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­La peur a failli changer de camp

Rétrospective 2016. Le « joli mai » de la classe ouvrière contre la Loi travail

Raffineurs, dockers, routiers, cheminots, électriciens, tous en grève reconductible. Quand la classe ouvrière montrait qu’elle est encore capable de paralyser le pays.

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Deux mois après la première manifestation contre la Loi travail, le climat de contestation ne faiblit pas. Le Congrès de la CGT devient le scénario de discours enflammés qui réclament une attitude plus déterminée à la direction de Philippe Martinez. Parallèlement, la pression monte aussi chez les cheminots contre le décret socle et le 10 mai ils sont 20 000 à manifester à Paris.

Le 49.3 jette de l’huile sur le feu


Mais c’est l’usage du 49.3 lors du passage de la Loi travail à l’Assemblée qui va faire office d’étincelle à la vague montante de grèves ouvrière qui va suivre. Dès le lendemain, la CGT appelle à la grève reconductible dans les raffineries à partir du 17 mai. Très peu de temps après, c’est au tour des routiers de rentrer dans la danse, puis à la CGT pétrole d’annoncer la grève reconductible de tout le secteur (raffineries, dépôts, pétrochimie, stations aéroportuaires) et l’arrêt de toutes les installations. La région Ouest est surement à la pointe de la mobilisation et dès le 17 mai se trouve paralysée par les grèves et blocages de raffineurs, routiers et dockers.

La vague monte


Ce réchauffement du climat social impacte aussi les cheminots, qui, malgré la levée du préavis de grève reconductible à partir du 17 par la CGT, décident de se mettre en grève dans certaines gares comme Austerlitz et Paris Nord.

Le 19 mai la montée de grèves gagne sa propre capitale nationale, le Havre, où les travailleurs se lancent sur trois jours consécutifs de blocage économique jour et nuit. Reynald Kubecki, secrétaire générale de l’Union Locale CGT décrivait ainsi la situation : « Plusieurs boîtes se sont mises en grève, toute la zone industrielle est bloquée : dockers, ouvriers de la chimie et de la métallurgie, fonction publique, territoriaux, au Havre mais également à Gonfreville et Harfleur, le terminal pétrolier de la Compagnie Industrielle Maritime (CIM) était lui-aussi bloqué. » Au total, 26 piquets avaient été recensés par la Préfecture de la Seine-Maritime.

La force de la classe


En à peine une semaine la classe ouvrière avait déjà fait une belle démonstration de sa force. Près de 3000 station-services se trouvent déjà sans carburants et pourtant, le soutien de la population au mouvement de grèves ne faiblit pas. On sent comme un air d’hiver (95) au beau milieu du printemps.

Le mouvement de grèves reconductibles durera jusqu’à la fin du mois avec encore 7 raffineries sur 8 en grève et aura des répercussions dans de nombreux secteurs. C’est ainsi que le 26 mai, le site de PSA à Mulhouse verra le plus fort arrêt de travail depuis 1989, avec environ 1000 ouvriers en grève qui défilent dans les ateliers et s’organisent en assemblée générale contre l’accord de compétitivité imposé par la direction et la Loi travail. Ou encore les électriciens qui ont reproduit leurs célèbres actions « Robin des bois » et on fait gagner un million d’euros aux usagers en les faisant passer en heures creuses.

Une dynamique vers la généralisation de la grève avortée


Tous les ingrédients d’un mouvement d’ensemble, d’une grève générale capable d’imposer le retrait de la Loi travail semblaient réunis. La classe ouvrière avait montré que, loin d’être « morte », comme voulaient (faire) croire les idéologues du grand patronat, elle gardait une énorme force de frappe et la capacité d’arrêter le pays. Elle avait aussi fait preuve d’une grande détermination et d’une conscience de la nécessité d’un mouvement de grève interprofessionnelle reconductible.

Et pourtant nous n’avons pas gagné. Faute de perspective de généralisation de la grève, les différents secteurs reprendront un à un le travail au point où la plus grosse journée de mobilisation, celle du 14 juin, avec une manifestation nationale ayant réuni plusieurs centaines de milliers de travailleurs et de jeunes à Paris, se fera sans que quasiment plus aucune grève reconductible ne soit en cours. Mais cela, c’est le thème du prochain article de cette série Rétrospective 2016.


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