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Nouvel arrivant à la SNCF

SNCF : de Pepy à Farandou, la continuité dans le dénigrement des cheminots... En pire ?

Le nouveau président de la SNCF, Jean-Pierre FARANDOU a passé 38 ans dans l’entreprise, mais n’allez pas croire que c’est un cheminot pour autant ! Après un passage dans les filiales pour mieux maîtriser la gestion privée du personnel, son arrivée à la tête du groupe marque un tournant encore plus libéral. Il lui faut marquer la rupture avec son prédécesseur, mais une ligne directrice restera : le dénigrement systématique des cheminots. Car pour pouvoir « réformer » l'entreprise (en Français : la détruire et la dépecer pour mieux la privatiser), il lui faut mettre l'opinion publique de son coté et quoi de mieux pour cela que de dénoncer ces « privilégiés » de cheminots...

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Une présidence peu convoitée, mais sensible tout de même

La présidence de la SNCF n’a jamais été de celles pour lesquelles on se bat, car accompagnée d’un prestige éblouissant, ou d’un salaire faramineux, et/ou d’avantages hors normes (comme la FDJ, ou autres niches juteuses de la République). Non, la SNCF c’est un peu trop technique et casse-gueule pour les « grands commis d’Etat » qui ne pensent qu’aux bénéfices de la charge.

Le salaire du PDG a longtemps été bien en deçà des salaires du même type de poste (Air France, la RATP, la Poste, etc…) avec 15 000€/mois dans les années 2000 encore (sans compter quelques « menus » avantages, cela va sans dire). Mais c’est avec Guillaume Pepy surtout que la rémunération est devenue bien plus attrayante et s’est rapprochée de celles des autres entreprises du même type, avec un niveau annoncé de 400 000€/an et des avantages plus consistants...

Il est vrai qu’après avoir été Président de Transilien (le trafic banlieue), M. FARANDOU est parti dans les filiales pour mieux maîtriser les techniques « modernes » de management : Avec des annonces concoctées dans les méandres de la macronie pure et dure et censées marquer la rupture avec la période Pepy, qui ne présagent rien de bon pour les vrais cheminots, voilà Jean-Pierre FARANDOU : « on a devant nous un plan de productivité à un niveau peut-être jamais fait » (les Echos, 2 oct. 2019). Dans une entreprise où une situation semblable, voire pire, qu’à France Télécom n’est plus niée par personne et où la colère gronde de partout !
Pour les pseudo-éditorialistes des chaînes de télé orientées ultra-libéral qui se posent la question : « mais le nouveau président n’est-il pas un peu plus social ??? »... renseignez-vous dans les gares...

Une seule constante : la calomnie !

 

Mais il est une constante, quel que soit le président, qui date de bien avant, puisque le gouvernement Juppé l’utilisait déjà en 1995 pour la fameuse grève victorieuse, c’est la médisance, le non-dit, le mensonge, voire la calomnie pure et simple à l’encontre des cheminots.

Nous cheminots, l’avons vécu à chaque conflit, en 95, mais plus récemment en 2016, et dernièrement en 2018 pour la bataille du rail.

Nous serions des privilégiés du fait du statut ?

C’est bien évidemment passer sous silence les désavantages du statut, avec une mobilité étendue à l’ensemble du territoire français par exemple. Mais plus parlant, des salaires d’embauche inférieurs au SMIC (même avec le bac !) par dérogation au code du travail ! Également, autre dérogation, le droit commun (le code du travail) prévoit que l’on ne peut pas gagner moins pendant ses vacances que pendant les mois travaillés, avec la règle du 1/10ème qui permet même à un grand nombre de salariés de gagner plus pendant les congés que pendant le reste de l’année. Ce n’est pas le cas pour les cheminots dont la rémunération est composée pour environ 1/3 de primes qu’ils ne touchent pas pendant leurs congés.

Mais alors pourquoi nous accrochons-nous à ce fameux statut direz-vous ?
Il n’a évidemment pas que des désavantages, comme la retraite à 55 ans à l’origine, une compensation pour les contraintes de service public (travail 7/7, 24h/24), mais le principal : l’emploi à vie, pas de licenciement économique, ni de licenciement pour inaptitude.

Est-ce un réel privilège ? En réalité non, si c’est un avantage pour les cheminots qui ont décidé par choix de rentrer dans une entreprise garantissant un emploi à vie, mais avec de faibles salaires, c’est surtout un avantage pour l’entreprise qui dépense des milliards d’euros pour former correctement son personnel en interne (évidemment, économies obligent, ça risque de changer bientôt) puisqu’il n’existe pas d’école privée ou publique du ferroviaire !

Le milieu ferroviaire est un milieu spécifique et fermé et les cheminots représentent plusieurs milliards d’euros de formation (près de 2 milliards pour les conducteurs par exemple, près d’une dizaine, voire plus, pour la totalité des métiers certainement). C’est donc une richesse pour l’entreprise et le but du statut, à l’origine, est d’assurer des conditions sociales favorables malgré les faibles salaires (beaucoup d’instances sont paritaires avec les organisations syndicales) pour fidéliser les cheminots et GARDER CETTE RICHESSE DANS L’ENTREPRISE !

Le coût estimé à 10 millions d’€ par an du statut (8% plus cher qu’ailleurs en Europe semble-t-il) est donc à rapprocher des milliards dépensés et formations qui partiraient en fumée, ou à la concurrence, sans ce statut (soit 0,1% si on retient le chiffre plausible de 10 milliards), ou, tant qu’on est dans les chiffres absurdes, à comparer aux 50 milliards de dette contractés à la demande de l’état pour le TGV. Ce qui ne représente donc que 0,02% de la dette qui serait remboursée en 5000 ans par la suppression du statut...

