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« Tous ensemble »

Retraites. Macron radicalise sa réforme, construisons une grande grève générale !

Le gouvernement prend acte de l’échec de l’opération de déminage vis-à-vis du 5 décembre et repart à l’offensive. Il nous faut un plan de bataille à la hauteur si nous voulons vaincre.

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A l’aune d’un diner à l’Elysée mardi soir, Macron a semble-t-il tranché. Non seulement, la « clause du grand-père » ne semble plus qu’un lointain souvenir mais plus encore, il est désormais clair qu’il va falloir travailler plus pour obtenir une retraite à taux plein. Il revient ainsi, encore une fois de plus, sur une de ses promesses de campagne : finalement, les retraités proches qui comptaient prendre leur retraite dans les mois prochains devront travailler… quelques mois supplémentaires.

Si depuis quelques semaines, la fébrilité primait aussi bien du côté du gouvernement que du côté de l’exécutif, Macron s’est décidé du cap à prendre. Terminés donc les couacs au tour de la fameuse « clause du grand-père », « au boulot » a lancé le président à ses troupes. Comme un général prêt au combat, l’exécutif a tranché : pas de concessions sur le fond de la réforme, annulation des voyages en décembre, il faut partir au front, et le plus unis possible.

Et les troupes se sont exécutées. D’abord, Jean-Paul Delevoye, « père » de la réforme, est allé défendre de manière décidée une « réforme de Justice » ce mercredi matin sur France Info. Le même matin, Edouard Philippe est allé encore plus loin, s’appuyant sur le rapport commandé mi-septembre au COR : « nous allons travailler plus longtemps », a-t-il martelé sur France Inter.

Plus de clause « grand-père »…

Et si la mise à l’arrière-plan du plan B est à remarquer, c’est qu’il a été mis sur le devant de la scène par Macron lui-même. D’abord, le 28 octobre où il avait mis cette option au premier plan pour tenter de déminer la colère sociale avant la journée de mobilisation du 5 décembre. « Est-ce qu’on peut tout bousculer du jour au lendemain ? Non. C’est pour ça que je dis : il faut donner du temps à la transition », interviewé par RTL. Par la suite, Macron a recadré de manière brutale Jean-Paul Delevoye qui avait affirmé qu’appliquer la « clause grand-père » voudrait dire « que l’on renonce à la réforme ». Une fois le plan B réhabilité voici qu’il est replacé aux oubliettes.

Possiblement, l’évaluation du risque que cette « clause grand père » puisse être une étincelle qui embrase la jeunesse a pu faire partie des paramètres de l’équation. En effet, en n’appliquant la réforme qu’aux jeunes générations, c’est bien « le risque de sécession, économique et politique » des « jeunes » identifié par Macron qui pourrait s’exacerber comme en témoignent les nombreuses interpellations d’étudiant sur leurs conditions lors de son déplacement ce mercredi à Amiens.

Risque d’autant plus important que ce peut être la double peine en vue notamment des élections présidentielles. En effet comme l’affirme Pascal Canfin, Macron « sait qu’on ne peut pas gagner une présidentielle contre la jeunesse ». Un double calcul donc : d’un côté, le risque de mettre de l’huile sur le feu sur le mouvement étudiant naissant sur la question de la précarité, de l’autre, un calcul électoral en vue des présidentielles 2022.

…et la réforme va encore plus loin !

Ainsi, Macron joue le quitte ou double. Plutôt que de s’aliéner la jeunesse, il s’agit de jouer le programme maximum quitte à déplaire aux meilleurs défenseurs de la réforme comme Laurent Berger, leader de la CFDT qui au travers sa dernière interview au journal Les Echos a opposé une fin de non-recevoir : « Nous nous opposerons à toute mesure d’allongement de la durée du travail », a-t-il déclaré. Pour celui qui a incité le gouvernement à « sortir du bois », le voilà servi.

Allongement de la durée de cotisation, retour de l’« âge pivot », plusieurs scénarios sont sur la table. Ainsi, non seulement la « clause du grand-père » s’éloigne mais c’est sur le terrain budgétaire que compte s’aggraver la réforme « systémique » des retraites. Concrètement, à l’aune des résultats du COR, ce serait selon divers scénarios de 8 à 17 milliards d’euros à prendre dans les poches des actifs en 2025. Si le choix de la « mesure d’âge » ou « âge pivot » était choisie, cela signifierait, comme l’explique Libération que « pour obtenir une retraite à taux plein, il faudrait atteindre cette nouvelle borne ; ceux qui partent avant verraient leur pension amputée de quelques euros, ceux qui partent après auraient droit à un bonus ». Il romprait ainsi avec une promesse de campagne édictée le 13 mars 2017 sur TF1 : « Je ne modifie pas non plus les règles et pour les retraités, et pour nos concitoyens qui sont à cinq ans du départ à la retraite ». Dès lors, l’exécutif réhabilite donc le programme maximum qu’il avait amputé initialement pour raccrocher Laurent Berger dans son escarcelle.

