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Affaire Darmanin

Retrait de plainte et nouveaux SMS : Mediapart révèle de nouveaux éléments sur l’affaire Darmanin

Mediapart révèle que le ministre a discrètement retiré sa plainte pour dénonciation calomnieuse contre une femme qui l'accusait d'abus de faiblesse, et que les SMS présentés par ses proches pour le dédouaner semblent montés de toute pièce. Une tentative pour étouffer l'affaire après sa nomination au poste de ministre de l'Intérieur ?

Irène Karalis

31 juillet 2020

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Le 13 février 2018, une habitante de Tourcoing attaque Gérald Darmanin pour “abus de faiblesse”, racontant comment ce dernier aurait promis d’appuyer sa demande de logement en échange de faveurs sexuelles, profitant de sa position d’élu à la mairie de Tourcoing. Un mois plus tard, en mars 2018, il porte plainte pour “dénonciation calomnieuse”, avant de discrètement la retirer en octobre 2018, soit à peine cinq mois plus tard, comme le rapporte Mediapart.
 
Cette affaire, classée, ressurgit alors quand Darmanin est nommé au ministère de l’Intérieur. Récemment, l’entourage du nouveau ministre a dévoilé des SMS qu’aurait envoyé la plaignante au ministre. Le premier SMS, lu à voix haute par un des avocats de l’accusé sur Europe 1, dirait : “Toutes mes félicitations, je vous souhaite toute la réussite dans ce grand poste qui vous mènera par la suite à la présidentielle”, faisant référence à sa nomination au ministère de l’Intérieur. Après ce premier message, la plaignante aurait envoyé d’autres messages : “Je trouve ça honteux qu’on puisse accuser à tort” ; “Et je vais rajouter vous êtes pas un violeur moi je sais ce que c’est un violeur en 2003 j’ai failli être violée je me suis échappée” ; “Pour moi, il n’y a pas abus de pouvoir ni de trafic d’influence”. Mais, ainsi que le remarque Mediapart, ces messages détonnent avec ceux qu’elle a pu envoyer au ministre par le passé : “dans tous ces SMS, la plaignante vouvoie Gérald Darmanin, alors que dans leurs échanges de 2017 et 2018, ils se tutoyaient mutuellement. Sur la forme, le style tranche avec l’écriture phonétique et les fautes d’orthographe de ses messages passés. Sur le fond, l’affirmation selon laquelle il n’y aurait “pas abus de pouvoir” est en contradiction totale avec ses déclarations tout au long de l’enquête.”
 
En effet, la plaignante n’est jamais revenue sur les accusations qu’elle a avait adressé en 2018, lorsqu’elle avait porté plainte contre Darmanin. Après avoir décidé de porter plainte contre l’actuel ministre pour “abus de faiblesse”, encouragée par la plainte pour “viol” déposée par Sophie Spatz-Patterson, elle racontait aux policiers : “Moi aussi, j’ai été abusée par M. Darmanin. C’était en 2016. [...] Je pense qu’il a abusé de moi, de ma faiblesse”. Elle raconte à Médiapart qu’alors à la recherche d’un emploi et d’un logement, elle s’est sentie forcée d’accéder à des requêtes sexuelles de la part de Darmanin, alors maire de Tourcoing pour faire avancer son dossier. Après avoir porté plainte, elle affirme ainsi : “Je n’aurais pas fait les fellations si je n’avais pas besoin d’un travail, ni d’un logement”, ajoutant “Ça restera l’histoire d’un homme de pouvoir et d’une femme en précarité !”
 
Fait malheureusement habituel, la procédure a été classée et Darmanin bénéficie de la présomption d’innocence. Étonnamment, comme le relève Mediapart, la plaignante ne s’est pas constituée partie civile et n’a pas contesté le classement sans suite. Y aurait-il eu un arrangement à l’amiable ? Le retrait de la plainte est-il un aveu de culpabilité de Darmanin ? Tant de questions légitimes qui n’ont pas empêché Macron de le nommer au ministère de l’Intérieur. Pourtant, selon Mediapart, l’enquête n’aurait duré que trois mois, et n’a même pas exploré certaines pistes. Ainsi, il n’y a eu aucune confrontation entre la plaignante et Darmanin, les bailleurs ayant reçu des courriers de l’actuel ministre de l’intérieur plaidant la cause de la plaignante n’ont pas été interrogés, et il n’a pas été jugé utile de désigner un juge d’instruction, indépendant du pouvoir exécutif, pour juger cette affaire concernant un membre du gouvernement, Darmanin étant à l’époque ministre des comptes publics.
 
La promotion au ministère de l’Intérieur d’un homme visé par une plainte pour viol, qui, par ailleurs, ne nie pas d’avoir eu des relations sexuelles avec deux femmes venues lui demander d’intervenir en leur faveur constitue une insulte pour les femmes victimes de violences et d’abus sexuels. Un tel ministre, qui ose affirmer s’étouffer quand il entend parler de “violences policières” et assimile les mobilisations anti-racistes et de la jeunesse à un “ensauvagement” de la société, reflète bien le gouvernement auquel il appartient, c’est-à-dire un gouvernement raciste qui est un véritable agent actif de l’oppression des femmes.


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