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Risque climatique, industriel et casse sociale. Ouverture du procès des raffineurs de Grandpuits contre Total

Dans le prolongement de la grève de 45 jours débutée le 4 janvier 2020, lundi 30 août aura lieu le procès qui oppose Total aux salariés de la raffinerie de Grandpuits. A cette occasion, la lutte contre le projet de reconversion de la raffinerie en une vitrine de la politique de Greenwashing de la multinationale se poursuit au tribunal administratif de Melun.

Louison Méry

25 août 2021

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Crédit photo : O Phil des Contrastes

Après la validation de la DIRECCTE, la contestation du PSE et de la réorganisation prévue par la direction

Il y a maintenant plusieurs mois, la CGT Grandpuits, le comité social et économique de l’établissement ainsi que le comité social et économique central de Total ont déposé une requête contre la décision de la DIRECCTE qui homologue le PSE impliquant 700 suppressions d’emplois. Habile, la direction s’est toujours appuyée sur le fait qu’elle ne procéderait pas à des licenciements mais se contenterait de départs à la retraite anticipés et de mutations. C’est sur cette base qu’une partie des organisations syndicales a signé un accord qui entérine le projet de réorganisation. Mais en réalité, il ne s’agit pas que d’une question quantitative : la « nouvelle usine » qui prévoit de fonctionner avec 250 postes est synonyme de chômage pour la région, de surcharge de travail pour les ouvriers mais aussi de grandes inquiétudes en termes de sécurité sur le site et pour l’environnement.

Très concrètement, Savine Bernard, avocate de la CGT et des CSE nous expliquait il y a quelques mois : « Le projet de reconversion consiste dans le remplacement de la raffinerie par la mise en place de trois nouvelles usines : une usine de bio plastique, une usine de biocarburant et une usine de recyclage de plastique. Autrement dit, la concentration de nouvelles activités, qui utilisent de nouveaux produits, inspirés d’usines situées en Thaïlande, à Marseille et à Séville. Il s’agit d’activités aujourd’hui plus rentables que le raffinage que Total préfère délocaliser à l’étranger, dans des pays aux normes sociales et environnementales moins développées. Dans ce contexte, Total a beaucoup communiqué pour se faire passer pour une entreprise responsable et ne pas donner l’image de l’usine qui ferme en mettant la clé sous la porte. La Direction a donc pensé un projet sur le long terme, enrobé d’arguments prétendument écologiques. »

Ensemble, refuser l’instrumentalisation écologique d’un projet anti-social

Aussi, il est clair que le projet de Total vise à justifier une casse sociale colossale en instrumentalisant la cause écologique. C’est la raison pour laquelle les organisations de lutte pour le climat, telles que Greenpeace ou les amis de la terre se sont battues depuis le début aux côtés des grévistes pour dénoncer cette imposture. Cette alliance est d’ailleurs inédite et porte en elle un acquis pour l’avenir : la transition écologique doit se faire avec les travailleurs qui non seulement connaissent leur métier mais ont intérêt, plus que personne, à contrôler les modalités de production à l’œuvre sur un site SEVESO. Ce sont leurs enfants qui nagent dans les rivières de la région.

C’est donc côte à côte que les travailleurs et différentes organisations écologistes se préparent à contester le PSE. Au cœur de l’argumentation, on retrouve une idée forte : des indemnités de départ ne peuvent être mises en balance avec la sécurité des salariés amenés à rester sur le site.

Or, en l’état, le projet « Galaxie » de Total est loin d’être abouti. Rien n’est prévu concernant les modalités d’évacuation des nouveaux déchets, pas de plan d’opérations internes (document qui prévoit les scenarios d’intervention en cas d’accident), pas de fiches « produits » détaillant les caractéristiques de ceux qui sont dangereux. Dans le même sens, la direction a même cherché à faire des économies en supprimant des postes de l’équipe d’intervention qui regroupe des pompiers spécialisés, formés à intervenir en cas d’urgence pour éteindre un feu ou endiguer une fuite dangereuse. En d’autres termes, Total prend le risque de mettre en place une véritable poudrière digne d’un Lubrizol pour majorer ses profits.

C’est la raison pour laquelle dans ces conditions il est évident que supprimer des postes met en danger la sécurité du site et augmente le risque d’accident industriel et de catastrophe écologique.

Alors que les catastrophes climatiques s’enchaînent, l’urgence est à la mobilisation

Ainsi, le 30 août, c’est sur cette base et en réclamant des embauches que le CSE, au sein duquel la CGT est majoritaire, accompagné de leur avocate Savine Bernard, vont contester le PSE devant le tribunal administratif de Melun.

Mais c’est surtout l’occasion de solliciter le soutien de l’ensemble de la population et de raviver la mobilisation solide construite cet hiver. Alors que les catastrophes climatiques se succèdent, il est plus que jamais temps d’affirmer que le patronat des entreprises polluantes telles que Total est le principal responsable de la destruction de la planète. Leur logique mortifère, qui consiste à accumuler toujours plus de profit détruit les vies des salariés mais aussi porte en elle la volonté d’épuiser les ressources de la planète et de provoquer les désastres que nous constatons. Le procès du 30 août n’est pas seulement le procès de l’usine de Grandpuits : il doit permettre de s’attaquer à la multinationale et à tout ce qu’elle représente. Ensemble, c’est par la mobilisation que nous la ferons reculer.

En ce sens, une conférence de presse est appelée devant le tribunal administratif de Melun, le lundi 30 août à 9h


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