Contre cette recherche permanente du « compromis », bien mal en point, avec un Macron qui a démontré plus d’une fois qu’il se situe du côté de la suppression de l’ISF et des plus riches, il s’agirait tout au contraire, pour les militants combatifs à la base d’exiger de la direction de la CFDT d’arrêter d’être les petites mains de Macron. Il s’agirait de rompre toute « négociation » et d’appeler au 5 décembre à manifester mais aussi à faire grève.

Face à la radicalisation de Macron ou l’échec du déminage

Ainsi, cette radicalisation de Macron marque, d’une certaine manière, l’échec de la tentative de déminage de la contestation du 5 décembre. Si Macron continue à tenter de désamorcer le mouvement très dur et déterminé des hospitaliers, moyennant toujours plus de miettes, il ne compte rien lâcher sur le fond de la réforme des retraites (ce qui n’exclut pas des ajustements ou des gestes pour les régimes spéciaux) pour éviter un effet boule de neige. Mais ce qu’il exprime aussi par-là, c’est la peur de la jonction du mouvement des hospitaliers, dont la popularité est très importante au sein de la population, avec la contestation plus générale contre la réforme des retraites, qui observe ces derniers jours, un enchaînement cumulatif des appels à la grève le 5 décembre parfois par des appels à la grève reconductible dans la fonction publique, comme dans l’éducation, les transports, notamment les transports routiers et aériens.

Le dernier en date est des plus significatif, même s’il s’inscrit dans une stratégie de pression pour obtenir des négociations, avec l’appel à la grève reconductible de la CFDT cheminot qui, sous pression de la base des cheminots, ou encore de l’ensemble des syndicats dont l’UNSA appelle à un 5 décembre illimitée en contradiction avec la centrale confédérale qui se refuse à appeler ne serait-ce qu’à la manifestation. « On ne peut pas se joindre à une initiative dont le mot d’ordre est le refus d’une réforme systémique et alors que les discussions sont toujours en cours », a tenté d’argumenter Laurent Berger, quelque peu en difficulté.

Construire une véritable grève générale

Si les appels à la grève reconductible et illimitée se multiplient, ils sont avant tout l’expression d’une colère grandissante à la base comme l’ont exprimé les « grèves sauvages » à la SNCF ou encore à la RATP le 13 septembre. Le fait que ces secteurs stratégiques aient eu, pour certains, l’occasion de s’échauffer en faisant changer la peur de camp avec des « grèves sauvages » offensives, obtenant même des victoires partielles, est un point d’appui central.

En effet, la reprise de la confiance en nos forces et le moral seront clés pour entamer le combat qui s’annonce. Et il donne aussi une idée du rapport de force qu’il pourrait construire s’il était coordonné pour frapper « tous ensemble » sur le même clou. Que des hospitaliers dont certains comme la CGT du CHU de Clermont Ferrand appellent à la grève « le 5 décembre pour le Retrait du projet de réforme des retraites » est un pas important qu’il s’agirait de généraliser à l’ensemble du secteur. En effet, si les hospitaliers seuls arrivent à arracher quelques miettes, l’effet n’en sera que démultiplié, si les forces se coagulaient pour non seulement gagner pour plus de moyens mais aussi contre la réforme des retraites qui touchera en premier lieu le secteur public.

Face à la radicalisation de Macron, qui affirme qu’il ira jusqu’au bout, il s’agit de construire une véritable grève générale, qui développe un système de revendication incluant la question des retraites, mais aussi celle de la précarité étudiante, contre la paupérisation de secteurs importants de la population qu’a exprimé le soulèvement des Gilets jaunes toujours mobilisés, et des quartiers populaires. L’ensemble de ces secteurs de notre classe, mais aussi des petits artisans qui font face à l’oppression du grand capital, auquel Macron a rendu de fiers services depuis le début de son quinquennat, avons tous un ennemi commun : l’offensive contre-révolutionnaire de Macron pour modifier en profondeur ce qu’il reste de l’Etat redistributeur pour un modèle à néolibéral jusqu’au bout.

Mais il n’y a pas d’automaticité. Si le niveau de combativité et de détermination est sans commune mesure, sur fond de « giletjaunisation » et de radicalité, il nous faut un plan de bataille sérieux sinon nous perdrons. Ce que cela signifie c’est que la grève doit rester dans les mains des grévistes, sous contrôle de la base, au travers des Assemblées Générales et des Assemblées interprofessionnelles, auxquels les syndicats doivent se subordonner, et que la CGT et les autres syndicats doivent appeler à une grève illimitée (ce ne sera pas avec une seule journée d’action aussi réussie soit-elle que nous pourrons vaincre) et qu’il faut préparer les états généraux de tous les militants combatifs, des étudiants, des hospitaliers, des Gilets jaunes pour vaincre Macron et son plan néolibéral et imposer notre propre issue.


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