradictions. Si les Gilets jaunes, mouvement inédit par ses méthodes et son ampleur, nous présentent « la facture de nos défaites » il ne s’agit pas pour autant de minimiser les contradictions de cette mobilisation, telles que le refus de cibler le patronat. Des contradictions qui interrogent le rôle que doit jouer la gauche pour propo-ser des perspectives anticapitalistes. Si les Gilets jaunes ont bousculé le paysage politique, d’autres luttes témoignent d’une radicalité importante.

La possibilité d’une jonction avec le mouvement ouvrier ? L’exemple du pôle Saint-Lazare

Des luttes qui posent de façon aigüe la question de la convergence face à un pouvoir assis sur un « bloc social néo-libéral minoritaire » et qui tient par la répression, comme le note Stathis Kouvelakis. Dans cette perspective, Olivier Besancenot souligne le caractère exemplaire de l’initiative « volontariste » de l’Inter-Gare et du Comité Adama qui ont permis d’entraîner militants syndicaux et politiques dans les manifesta-tions des Gilets jaunes à partir du pôle Saint-Lazare.

En ce sens, il existe aussi des possibilités que la colère et la radicalité des Gilets jaunes irriguent le mouve-ment ouvrier traditionnel. C’est ce qu’explique Blandine, militante à l’AP-HP, qui revient ainsi sur le mou-vement qui secoue les Urgences, et sur l’importance de l’auto-organisation. Depuis plusieurs mois, les grévistes revendiquent une augmentation de salaire de 300€ pour l’ensemble des personnels des Urgences et tiennent tête à Agnès Buzyn.

La répression des Gilets jaunes a son pendant dans la répression syndicale

Cette expérience de jonction, Eric Bezou, syndicaliste SUD Rail réprimé par la direction de la SNCF, la raconte, lui qui a milité aux côtés des Gilets jaunes de Mantes-la-Jolie. Le cheminot souligne l’importance du mouvement et des convergences locales entre Gilets jaunes, syndicats et mouvements sociaux, tout en rappelant que les appels à une mobilisation d’ampleur des syndicats de la part des Gilets jaunes sont restés lettre morte tout au long du mouvement.

Il continue : « les Gilets jaunes, ils sont en apprentissage accéléré ». Au début, « il y avait une peur d’aller trop loin dans les demandes, mais tout est venue après l’envie de victoires sociales fondatrices », continue-t-il. Le problème pour Eric Bezou, c’est que « le frein n’est pas venu des Gilets jaunes, mais des syndicats, qui ont boudé ». Pour le militant, « il faudrait que le monde syndical réponde à ces appels des Gilets jaunes, quand ils ont lieu. »

Les bureaucraties syndicales et le mouvement des Gilets jaunes : un rôle ambigu vraiment ?

Durant les plusieurs heures de tables rondes, un débat n’a pas fait l’unanimité, celui du rôle des directions syndicales durant le mouvement, et plus généralement dans le bilan des défaites du dernier cycle de lutte des classes ponctué de défaite, notamment en 2016. Pour Eric Beynel de Solidaires, le problème n’est manifestement pas « les dates sautes moutons » puisqu’elles « n’ont pas empêché les Gilets jaunes de durer plusieurs mois », dédouanant les directions syndicales de toute responsabilité dans les défaites passées, quand bien l’expérience récente de la stratégie de la grève « saute-mouton » des cheminots a montré toute son inefficacité, un fait reconnu même par leur principal promoteur Laurent Brun.

Si Olivier Besancenot est revenu sur la stratégie délétère des journées « saute moutons » ou encore le refus des directions syndicales à se joindre au mouvement des Gilets jaunes au moment où la jonction pouvait s’opérer en Décembre notamment, ce ne serait pas tant par choix conscient (ne pas déstabiliser le régime alors qu’une jonction aurait pu ouvrir une brèche importante) que par difficulté à être prêt au « moment venu ». Ainsi, Olivier Besancenot a pris soin d’affirmer, lors de la deuxième table ronde, qu’il ne s’agit pas de revenir sur le rôle des bureaucraties syndicales dans le mouvement qui sont tout aussi responsables que les organisations politiques et le NPA compris, minorant ainsi la responsabilité centrale des directions syndicales durant le mouvement.

Gael Quirante est intervenu moyennant un autre point de vue concernant le rôle plus général des direc-tions syndicales pointant comme une question centrale la nécessite face à ceux qui veulent casser le fait que la lutte collective serve à quelque chose » pointant Macron et son bras armé la police, la nécessité de « combattre contre les directions syndicales » et le « dialogue social qui sert à enchainer ». « Comment on construit à la base, comment on s’autoorganise », continue-t-il.

« Coordination de la gauche qui lutte » : front dans l’action ou front social et politique ?

A plusieurs reprises dans le débat, Olivier Besancenot est revenu sur la nécessite de « raccorder le temps social et le temps politique ». Il s’agirait « de se défaire de toute vision linéaire de l’orientation et de la construction politique » ouvrant la discussion pour la constitution d’une « coordination permanente de la gauche qui lutte » parce qu’il y a « urgence » au regard du « champ de ruine » que constitue la gauche radicale. Pour affirmer cela, Olivier Besancenot pointe le bilan de l’ensemble du mouvement social et politique : « penser qu’on va pouvoir accumuler des forces autour de sa seule pensée politique, toute la gauche radicale s’y est tenté et s’est planté ».

Pour Olivier Besancenot, le temps est venu « des convergences et des alliances » tentant de susciter parmi les interlocuteurs de la salle des réponses pour l’heure peu concluante. En répondant plus ou moins à la proposition d’Olivier Besancenot, Aurelie Trouve (Attac) a rappelé que la « marée populaire » exprimait déjà ce type de cadre tout en précisant la nécessité d’ « un projet émancipateur de gauche ». De son côté, Elsa Faucillon (PCF) a botté en touche ne répondant que peu ou prou à la discussion ouverte. Cette espace de discussion permanent à un niveau national serait une des « modalités pour régler les problèmes ».

De son côté, Gael Quirante a affirmé que la discussion ne devrait pas se poser sur le terrain « de quel nom de quel regroupement et de quel forme », il s’agit de constituer mais de préciser « sur quelle base et pourquoi ? ». « On aura des discussions, en même temps qu’on combat » a-t-il continué. « Ce qu’on obtient, c’est inscrit dans aucun programme électoral », continue-t-il, ça s’appelle la grève générale, occupation et manifestation de masse, de grève qui bloque l’économie central pour changer de société ». « Le problème essentiel c’est de constituer un rapport de force », a-t-il insisté, pointant la nécessité d’un front dans l’action pour faire face aux multiples attaques du gouvernement.

Après plusieurs heures de discussions revenant sur les divergences d’appréciations, le meeting du NPA s’est terminé par l’habituel chant de l’internationale. Pour revoir un extrait du meeting :


  
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