Des campagnes de dénigrement qui vont crescendo

Depuis 95 au moins, les régimes spéciaux sont montrés du doigt par les différents gouvernements qui semblent, en façade, si soucieux de système de sauver le système de retraite qu’ils ont eux-mêmes fragilisé en privilégiant les bas salaires notamment.

Aujourd’hui, avec Macron, plus de retenue et des pseudos expert de BFM parlent du régime des cheminots comme « le symbole de l’inégalité » !!! La médecine moderne reconnaît pourtant que les horaires décalés engendrent un manque de sommeil provoquant cancers, diabète, obésité et maladies cardiovasculaires avec une espérance de vie réduite de 10 ans.

N’oublions pas qu’il s’agit de CONTRAINTES de service public. Quand une entreprise privée fonctionne H24, c’est un choix de production ou un choix commercial.
Et le calcul de la pension sur les 6 derniers mois de salaire ne fait que compenser la faiblesse des salaires sur l’ensemble de la carrière d’après les études.
Mais ceux qui se lâchent le plus dans la période, sont les dirigeants de la SNCF. Guillaume PEPY, soutenu par le 1er ministre qualifie le droit de retrait d’illégal, les cheminots sont donc hors la loi (ce n’est pas l’avis de l’inspection du travail). Pendant que le nouveau PDG, par ses déclarations sur la productivité, nous fait passer pour des fainéants !!! Et quand Guillaume PEPY intervient à nouveau, c’est pour préciser que la SNCF ne paie jamais les jours de grève (prétendument demandé par les grévistes de Chatillon), alors que cela fait des années que la rumeur coure sur internet que les grèves sont payées, sans qu’aucun dirigeant ne s’offusque et ne démente.

Des calomnies qui ne sont pas sans conséquences

Mais ce n’est rien à coté des déclarations de Jean-Pierre FARANDOU en janvier 2009, qui estime que les conducteurs n’aiment pas leur métier et ne travaillent qu’un jour sur deux en moyenne.

Pour ceux qui se demandent comment est le nouveau patron de la SNCF, on sait déjà qu’il déteste les cheminots.

Suite à cette déclaration, un conducteur était agressé et l’ensemble des conducteurs de Saint-Lazare cessait le travail immédiatement, obligeant le préfet à prendre une décision historique : la fermeture de la gare Saint-Lazare le 13 janvier 2009 !!!

Merci M. FARANDOU, nouveau patron de la SNCF !

De la même façon, on le constate dans les sondages, il semble évident qu’une partie de la population est sensible à ces campagnes de calomnies et que les cheminots sont regardés différemment quand des membres du gouvernement et leur propre direction médisent sur eux à longueur de temps.

Il est indéniable que ces campagnes ne sont pas de nature à inspirer le respect des cheminots et il n’y a qu’un pas pour penser qu’elles provoquent des agressions, comme, par exemple, dernièrement à Besançon le 24 octobre dernier ou un chef d’escale a été passé à tabac. 

Comment ne pas penser que les annonces sonores officielles de l’entreprise, passées en boucle à longueur de journée en gare et désignant comme « grève surprise » le droit de retrait, ne sont pour rien dans les comportements violents à l’encontre des agents SNCF ?

Jamais une population de travailleurs n’aura subi un tel dénigrement, récurrent, systématique, sur une telle durée, par le pouvoir, que les cheminots.
Guillaume PEPY tente même de nous faire passer pour des SALAUDS !!! En déclarant que les grévistes de Châtillon s’attaquent aux pauvres et sont responsables de la suppression des Ouigo alors que les conducteurs ont été réaffectés sur des trains qui rapportent plus à l’entreprise... Pas très honnête ça...

Mais les dégâts existent aussi en interne : comment un encadrant de terrain pourrait-il garder de la considération pour ses agents, quand le nouveau PDG, dans sa communication estime encore aujourd’hui qu’une partie des agents de conduite ne devaient pas exercer leur droit de retrait car ils ne conduisaient pas le matériel impliqué dans l’accident de passage à niveau du 16 octobre !!!

Ce nouveau président qui se prétend cheminot ne semble pas savoir que d’autres trains circulent sur les voies qui pourraient rentrer en collision avec une rame incriminée arrêtée à cause d’un accident !!!

De la même façon, dans son interview du week-end, M. FARANDOU rappelle le respect de la loi, donc fustige les grévistes de Chatillon, partis en grève spontanée à cause des attaques de la direction.

Dans une entreprise qui a cultivé le clivage entre l’encadrement et l’exécution, où les SCOT (Souffrances Causées par l’Organisation du Travail) sont bien établies, notamment par un management agressif, basé sur la répression, pour faire passer en force la transformation de l’entreprise, il est extrêmement dangereux de montrer un tel exemple venu du plus haut de la hiérarchie et qui ne peut qu’accentuer le mépris de l’encadrement pour des agents d’exécutions déjà au bord de la rupture.

Et ce nouveau pédégé annonce vouloir renouer avec le dialogue social ? On comprend mieux pourquoi Macron l’a désigné, les méthodes sont les mêmes, des annonces de pure forme et des postures de comm, alors que les actes sont l’exact opposé 

En résumé, derrière les grandes phrases et les déclarations de la direction comme du gouvernement, force est de constater que la politique menée est constitutive d’une mise en danger. Une mise en danger des voyageurs (on l’a vu après l’accident du 16 octobre) et une mise en danger des agents jetés en pâture à la vindicte populaire comme responsables de tous les maux...


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