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Arnaque patronale

Sabena Technics. Quand le PDG présentait la majoration des heures supp’ comme un avantage de l’entreprise

Depuis jeudi, 100 % des ouvriers Sabena Technics à Cornebarrieu sont en grève. Et des raisons de se mettre en grève, il y en a ! C’est peut-être le PDG qui en parle le mieux, lorsqu’il présentait la majoration des heures supp’ et de nuit comme un "avantage" de l’entreprise !

Joël Malo

7 octobre 2022

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Fin 2021, pour faire face à la reprise dans l’aéro, Sabena Technics organisait une opération de recrutement « 1 RDV = 1 CDI ». La com’ du groupe nous présente des recruteurs heureux, une file avec de nombreux salariés intéressés à rejoindre l’entreprise.

Pourtant quelques mois plus tard, les salariés de Cornebarrieu sont tous en grève ! Intérimaires et CDD compris ! Sur le piquet, les grévistes ont affiché un message à leur direction : 1 RDV = 1 grève !

« Visiblement, c’est la boîte où personne ne veut rester. Et ça c’est un signe qui ne pardonne pas, là où il y a un tel turn-over, c’est que les conditions de travail doivent être vraiment dégueulasses. L’un des grévistes comparait son usine à un McDo, c’est dire. » témoigne un militant ouvrier de Révolution Permanente venu soutenir les grévistes lors de ce premier jour de grève.

L’entreprise se vantait d’un recrutement simple et rapide, vantait toutes les chances qu’il pouvait y avoir de travailler à Sabena Technics. Mais le vent a tourné et les salariés ont relevé la tête face à leurs salaires de misère et aux conditions de travail.

Car des raisons de se révolter à Sabena Technics, il y en a ! Et involontairement, c’est peut-être encore Philippe Rochet, le PDG, qui en parle le mieux. En conclusion de l’opération « 1 RDV = 1 CDI », le PDG était venu vanter les avantages de l’entreprise :

« Les salaires sont affichés noir sur blanc là-bas. Les choses sont comme elles sont, les gens vont rentrer au niveau du SMIC [...] Surtout un système, et ça nous arrive, c’est notre mission, notre ADN : toute heure supplémentaire, toute heure faite dans les nuits ou s’il le fallait le week-end [...] sont majorées. »

Monseigneur est trop bon, mais la majoration des heures supplémentaires, des heures de nuit et de week-end est un droit acquis de haute lutte par les ouvriers, pas une faveur ! Des droits attaqués de toute part par le patronat et par Macron, qui aimeraient bien que cela devienne un petit plus mais pas la règle.

En réalité, c’est ce que rappellent les grévistes de Cornebarrieu, même des primes basiques, qui existent dans les autres boîtes du secteur, n’existent pas chez Sabena Technics. Ainsi les grévistes revendiquent une prime « décapage » qui existe ailleurs mais pas ici. En 6 ans, les augmentations générales ont été de… 50€ !

Même la prime Macron, que LREM la droite et le RN, ont voté comme un moyen pour les patrons de ne pas augmenter les salaires, c’est déjà trop pour le patron. Les syndicats demandaient 1500€, le patron ne veut pas monter au-dessus de 500 !

La direction tente un management particulièrement dur dans cette entreprise. Mais le mépris de Philippe Rochet, qui a dirigé plusieurs boîtes de l’aéro et dont les plans de restructuration et de licenciement ne se comptent plus (à Tahiti, ou à Perpignan lors du rachat de EAS pour ne citer que des exemples de l’année dernière), n’est que le mépris habituel des patrons de la sous-traitance aéronautique. On se rappelle qu’en 2020, en pleine pandémie le patron de Dericherbourg Aeronautics Service avait proposé à ses salariés de « mourir de faim ou du virus » tandis que ceux-ci demandaient des protections sanitaires minimales au travail.

Un mépris visible dans toutes les NAO du secteur, où les patrons proposent des augmentations de salaire dérisoires, alors que les dirigeants et les actionnaires, sous perfusion d’argent publics, se gavent sur le dos des ouvriers. Mais aujourd’hui ces augmentations ridicules ne compensent plus l’inflation et deviennent de fait… des baisses de salaire !

La colère des grévistes de Sabena exprime celle de tous les ouvriers du secteur, leur grève peut être un exemple pour toutes les autres entreprises de la sous-traitance aéronautique. Pour faire face à la crise, il va falloir obtenir des hausses de salaire massive, et il va falloir le faire tous ensemble !

Pour soutenir leur lutte, donnez à la caisse de grève !


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