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Ce lundi de lendemain de Noël, ou « boxing day », les cheminots étaient massivement en grève au Royaume-Uni dans le cadre d’un mouvement pour les salaires paralysant le trafic ferroviaire du 24 au 27 décembre. D’après The Independent, « tous les trains [étaie]nt annulés du fait de la grève » en ce 26 décembre.
Le réseau ferroviaire britannique, géré par la société privée Network Rail, était donc fermé aujourd’hui pour la deuxième journée consécutive, les derniers trains étant partis, pour les principales lignes, le 24 décembre, jour du réveillon. Ce lundi, les dessertes d’aéroports (Stansted Express, Heathrow Express…), en général très utilisées après Noël, étaient également fermées.
Au mois de novembre, plus de 40 000 membres du syndicat national Rail, Maritime and Transport Workers (RMT), avaient voté la grève chez Network Rail et dans 14 entreprises privées du rail. Un mouvement organisé en quatre sessions de 48 heures au cours de décembre et janvier qui s’est maintenu malgré la tentative du patronat d’éviter la mobilisation en proposant des miettes.
Début décembre, le syndicat RMT avait en effet refusé l’offre faite par les entreprises ferroviaires du Rail Delivery Group (RDG) face à la menace de grèves au moment des fêtes. De fait, celles-ci ne proposent à l’heure actuelle qu’une augmentation de salaire limitée à 4% cette année, et 4% l’année suivante, soit très en dessous de l’inflation, accompagnée d’attaques sur leurs conditions de travail. Une proposition acceptée en revanche par les syndicats TSSA et Unite.
Les revendications des travailleurs du rail au Royaume-Uni portent sur les salaires, mais aussi plus largement sur les conséquences de la dislocation du rail anglais et la casse de leurs conditions de travail. Interrogée par Socialist Worker, une cheminote explique : « Notre emploi à tous est menacé, ils comptent licencier dans tellement de secteurs. Cette grève est aussi à propos de l’embauche, de la sécurité de l’emploi, de la sécurité – pas seulement à propos des salaires. La réduction du nombre de personnel est un enjeu de sécurité central pour les passagers comme les travailleurs ». Un cheminot de Birmingham témoigne : « Ces grèves montrent que nous refusons de payer la crise ».
Avec 250 000 trains annulés ou affectés par la grève entre le 22 décembre et le 8 janvier, cette mobilisation des travailleurs du rail serait selon The Independent, la grève la plus importante depuis les années 1980. De fait, la mobilisation des cheminots s’inscrit dans une vague de grèves historique qui secoue le Royaume-Unis, dans le secteur privé comme public, appelé « hiver du mécontentement ».
Face à l’inflation et à la casse du système de santé, les infirmières et personnels hospitaliers (National Health Service) ont ainsi entamé une grève massive pour les salaires, avec deux premières dates le 15 et le 20 décembre. Les ambulanciers se sont eux aussi mobilisés le 21 décembre, avec une prochaine date le 28. Avec eux, ce sont aussi les postiers, qui étaient 115.000 à être mobilisés la veille de Noël, tandis que les enseignants, conducteurs de bus, travailleurs des autoroutes doivent se mobiliser ces prochaines semaines au Royaume-Uni.
Le niveau de mobilisation en cours – tel que le premier ministre Rishi Sunak a d’ores et déjà évoqué de nouvelles lois pour limiter le droit de grève et parlé de mobiliser l’armée – fait planer sur le Royaume-Uni le spectre d’une grève générale, que n’a pas connu le pays depuis 1926. Pourtant, l’ensemble des nombreux secteurs se mobilisent lors de dates séparées. Ainsi, au sein même du secteur du rail, les travailleurs et travailleuses du nettoyage du rail prévoyaient de se mobiliser les 22, 23 et 31 décembre, quand les cheminots eux étaient en grève du 24 au 27.
Alors que la colère sociale explose au Royaume-Uni, cette division des dates organisée par les centrales syndicales, est un facteur d’affaiblissement central du mouvement. Alors que de nombreux secteurs de la classe ouvrière montrent l’étendue de leur détermination à combattre le patronat et le gouvernement anglais, les directions syndicales empêchent la formation d’un mouvement d’ensemble. Contre le morcellement des dates et des secteurs, pour donner au mouvement en cours une chance de l’emporter, un plan de bataille unitaire et à la hauteur du rapport de force sera essentiel dans les semaines et mois à venir.
