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Répression

Selon le préfet de Paris, les forces de l’ordre ont « absolument besoin » de recourir à l’utilisation du LBD40.

Ce dernier a précisé qu'il y aurait « eu quatre tirs de LBD seulement », sans même faire mention du blessé de la manifestation parisienne.

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Après le passage télévisé surréaliste et aberrant du ministre de l’intérieur devant une classe d’enfants, après la déclaration sans équivoque de Macron suite au rapport publié par le Conseil de l’Europe condamnant l’utilisation du LBD ainsi que la répression judiciaire à l’encontre du mouvement des Gilets Jaunes ; alors que l’on dénombre plus de 9000 balles de LBD tirées et plus de 150 blessés à la tête, tandis que les forces de police et particulièrement la BAC perpétuent librement des violences toujours plus nombreuses : un autre représentant de l’État a encore défendu une arme classée à la catégorie des « armes à feu et matériels de guerre ».

Cette arme souvent dite « défensive » ou « intermédiaire » a pu montrer tout son potentiel offensif et mutilant à travers les pratiques des forces de police : tirs sans sommation, tirs tendus, tirs à bout portant, tous délibérés et causant de nombreux blessés. Pourtant, à tous les niveaux de l’État c’est le même son de cloche que l’on entend. En janvier déjà, Castaner déclarait au sujet des policiers qu’ils avaient « su agir avec proportionnalité » et faire « preuve d’un grand professionnalisme ». Depuis, les preuves accablantes démontrant la répression commise par la police se sont accumulés et le Conseil de l’Europe est allé jusqu’à publier un rapport condamnant et prohibant l’usage du LBD en France et dénonçant la répression judiciaire à l’encontre des manifestants.

S’il n’est pas à douter que rien de concret ne découlera de la publication de ce rapport, celle-ci n’en reste pas moins significative du tournant répressif et autoritaire que prend la politique policière de l’État en France depuis plusieurs années et de ses accentuations récentes. La dernière déclaration de Macron sur le sujet suite à la publication de rapport est d’ailleurs sans équivoque : « Je ne laisserai pas les forces de l’ordre sans aucun moyen d’assurer l’ordre public ni de se défendre, face à des gens qui arrivent armés et avec les pires intentions. »

Il est un argument que l’on retrouve dans toutes ces déclarations c’est celui de la nécessité de ce recours à l’utilisation du LBD par les forces de police dans le contexte actuel. Cela n’a pas manqué à la déclaration du préfet de Police de Paris pour qui les force de l’ordre ont « absolument besoin » du LBD en raison du « contexte » de violences et « d’émeutes urbaines ». Quel que soit le représentant de l’État, les actes de violence commis par la police sont toujours jugés « proportionnés » et justifiés par la nécessité alors que les blessés toujours plus nombreux sont quant à eux simplement passés sous silence.

Pourtant comme en témoigne une nouvelle fois le passant blessé durant la manifestation des Gilets Jaunes à Paris, les forces de police perpétuent librement et délibérément des actes violents et purement répressifs.
Si le préfet de police évoque ce blessé c’est seulement après avoir d’abord précisé le fait qu’il y ait « eu quatre tirs de LBD seulement » comme s’il la police avait agi modérément lors de l’acte XVI des Gilets Jaunes, comme si le peu de tirs de LBD – qui reste encore à prouver – justifiait que ne serait-ce qu’un seul d’entre eux mutile quelqu’un.

Concernant les décisions à prendre sur le sujet, le préfet de Paris s’est contenté de déclarer : « Dès que j’aurai, et ce sera le cas [dimanche] après-midi, le rapport détaillé sur les circonstances de l’événement, je le transmettrai bien sûr à l’IGPN et je verrai en interne […] les initiatives à prendre si la règle de droit n’a pas été respectée ».
Le préfet Michel Delpuech a d’ailleurs déclaré au sujet de l’IGPN : « A l’heure où je vous parle, il n’y a eu encore aucune sanction engagée. Ça ne veut pas dire qu’il n’y en aura pas ». Pourtant, la « police des polices », dont le préfet rappelle lui-même qu’elle a été saisie des « centaines » de fois depuis le mouvement des Gilets Jaunes, n’est connue ni pour donner suite aux plaintes qu’elle reçoit ni pour donner lieu à des sanctions concrètes. L’absence de condamnation par l’IGPN est à l’inverse de la répression judiciaire que subissent les participants aux manifestations depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes. Plus de 1800 manifestants ont été condamnés, selon des mesures d’exception et de manière expéditive et arbitraire, alors que les auteurs de violences policières semblent pourvus d’immunité.

Il est par ailleurs intéressant de noter comment le préfet de Paris qualifie les « près de 2.800 » interpellés « dans la capitale » de « gens qui sur le pavé Parisien [qui] se laissent aller par désinhibition, par mimétisme. » En caricaturant de la sorte les manifestations parisiennes, en niant les violences policières, le préfet – comme Castaner et Macron – ignore sciemment les raisons de la prétendu « violence » du mouvement des Gilets Jaunes, et des mouvements sociaux en général. Il est indéniable que la soi-disant « violence » de ces mouvements n’est jamais que l’expression d’une exaspération légitime face à l’exploitation et au mépris.

Les Gilets Jaunes et de nombreuses organisations ne cessent de dénoncer les violences policières, on peut d’ailleurs se rappeler à ce sujet l’Acte XII des Gilets Jaunes placés sour le signe de la dénonciation des violences policières, pourtant le silence médiatique et politique demeure l’unique réponse concernant ces violences.

De plus, si le LBD fait l’objet d’une vive critique il ne constitue qu’un élément problématique de l’armement et des pratiques des forces de police. Le tout répressif est une caractéristique de la politique de maintien de l’ordre en France depuis plusieurs années. De nombreux événements et éléments peuvent en témoigner, comme les nombreuses vidéos prouvant la violences des interpellations, à travers les coups de matraque ou à mains nues et les nombreuses humiliations perpétrés sans motifs, l’utilisation abusive de gaz lacrymogènes toujours plus agressifs et ayant causé la mort de Zineb Redouane ou encore l’augmentation du nombre de lanceurs 6 coups.

L’un des corps de police, celui de la BAC, ne cesse de s’illustrer en matière de violences policières. Qu’il s’agisse du tir à bout portant sur un passant durant la dernière manifestation des Gilets Jaunes ou de la mort récente d’Adam et Faith à Grenoble dans une course poursuite avec la BAC la brutalité, le zèle et l’impunité dont fait systématiquement preuve la BAC ne cessent d’être démontrés.

Dans le contexte actuel, la dissolution de la BAC et le désarmement de la police semblent deux mots d’ordre dont l’actualité est sans cesse prouvée.


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