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Journée internationale des droits des femmes

Soignante, cheminote, étudiante…Voix de femmes appelant à manifester le 8 mars

Dans le cadre de la journée internationale pour les droits des femmes, soignante, cheminote, étudiante, elles racontent pourquoi elles se mobiliseront ce jeudi 8 mars.

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« Je travaille à la SNCF, dans les bureaux. Quand je suis arrivée en 2000, il y avait 2 femmes sur 500-600 personnes dans mon secteur. Ca change peu à peu mais ça reste une entreprise très masculine, donc quand on est une femme il faut avoir du caractère et en faire beaucoup plus pour réussir à s’imposer. Il y a beaucoup de préjugés sur certains métiers qui ne pourraient soi-disant pas être réalisés par les femmes. Et d’une manière générale, le sexisme au travail est complètement banalisé, les hommes se permettent des remarques dégradantes envers les femmes sous prétexte de faire de l’humour et il y a une grande tolérance.

Et puis on a eu le cas d’H. Reinier-ONET, la société de nettoyage de la gare du Nord où il y avait plus d’une dizaine de plaintes pénales et de prud’hommes pour discrimination raciale et sexiste, harcèlement et agressions sexuelles. La cohésion entre ces salariées qui voulaient défendre leurs droits et n’acceptaient plus d’être humiliées leur a donné de la force, et elles ont fini par réussir à faire condamner leur employeur. Mais avec des faits aussi graves, la SNCF aurait dû soutenir les salariées de son entreprise sous-traitante sans attendre la condamnation, et elle n’aurait pas dû renouveler le marché d’H. Reinier.
En plus les entreprises de nettoyage quelles qu’elles soient sont généralement sexistes dans la répartition des tâches, par exemple il y a des personnels qui sont qualifiés de « femme poussière ». On ne sait pas si c’est la femme qui est une poussière, qui n’est rien… en fait c’est que leur tâche c’est de faire la poussière dans les trains. Les tâches les plus dégradantes comme nettoyer les toilettes sont souvent faites par les femmes. On ne devrait pas tolérer des zones de non-droit comme ça, c’est contraire à l’image d’égalité véhiculée par la SNCF dans les discours. « Faites ce que je dis et pas ce que je fais ».

La France est un pays riche mais on est encore très en retard sur le terrain de l’égalité hommes-femmes. Les comités d’entreprises organisent leur repas pour les femmes, sortent des brochures, mais derrière les préjugés perdurent, ainsi que les différences sur les salaires. Le 8 mars prendra tout son sens quand il ne sera plus célébré uniquement comme une fête des femmes mais qu’on saura que c’est une commémoration d’une journée de lutte internationale des femmes. »
Nazima, cheminote et déléguée SUD Rail

« Je suis aiguilleuse à la SNCF, mais comme je suis étrangère je n’ai pas droit au statut cheminot. Je travaille en 3x8, ce qui veut dire que j’alterne une semaine de travail le matin, une semaine l’après-midi, puis une semaine la nuit. Je travaille aussi les week-ends et fériés. Pour les collègues femmes qui ont des enfants, ce rythme est très difficile à tenir. Non seulement c’est épuisant et ça détruit notre santé, mais avec les horaires décalés, la vie de famille devient très compliquée à organiser. On passe à côté de beaucoup de choses. Et pour les mères célibataires n’en parlons pas ! Pourtant on n’a pas forcément le choix… nos salaires sont bas et beaucoup ont besoin des horaires de nuit et de week-ends pour boucler les fins de mois.
A côté de ça, la direction de la SNCF tient un double discours. Ils se vantent de défendre les droits des femmes, mais récemment une collègue de Bordeaux, Sandrine, a été sanctionnée pour avoir dénoncé une agression sexiste dans le cadre de son travail ! On a fait tourner une pétition parmi les collègues pour la soutenir, c’était vraiment scandaleux. Ca montre bien que la seule manière d’obtenir nos revendications c’est de nous battre, de se mobiliser. C’est pour ça que ce 8 mars, je vais faire grève et manifester pour la journée de grève internationale des femmes, aux côtés des collègues hommes solidaires de ce combat ».
L., cheminote et syndiquée à Sud Rail

« Je suis soignante, mère, étudiante. Je vois mes collègues femmes se démener pour trouver des solutions pour leurs enfants à chaque changement de planning, repos décalé, vacances refusées. Voir leur maigre salaire partir dans des gardes coûteuses car très tôt le matin ou tard le soir. Les hommes eux, se posent moins la question. Nous sommes nombreuses à être passées de nuit pour pouvoir assurer les sorties d’école, les études, les formations complémentaires, en dépit de notre sommeil, de notre santé, pour 1€ de plus par heure.
Je travaille en psy et je vois de plus en plus de patientes venir pour dépression car en burn-out professionnel ET maternel. Elles assument tout de front, sans aide ni soutien, et craquent. Mais la charge mentale reste un fardeau, car elles continuent, par téléphone ou lors des visites, de gérer à distance la vie de famille.
Mes camarades de promo (je suis en psycho à distance) femmes sont les plus débordées, se demandent comment jongler entre travail précaire et stage obligatoire, entre week-end en famille et révisions ou rendu de dossier. Je n’entends aucun homme se plaindre de cela.
Nous travailleuses, travaillons le double, voire le triple des hommes, avec salaires moindres et statuts précaires.
Alors oui, il nous faut encore nous battre et marcher pour réclamer notre dû. »
Mireille, soignante en hôpital psychiatrique

« Je suis étudiante et travailleuse à l’université du Mirail à Toulouse, en contrats précaires renouvelés chaque semestre. Je suis en grève depuis le mois de décembre, aux côtés de plus de 200 personnels BIATSS de la fac – qui sont une immense majorité de femmes – et des étudiantes et étudiants. Il s’agit d’une fac de sciences sociales où plus de deux tiers des étudiants sont également des femmes. Nous luttons contre les attaques du gouvernement faites à la jeunesse, à l’Éducation et à l’Enseignement supérieur, mais aussi contre un projet local de fusion des universités toulousaines, qui menace directement les postes des personnels et certaines filières majoritairement féminines.

Dans ce contexte, le 8 mars de cette année prend une dimension particulière et nous, étudiantes et travailleuses de l’université, manifesteront ensemble pour faire entendre notre colère, soutenues par nos collègues, nos amis et nos camarades. Les femmes sont les premières victimes des attaques des gouvernements successifs, nous devons être en première ligne de la lutte pour notre émancipation, nos droits et pour des conditions de travail et d’études dignes. »
Anna, travailleuse précaire et étudiante à l’université du Mirail


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