×

« Pour faire cette réforme, il faut un capital politique »

Retraites : inquiet d’une explosion sociale, le MEDEF veut repousser la réforme d’un an

Le président du Medef veut une contre-réforme des retraites... mais exprime ses inquiétudes d'une situation propice à des mouvements sociaux, demandant de repousser la réforme après les Présidentielles.

Enora Lorita

9 juin 2021

Facebook Twitter

Crédits photo : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Ce mercredi 9 juin a été publiée dans le journal Les Échos une interview du président du Medef. Au sujet de la réforme des retraites, Geoffroy Roux de Bézieux a défendu en recul de l’âge de départ à 64 ans et une désindexation « temporaire » des pensions. Toutefois, il s’est opposé à ce que ce soit le gouvernement Macron qui s’en charge, exprimant des doutes quant à sa capacité politique à impulser une telle réforme.

« Je souhaite que l’on fasse une vraie réforme des retraites »

Interrogé sur le retour de la réforme des retraites à l’agenda de l’exécutif, le président du Medef a réaffirmé sa volonté de transformer en profondeur le régime, comme le gouvernement l’avait prévu à l’hiver 2019. Surtout, il exprime au micro des Échos le souhait d’aller encore plus loin que les velléités du gouvernement : « Je souhaite que l’on fasse une vraie réforme des retraites. Mais il ne suffira pas d’accélérer l’allongement de la durée de cotisation dans le cadre de la loi Tourraine. Il faut passer l’âge de départ à 64 ans et déplacer ce curseur d’âge de façon automatique en fonction du nombre de cotisants et de l’espérance de vie ». En d’autres termes, une telle mesure rendrait l’âge de départ à la retraite instable, et pourrait augmenter chaque année.

Plus encore, au micro de RMC ce même jour, Geoffroy Roux de Bézieux a envisagé une désindexation « temporaire » des pensions, c’est-à-dire une diminution directe sur le pouvoir d’achat des retraités dont les pensions ne seraient plus calculées en fonction de l’inflation. Une régression qu’il justifie par le fait que « ce sont les retraités qu’on a protégés durant la crise sanitaire », et que la roue doit à présent tourner.

Toutefois, le président du Medef ne s’est pas montré favorable à ce qu’une telle réforme soit mise en place par le gouvernement Macron, et recommande d’attendre plutôt la fin des présidentielles.

« Pour faire cette réforme, il faut un capital politique »

Malgré la volonté du Medef d’aller encore plus loin que le gouvernement sur le sujet des retraites, Geoffroy Roux de Bézieux a exprimé des doutes quant à la capacité du gouvernement Macron à opérer une telle réforme. Préconisant plutôt d’en faire un « débat de la présidentielle », le patron des patrons semble estimer que l’exécutif n’est pas à la hauteur. « Pour faire une telle réforme, il faut un capital politique » a-t-il en effet affirmé, sinon « les français n’y comprendront rien ».

La longue grève contre la réforme des retraites de l’hiver 2019-2020 reste indéniablement dans les esprits du patronat. Geoffroy Roux de Bézieux s’est montré conscient du caractère instable de la situation, et des potentiels rebonds de la lutte des classes à venir. Interrogé sur le climat social actuel dans les entreprises, ce dernier a affirmé : « les mouvements sociaux arrivent souvent à un moment où on ne s’y attend pas […] il y a une accumulation de souffrances et de frustrations individuelles ».

Ainsi, alors que le gouvernement Macron tente de mettre en avant un rebond de popularité, notamment autour du déconfinement, l’entretien de Geoffroy Roux de Bézieux aux Échos révèle au contraire la profondeur de la crise politique et des contradictions du gouvernement. Ce manque de confiance, de la part du président du plus gros syndical patronal, ne veut pas dire qu’en soi Macron ne pourrait mener une telle offensive contre la classe ouvrière, mais Roux de Bézieux entend installer le sujet dans le débat de la présidentielle pour que le prochain (ou prochaine) président, quel qu’il soit, applique immédiatement après son élection ladite contre-réforme et éviter le plus possible une explosion de résistance ouvrière.


Facebook Twitter
« Décivilisation ». Après « l'ensauvagement », le nouvel emprunt de Macron à l'extrême droite

« Décivilisation ». Après « l’ensauvagement », le nouvel emprunt de Macron à l’extrême droite

Pour les 10 ans de la mort de Clément Méric, « un week-end antifasciste de commémoration et de lutte »

Pour les 10 ans de la mort de Clément Méric, « un week-end antifasciste de commémoration et de lutte »

413 milliards pour l'armée : vers un réarmement historique accepté par toutes les forces du RN à LFI

413 milliards pour l’armée : vers un réarmement historique accepté par toutes les forces du RN à LFI

Retraites. La Macronie toujours plus ingénieuse pour empêcher le vote du 8 juin

Retraites. La Macronie toujours plus ingénieuse pour empêcher le vote du 8 juin

Limitation du droit du sol, suppression de l'AME… LR joue la surenchère xénophobe avec Macron

Limitation du droit du sol, suppression de l’AME… LR joue la surenchère xénophobe avec Macron

L'Etat veut faciliter l'espionnage des appareils électroniques pendant les enquêtes

L’Etat veut faciliter l’espionnage des appareils électroniques pendant les enquêtes

Article 40 : un nouveau levier anti-démocratique pour un nouveau passage en force sur les retraites

Article 40 : un nouveau levier anti-démocratique pour un nouveau passage en force sur les retraites

A Toulouse, la mairie pro-Macron menace la CGT de reprendre la main sur la Bourse du Travail

A Toulouse, la mairie pro-Macron menace la CGT de reprendre la main sur la Bourse du Travail