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Sur invitation de Fakir et la commission Convergence des Luttes

Soirée « L’étape d’après » à la Bourse du Travail de Paris. La grève reconductible en débat

Ce 20 avril au soir, la Bourse du travail de Paris a une nouvelle fois fait salle comble à l’occasion de la soirée de débat « L’étape d’après », organisée par Fakir et la commission Convergence des Luttes, à l’origine de l’initiative Nuit Debout. L’enjeu annoncé était de discuter des suites de ce phénomène d’occupation des places démarré à Paris et qui s’est répandu comme une trainée de poudre en Province et même à l’étranger. Parmi les intervenants, un cheminot, l’UD CGT Paris, des militants de la commission « Grève Générale » de Nuit Debout, des porte-paroles de la Coordination Nationale Etudiante et de la Coordination des intermittents et précaires, Frédéric Lordon, Serge Alimi, François Ruffin et tant d’autres. La question de la grève reconductible a été mise en avant par plusieurs intervenants comme une nécessité pour faire plier le gouvernement, et en premier lieu pour lui faire retirer la loi travail. De son côté, Fakir a lancé la proposition d’un grand meeting de jonction de Nuit Debout et des travailleurs, avec les syndicats, le soir de la manifestation du 1er mai.

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Un cheminot de la gare Saint-Lazare a rappelé qu’en 1986 et en 1995, il avait fallut plusieurs journées de grève massive dans la rue, à plusieurs millions, et plusieurs fois par semaine, pour réussir à faire reculer le gouvernement, et que ces victoires démontraient que c’était possible de gagner. Il a raconté que malgré la stratégie des centrales syndicales d’appeler à des journées de grève espacées, la question de la grève reconductible se discutait parmi les cheminots. Il a appelé à multiplier les actions de convergence, et invité à rejoindre massivement les cheminots en grève le 26 avril, pour permettre d’envisager, par le nombre, des actions fortes comme le blocage des voies.

La représentante de l’UD CGT Paris a salué le mouvement Nuit Debout, revenant sur la nécessité de construire la convergence. « Quelque chose se passe, où est-ce que ça va ? » était son interrogation, avant d’énoncer les prochaines échéances de mobilisation : le 28 avril, le 1er mai, « et ensuite il y aura d’autres journées. Aujourd’hui à Marseille, on a voté qu’il faudra des grèves reconductibles ».
Quant à la grève des cheminots le 26 avril, sa position était que « ça ne nous arrange pas forcément. C’est les cheminots qui l’ont décidé donc on fait avec ». L’intervenante a ensuite mise en avant la grève « intéressante » appelée le 28 avril dans le secteur du pétrole. Quant à la proposition de Fakir : « un meeting, pourquoi pas. Il y a des liens qui peuvent se faire entre Nuit Debout et les syndicalistes. On a envie de changer cette société là, c’est ce qui nous unit », a-t-elle conclut.

Des militants de la commission grève générale de Nuit Debout ont ensuite raconté les initiatives de jonction avec les travailleurs qu’ils avaient mis sur pied : « On a été rencontrer les cheminots à Saint-Lazare, gare du Nord, Austerlitz… on a été à Renault, on va essayer de faire ça avec PSA et tous les secteurs qui veulent bien nous accueillir. (…) Les cheminots nous ont dit qu’ils voulaient partir en reconductible mais qu’ils avaient besoin d’un appel des syndicats pour les protéger et qu’ils ne comprenaient pas pourquoi cet appel n’existait pas. Ceux qui appellent à des grèves ‘carrées’ et dispersées devraient rejoindre tous ceux qui veulent partir en reconductible ».

Frédéric Lordon est intervenu après eux, réaffirmant que « Nous prenons le risque de déplaire à ceux qui ne veulent pas du tout que le monde soit refait », et que « revendiquer n’est pas une option, c’est une nécessité ». Epinglant les « structures du néolibéralisme », le « pouvoir actionnarial » et le TAFTA, l’économiste a insisté sur la nécessaire jonction entre la classe ouvrière et la jeunesse des quartiers. « La grève générale, c’est loin, c’est vrai. Mais le minimum c’est de mettre en route ces idées », était son mot de la fin.

Une porte-parole de la Coordination Nationale Etudiante a souligné l’importance des réponses collectives face à la répression, telles qu’elles avaient été apportées par les départs en « manifestation sauvage » et les rassemblements devant les commissariats quand des jeunes étaient interpelés. Puis, l’étudiante a interpelé le congrès de la CGT : « On appelle les congressistes à prendre position pour que le 28 avril soit le début de la grève générale. Il faut appeler à la grève reconductible dès le 28 avril ». Parmi les propositions, elle a suggéré que Nuit Debout appelle toutes les facs à tenir des stands sur les places occupées et à organiser des activités, à continuer les démarches envers la banlieue, en contactant notamment les associations, mentionnant l’exemple de l’intervention de la Coordination des Sans Papiers du 93 à l’AG de St Denis.

Intervenant au nom de la Coordination des intermittents et précaires, un militant a relaté les actions menées ces derniers jours : lors de la venue de Florian Philippot à l’ESCP, en interrompant la conférence de presse du festival de Cannes, et revenant sur le blocage de Quick, Mc Donald’s et Subway à Gare du Nord : « Aujourd’hui nous avons bloqué l’industrie de la malbouffe, on a commencé à 11h et le blocage a duré jusqu’à 16h30, en plein moment de rush ». « Ils veulent faire 800 millions d’économies sur le dos des précaires », s’est-il indigné. « C’est une lutte idéologique qu’il faut mener tous ensemble (…). La grève reconductible, ça ne se décrète pas, ça se travaille et ce travail il faut le commencer maintenant ! » Et Loïc, de la compagnie Jolie Môme, de compléter : « Nous avons décidé aujourd’hui que nous serons en grève le 28, et nous demandons à notre syndicat de déposer un préavis le lendemain et le surlendemain ! ».

Une soirée au caractère ambigu, la proposition d’un meeting le 1er mai

C’est au moment de l’ouverture du débat avec la salle et de la prise de décisions concrètes que la réunion a pris un caractère un peu désordonné. En effet, la contradiction principale a surgit du fait que le statut même de la réunion était indéfini : moitié meeting, moitié AG. Pour une partie du public il n’était pas possible de prendre des décisions au nom de Nuit Debout, alors que les organisateurs de la soirée déclaraient eux-mêmes qu’il ne s’agissait pas d’une « AG de la place ».

En effet, il était impossible de répéter le schéma qui avait permis de mettre en place Nuit Debout, après la soirée « Leur faire peur » du 23 février : une réunion organisée par Fakir terminant par une résolution concrète. Avec le développement du mouvement Nuit Debout, ses commissions et les actions menées, pour beaucoup de militants, le cadre proposé par Fakir n’est plus légitime pour prendre des décisions. C’est pour cela qu’à la fin, les organisateurs ont décidé de faire voter le principe d’un meeting le 1er Mai avec les syndicats, de faire signer une lettre et de proposer l’initiative à l’AG de République.

D’autres questionnements ont surgi sur la date du meeting avec les syndicats (pourquoi le 1er mai et non pas le 28 avril, jour de grève ?). Même dans le cas où le meeting avec les syndicats opposés à la Loi Travail se concrétise, beaucoup d’interrogations sont encore en suspend, notamment celle de comment continuer après le 28, après le 1er mai, etc. Des débats qui ne manqueront pas d’avoir lieu dans les prochains jours et semaines.


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