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Sénatoriales. La débâcle de LRM se poursuit, EELV maintient sa dynamique

Ce dimanche, les grands électeurs ont été appelés aux urnes dans le cadre du renouvellement de près de la moitié des sièges du Sénat. Dans la continuité des élections municipales, LREM essuie un nouvel échec tandis qu'EELV parvient à reconstituer un groupe sénatorial. De quoi confirmer les tendances qui se dessinent pour 2022.

Ariane Anemoyannis

28 septembre 2020

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Nouvelle débâcle pour LRM

C’était un scrutin relativement scellé d’avance, puisque les Municipales avaient déjà reflété les dynamiques électorales à l’œuvre au niveau des collectivités locales. Si au printemps dernier le parti au pouvoir avait pu espérer masquer son échec en l’expliquant par le confinement et le contexte sanitaire périlleux, les résultats de ce dimanche confirment cependant la tendance.

Après le scrutin de juin dernier qui avait marqué la défaite de LRM dans plusieurs grandes villes comme Paris, c’est désormais au niveau des sénatoriales que le parti au pouvoir confirme sa perte de vitesse, à rebours de sa volonté affichée de s’implanter plus localement. Le groupe macroniste, qui avait déjà perdu 8 sièges sénatoriaux aux dernières élections de 2017, en perd donc un ce dimanche. Ce qui n’est pas glorieux dès lors qu’il n’en avait que 23 de renouvelable.

Et s’il conserve des poids lourds de la majorité comme Francois Patriat, un transfuge du PS sur les bancs du Sénat depuis 2008 et chef de file LRM, l’historien David Bellamy l’analyse davantage comme une victoire personnelle du sénateur que comme le résultat d’une implantation du parti au pouvoir, liée à sa longue carrière au sein de la seconde chambre parlementaire.

La débâcle est donc moindre que Les Municipales avaient pu le prédire. Néanmoins, ce scrutin démontre que LREM ne parvient pas à s’affirmer au Parlement : entre la perte de la majorité absolue à l’Assemblée nationale cette année et les difficultés rencontrées aux élections de juin et de septembre, 2022 s’annonce périlleux pour le parti au pouvoir.

Une tendance que n’aura pas réussi à inverser le gouvernement, qui misait sans doute sur l’offensive sécuritaire pour accentuer son assise à droite. C’est finalement LR qui capitalise sur cette période réactionnaire, consolidant son groupe au sein de l’institution la plus conservatrice de la V° République.

LR consolide sa majorité en pleine offensive sécuritaire

Dans une période marquée par l’offensive menée de concert par la classe politique à l’égard des musulmans et en particulier les femmes voilées, la droite est celle qui séduit le plus de grands électeurs, dans la continuité des municipales. Bruno Retailleau, chef du groupe LR au Sénat, estime que ce scrutin incarne "la victoire des valeurs de la droite : la liberté, l’autorité, et la fermeté".

S’affirmant donc comme "un contre-pouvoir" qui reflète la "voix des territoires" avec un gain de dix sièges aux termes des élections, Les Républicains estiment qu’ils incarnent désormais la véritable opposition au gouvernement, avec en ligne de mire 2022. Rien de très surprenant néanmoins concernant une chambre élue au suffrage indirect, et historique bastion de la droite : déjà en 2017, LR avait gagné 4 sièges, s’affirmant alors comme majorité absolue au Sénat.

EELV confirme le test des municipales

Ce qui surprend davantage est donc la reconstitution d’un groupe sénatorial EELV grâce à l’obtention de 6 nouveaux sièges. Groupe perdu en 2017, la sénatrice Ether Benbassa revendique la volonté de construire une force hégémonique au Sénat : "Ce sera un groupe constitué autour du projet écologiste avec une grande diversité et la liberté de vote. La frontière sera le conservatisme, le productivisme et le néolibéralisme."

De quoi confirmer les aspirations du groupe écologiste en vue de 2022. Une dynamique qui ne plait manifestement pas au groupe socialiste, toujours en perte de vitesse même s’il reste le second groupe au Sénat. Sur les réseaux sociaux et dans la presse, ses représentants ont en effet dénoncé une volonté d’hégémonie de la part des Verts, contre les candidatures PS autour desquels ils espéraient rassembler les groupes de gauche. De fait, à moins de deux ans du scrutin présidentiel, Les Verts se positionnent comme la principale force montante à gauche, derrière laquelle le PS risquerait bien de devoir se ranger après des années de débâcle.

Une volonté d’hégémonie que ne cache pas EELV et qui s’incarne d’ailleurs par leur participation à l’offensive sécuritaire et leur soutien des projets néolibéraux comme gage de confiance auprès du patronat et des forces politiques de droite.

C’est ainsi que Les Verts ont versé tête la première dans le débat islamophobe, Jadot expliquant par exemple que "le burkini n’avait rien à faire dans les piscines" et qu’il fallait respecter la loi de 1905, instrumentalisée à des fins de haine par l’ensemble des réactionnaires. Également, la volonté du maire de Lyon de grossir les effectifs de police - à vélo - pour lutter contre "l’insécurité" illustre l’affirmation de plus en plus décomplexée d’un programme politique néolibéral et réactionnaire.

Une position qui confirme l’ancrage d’EELV dans les institutions de la V° République, y compris les plus conservatrices, mais qui s’éloigne néanmoins des aspirations d’une partie de la base électorale du groupe. La jeunesse, un des principaux secteurs où l’écologie est une préoccupation centrale, reste gagnée à l’abstention. Ce weekend encore avaient par exemple lieu des actions Youth For Climate dans plusieurs villes contre l’urgence climatique, faisant notamment le lien avec le capitalisme.


      
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