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Non c'est non !

Portugal : Solidarité internationale contre le travail obligatoire le samedi dans l’automobile

Non c'est non. Alors que les ouvriers de Volkswagen Autoeuropa avait déjà rejeté le travail obligatoire le samedi par une grève de 24h l'été dernier faisant perdre 5 millions d'euros au patron, ainsi que par un référendum interne (NON à 74%) que la direction avait organisée, celle-ci a récidivé et a encore une fois été désavouée à plus de 70% lors d'un second référendum il y a quelques semaines. La lutte contre les samedis obligatoires se poursuit donc sur le long terme, les ouvriers tenant tête à la direction et à la bureaucratie complice qui a déjà tenté de valider l'accord. C'est aussi une lutte déguisée contre le gouvernement PS qui permet le cadre légal du travail obligatoire le samedi. L'enjeu est de taille dans la mesure où si cet accord s'impose, il ouvre la voie à la généralisation du travail obligatoire le samedi aux autres usines du pays. C'est pourquoi Vincent Duse, ouvrier CGT membre du comité d'Etablissement du site de PSA Mulhouse en France, tient à porter un message fort de solidarité internationale, en connaissance de cause des samedis obligatoires que la direction de PSA et les bureaucraties syndicales complices sont parvenues à imposer en France.

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Nous republions ci-dessous un article paru le 31 août

Portugal. Grève chez Volkswagen contre le travail obligatoire le samedi

Mardi 29 Août à 23h30 les travailleurs de l’usine automobile de Palmela située à une trentaine de kilomètres de Lisbonne (District de Sétubal) ont entamé une grève de 24h pour protester contre l’obligation de travailler le samedi. Cette grève est l’une des premières menées chez Volkswagen Autoeuropa, l’une des plus importantes usines du pays. Une grève suivie par 41% des 3500 travailleurs qui aurait fait perdre, en 24h, près de 5 millions d’euros à l’entreprise.

Une bataille pour le droit au repos et à la vie familiale

Mardi dernier, les travailleurs portugais de l’usine Volkswagen Autoeuropa ont entamé leur première grève. En effet, en dehors des grèves générales contre l’austérité qui ont eu lieu à la suite de la crise économique de 2008 et auxquelles les travailleurs de Palmela avaient participé, c’est la première fois depuis la création du site en 1995 que ceux-ci se mettent en grève contre leur direction. En cause, la volonté de cette dernière d’imposer aux salariés le travail le samedi durant les deux prochaines années afin d’entamer la production d’un nouveau modèle de voiture : le T-Roc. Alors que la Commission des travailleurs de l’usine, composées d’élus syndicaux et de représentants du personnel, était prête à céder sur l’obligation de travail le samedi en échange d’une compensation de 175 euros, les travailleurs de l’usine ont refusé à 74% par référendum d’entreprise l’accord entre la direction et la Commission des travailleurs, obligeant cette dernière à démissionner.

Et pour cause, s’il n’est pas nouveau pour la plupart d’entre eux de travailler le samedi, cela se fait sur la base d’heures supplémentaires rémunérées comme telles. Or, une augmentation de salaire de 175 euros serait une mesure largement désavantageuse. Au-delà de cela existe également la peur de voir leur vie privée et familiale sacrifiée. Sans compter le coût pour la santé que représente une augmentation du temps de travail.

Cette grève, bien qu’elle n’ait pour l’instant duré que 24h, est un élément important à prendre en compte au sein de la lutte des classes portugaise, pays dans lequel les travailleurs ont subi de très violentes attaques ces dernières années. L’usine Volkswagen Autoeuropa est un secteur essentiel de l’économie du pays. Face à la grève, la direction qui souhaite imposer dès novembre ses nouveaux horaires a finalement accepté de se réunir avec les syndicats le 7 septembre prochain. Cependant, elle dit ne souhaiter négocier qu’avec la nouvelle Commission des travailleurs de l’usine qui sera élue le 3 octobre. Une mesure pour gagner du temps ?

Crédits Photo : Sapo24

Une première expérience de rupture avec le modèle de cogestion

Mais si tous les commentateurs télévisés portugais et les analystes politiques s’interrogent depuis près de 48h sur cette grève, c’est également parce que les coordonnées de cette mobilisation sont particulièrement inédites pour l’usine d’Autoeuropa. Depuis sa création il y a plus de 20 ans, elle fonctionne sur un puissant modèle de cogestion largement orchestré avec l’aide des bureaucraties syndicales. Cette fois ci, malgré l’accord entre la Commission des travailleurs et la direction, les salariés l’ont refusé majoritairement et se sont mis en grève. Ces évènements, et cela les patrons portugais le savent, posent implicitement la question du pouvoir et des rapports de force dans une entreprise.

Ce modèle de cogestion, la marque allemande semble l’entretenir avec soin. Volkswagen Autoeuropa cultive l’image d’une entreprise écolo, à l’écoute du dialogue social, traitant ses salariés avec respect : « Chez Volkswagen, la relation entre les collaborateurs et l’administration a pour base le respect mutuel, et ce en menant une politique de dialogue ouvert, reposant sur les structures représentatives », peut-on lire sur la page web de l’entreprise. On ne parle pas de « travailleurs » et de « patrons » mais bien de collaborateurs. Pourtant, en cherchant sur leur site web, aucune trace des livres de compte de l’usine. Impossible de savoir combien ses 3 500 ouvriers lui rapportent. Son chiffre d’affaire, la direction se garde bien de le communiquer à ses soi-disant « collaborateurs ».

Cette première grève chez Volkswagen Autoeuropa aura obligé la direction à s’asseoir à la table des négociations. Les prochaines semaines en révèleront sûrement plus sur l’issue du conflit. Les salariés semblent en tout cas déterminés à ne pas vouloir se laisser imposer un travail le samedi, et à ne pas vouloir sacrifier vie personnelle et familiale. Quand les travailleurs disent non, c’est non.

Credits Photo : RUI MINDERICO/ LUSA


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Vincent Duse

Ouvrier PSA-Stellantis Mulhouse, militant CGT

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