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Mesures sécuritaires

« Saturer l’espace public de policiers ». Darmanin poursuit son offensive sécuritaire à Paris

Fin avril, Darmanin a annoncé un renfort supplémentaire de 2.800 policiers et gendarmes supplémentaires dans la capitale et sa banlieue.

Léo Stella

9 mai 2023

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« Saturer l'espace public de policiers ». Darmanin poursuit son offensive sécuritaire à Paris

Crédit photo : Radio France

Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a annoncé le 19 avril dernier le déploiement de 2 800 policiers et gendarmes supplémentaires dans les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne ainsi que dans les principaux lieux touristiques parisiens d’ici à la fin 2023.

Les 500 premiers policiers et gendarmes seront déployés dès le 1er mai, puis progressivement tout au long de l’année jusqu’à atteindre le nombre annoncé de 2800 en décembre 2023. Le déploiement de ces nouvelles unités de police sera mis en place au sein des nouvelles patrouilles mobiles pour les gendarmes, dans les équipes de la police nationale de contrôle des quartiers populaires ou encore dans les 125 nouvelles équipes de police dans les transports (métro, bus et RER). Le 25 avril, le préfet de Police, Laurent Nuñez, a détaillé ce renforcement sécuritaire dans une interview pour le Parisien, en expliquant qu’il ciblerait les « cambriolages », le « trafic de stupéfiants » ou encore les « violences dans les transports ». « Plus on va s’approcher des JO, plus on va saturer l’espace public de policiers » a ainsi affirmé le préfet de Police de Laurent Nuñez.

Ce déploiement de forces policières supplémentaires à Paris s’inscrit dans la mise en place du plan « Zéro délinquance » annoncé dans le cadre des JO 2024 et qui prévoit un véritable cadrillage policier et sécuritaire de la capitale. Derrière l’argument de la « lutte contre la délinquance » et de la « sécurisation » des JO, se joue un véritable renforcement de l’appareil policier que Darmanin a d’ores et déjà commencé à mettre en œuvre à travers différentes lois sécuritaires.

En effet, le déploiement des 2 800 policiers et gendarmes à Paris et en banlieue a été possible grâce à la loi LOPMI qui a permis au gouvernement de se doter de toujours plus de moyens sécuritaires avec plus de 15 milliards de budget accordés à la police comme s’en est d’ailleurs félicité Darmanin sur son compte Twitter.

Dans le même temps, la loi JO 2024 a permis un renforcement sécuritaire d’ampleur avec la mise en place de caméras de surveillance algorithmique à grande échelle notamment dans le département de la Seine-Saint-Denis principal lieu d’accueil des JO.

Ce déploiement policier et sécuritaire dans Paris et sa banlieue justifié par les JO et la « lutte contre la délinquance » va ainsi renforcer toujours plus le cadrillage policier des quartiers populaires, et ce alors que les habitants et la jeunesse sont déjà en première ligne de la répression et des violences policières. De plus, cette offensive sécuritaire s’accompagne d’une logique de criminalisation profondément stigmatisante et raciste vis-à-vis des habitants de quartiers populaires qui sont pointés du doigt (avec les immigrés) comme responsables de l’insécurité et les quartiers populaires désignés comme des « zones de non droit ».

Derrière le renforcement sécuritaire, la crainte de voire les JO perturbés par la lutte des classes

Mais derrière le cadrillage policier justifié par la sécurisation des JO, le gouvernement craint de voir cet évènement suivi par le monde entier perturbé par les mouvements sociaux et la lutte des classes. En effet, alors que la France est secouée depuis plus de 3 mois par un mouvement historique contre la réforme des retraites scrutés à l’internationale, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran invité sur RMC le vendredi 21 avril avait appelé à une trêve dans les mobilisations lors des évènements sportifs tels que la finale de la coupe de France qui a terrorisé le gouvernement samedi dernier, mais également les JO 2024. Il a ainsi déclaré : « Les Jeux olympiques ont été pensé comme un moment de trêve, un moment durant lequel on ne fait pas de politique mais un moment où on se rassemble ».

Depuis plusieurs mois, le gouvernement a laissé entendre sa crainte d’un mouvement de grève pendant les JO, notamment dans les transports. En juillet 2022, Emmanuel Macron avait ainsi affirmé que « tout sera fait afin que l’on ne soit pas tributaire et exposé à un risque de mobilisation sociale pendant cet événement », et avait même ouvert la porte à une attaque contre le droit de grève en évoquant un « renforcement » du « service minimum » lors de grands évènements.

Il fait ainsi peu de doute que le puissant mouvement de grève et les mobilisations contre la réforme des retraites et contre le gouvernement ont ravivé cette peur du côté de la macronie et du patronat français, à moins d’un an des JO de voir l’évènement perturbé. En effet, la capacité à accueillir ces grands évènements sportifs constituent des vitrines importantes pour les patronats des puissances capitalistes comme la France sur l’arène internationale vis-à-vis d’autres puissances et des investisseurs étrangers. Et ce d’autant plus à l’heure où le gouvernement français connait une profonde crise politique et voit sa réputation internationale largement décrédibilisée comme en témoigne la baisse de la note décernée à la France par l’agence de notation Fitch qui mesure la stabilité financière des États et qui pointait du doigt « l’impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) ».

Dans une telle situation, c’est donc encore une fois par la matraque et les mesures sécuritaires que le gouvernement compte assurer la « paix sociale » et la « stabilité » des intérêts des capitalistes. En plein mouvement de lutte des classes, ces mesures sécuritaires s’inscrivent donc clairement dans la série d’offensives sécuritaires, autoritaires et antidémocratiques menée par le gouvernement pour répondre aux mobilisations. Derrière ces 2800 policiers supplémentaires se trouve donc bien la nécessité pour le gouvernement de renforcer toujours plus l’un des principaux piliers sur lequel il repose à savoir la police et la coercition afin de faire face aux prochaines séquences de lutte des classes.


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