La prochaine action du Royal College of Nurses – principal syndicat d’infirmières britannique – devait être une grève de 48h prévue pour le 1er mars. Ces deux jours de grève n’auront pas lieu. Sans même obtenir d’offre précise du gouvernement, Pat Cullen, principale dirigeante et figure du RCN, a accepté de mettre un coup d’arrêt au mouvement de grève pour « négocier intensivement » avec un gouvernement se revendiquant ouvertement de l’héritage de Margaret Thatcher. Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak a également convié les syndicats enseignants à des pourparlers, à condition que ceux-ci annulent les journées de grèves et actions de mobilisations futures.
Une rencontre est prévue ce mercredi 22 février entre le syndicat infirmier et le ministre de la santé Steve Barclay, afin de négocier une revalorisation de salaire de l’ordre de 3,5% aux infirmières, chiffre très largement en deçà des chiffres de l’inflation au Royaume-Uni qui atteignaient 10,1% en janvier. Dans une déclaration commune, le gouvernement et la direction du RCN ont déclaré vouloir trouver des « solutions raisonnables » et concentrer les négociations sur les salaires, ainsi que sur de potentielles « réformes pour améliorer les conditions de travail »
Les travailleuses et travailleurs du NHS (National Health Service) sont en première ligne des attaques menées par les gouvernements britanniques conservateurs successifs, dont l’objectif de fond est de privatiser le système social de santé. La crise de la santé publique a atteint un pic l’hiver dernier, avec notamment des temps d’attente dans les hôpitaux causant de nombreux morts dans des ambulances, faute de pouvoir faire admettre les patients
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Début février, le secteur de la santé publique avait fait date en organisant la grève la plus importante de son histoire. Jusqu’alors, les infirmières et les ambulanciers avaient cherché à unifier leurs forces, les deux corps de métier ayant tous deux vu leur mobilisation la plus importante depuis la création du NHS il y a 75 ans. Peu avant, en décembre, le seul secteur des infirmières avait lui aussi battu son propre record historique de mobilisation
Sur les piquets de grève, des infirmières dont c’était la première grève avaient exprimé leur détermination nouvelle à combattre jusqu’à arracher des conditions de vie dignes au gouvernement : « Nous avons enfin le sentiment d’avoir une voix. Nous avons souvent ressenti la même chose, mais maintenant nous sommes réunis pour faire quelque chose. Nous sommes en grève parce que nous voulons sauver le NHS à long terme. Les gens ne meurent pas parce que nous sommes en grève. Nous sommes en grève parce qu’ils sont en train de mourir ».
L’annonce de ces pourparlers suscite de la colère parmi les travailleuses et travailleurs mobilisés. Un membre du RCN a par exemple déclaré : « Cela me semble très antidémocratique. On ne peut pas faire confiance aux Tories [Parti conservateur]. Leur attitude au cours des 13 dernières années en est la preuve. Je pense que la décision du RCN de suspendre les grèves est naïve. » Un travailleur du NHS va dans le même sens : « C’est un aveu de faiblesse de suspendre les grèves maintenant. Nous devons poursuivre les grèves au moins jusqu’à ce que nous recevions une offre. Le gouvernement fait exprès de retarder et de perturber notre action ».
Alors que des secteurs des travailleurs du NHS planifiaient d’intensifier la lutte, l’annonce de la bureaucratie du RCN représente une véritable trahison vis-à-vis d’un mouvement social en première ligne contre les réformes ultralibérales du gouvernement Sunak, qui cherche à démanteler ce qui reste de services publics au Royaume-Uni avant sa défaite annoncée aux prochaines élections générales. Cette trahison du RCN représente un énième exemple de la nécessité d’organiser les mouvements de lutte depuis la base, dans des instances auto-organisées où les travailleuses et travailleurs peuvent décider par eux-mêmes des suites à donner à leur mouvement, afin de ne pas laisser aux bureaucraties syndicales le pouvoir de décider unilatéralement de négociations perdues d’avance avec un gouvernement aussi hostile que celui de Rishi Sunak.
