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FN, MEDEF, même combat ?

Sortie de la zone euro. Ou pas. Nouveau virage du FN ?

Damien Bernard Dans une interview donnée au journal Le Figaro, Louis Aliot, vice-président du FN, a révélé, pour la première fois des signes d’inflexion sur la ligne économique du FN, notamment au sujet de la sortie de la zone euro. Au-devant des derniers résultats des élections régionales, qui a vu le parti d’extrême droite revenir bredouille, en n’emportant aucune région, la sortie de la zone euro comme préalable nécessaire à la lutte contre le « dictat de Bruxelles », semblerait désormais voler en éclats…

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Las. Le « Front Républicain », à nouveau sorti des placards, a encore du ressort. Le FN s’est heurté, une fois de plus, au « plafond de verre » du second tour lors des régionales. Cette nouvelle défaite électorale, et malgré le maintien d’une dynamique de progression du parti de Marine Le Pen, aurait-elle fait bouger les lignes sur la question de la zone euro ?

Le « plafond de verre » du second tour. La faute à l’euro ?

Malgré son inexorable ascension en termes de voix, réalisant le meilleur score de son histoire durant les dernières élections régionales, le FN n’a pas atteint ses objectifs électoraux. Tout en s’insérant profondément dans la vie politique bouleversant le bipartisme traditionnel de la cinquième République, le FN ne parvient pas à s’imposer comme une alternative crédible de pouvoir. À en croire le MEDEF, c’est le programme économique du Front National qu’il faudrait blâmer pour ce semi-échec.

Sa base électorale historique, le petit patronat, suit les mêmes conclusions, si l’on en croit Antoine Melliès, le président du collectif Audace (jeunes actifs patriotes), qui a témoigné du fait qu’au-delà des chefs d’entreprise, nombre d’indépendants, petits commerçants et artisans « ne comprennent pas » le programme économique du FN. Et cela pour deux raisons, explique-t-il. « Notre proposition sur l’euro leur fait peur et nous n’articulons pas suffisamment les questions micro et macroéconomiques. »

L’électorat conservateur, mais aussi certains secteurs de droite des Républicains, seraient aussi rebutés par le discours économique du Front parce que ses propositions en la matière sont jugées inaudibles. Franck Allisio, récent rallié des Républicains, l’affirme lui-même. « Ce qui reste à prendre, c’est à droite », estime celui qui s’est engagé dans la campagne de Paca avec Marion Maréchal-Le Pen. « Si l’on veut passer de 45% à 51%, faire élire une trentaine de députés aux législatives, il faut arriver à convaincre de nouveaux électeurs de la classe moyenne, des professions libérales et des retraités », tout en évoquant aussi la nécessité de préparer un terrain plus favorable aux alliances.

La dédiabolisation jusqu’où ?

Le pari du FN et de Marine Le Pen, et de sa dédiabolisation, visait à élargir sa base électorale, avec une posture « anti-système », contre « les diktats de l’Union Européenne », le dumping fiscal et la liberté de circulation des personnes, le tout sous un vernis « social ». En l’absence d’une alternative suffisamment crédible à l’extrême gauche contre l’Europe du capital dans une perspective internationaliste, le parti de Marine Le Pen a su capitaliser une partie de la colère de la population face à la crise, lui permettant d’être perçu ainsi par des millions de Français, comme une alternative aux partis de pouvoir, alternant l’austérité et les attaques contre le mouvement social et ouvrier.

Au comité d’action programmatique chargé de la ligne économique du FN coexistent deux positions. La première ligne, héritée de Jean Marie Le Pen, défend la nécessité de la sortie de la zone euro, en s’appuyant sur le modèle britannique de souveraineté bancaire, monétaire et budgétaire. La deuxième pousse la « dédiabolisation » -aux yeux du patronat- toujours plus loin en ne prenant plus comme un « fétiche » la question de la zone euro mais comme un simple « moyen de pression, comme Cameron avec le Brexit ».

Déjà devenu un parti « institutionnel » rentré dans le cercle « Républicain », notamment suite aux attentats du 13 novembre, le parti de Marine Le Pen vise désormais à devenir présidentiable pour 2017, moyennant alliances avec des secteurs de droite, déçus du Sarkozysme, tout en capitalisant sur le discrédit des partis traditionnels.

La question de la zone euro : face à un aggiornamento économique majeur du FN ?

Avec la lepénisation accélérée de Hollande et son état d’urgence, allant jusqu’à vouloir constitutionnaliser la déchéance de nationalité, les différences entre le programme du FN et celui du gouvernement PS sur le terrain sécuritaire, tendaient à se réduire à peau de chagrin. La ligne de rupture entre les partis du pouvoir et le FN demeurait cependant la question de la sortie de la zone euro. Le MEDEF et le patronat ne s’y trompaient pas et n’hésitaient pas faire de cette question un épouvantail.

La sortie de la zone euro vantant le « protectionnisme », le retour au franc et aux droits de douane, reste le fondement stratégique de la ligne économique du parti. Si cette orientation politique venait à prévaloir en février, pour Marine Le Pen, l’aggiornamento économique du Front national marquerait un changement de ligne majeur. Elle avait ainsi posé la sortie de l’euro comme préalable incontournable de son action politique tout en affirmant qu’elle renoncerait à la fonction présidentielle sans l’accord des Français sur cette question.

Mais ce tournant imposé par les exigences posées par le grand patronat internationalisé, le met face à un nouveau dilemme : trouver les moyens d’articuler une nouvelle stratégie après avoir séduit un électorat populaire sensible à ses discours protectionnistes sur l’État. Si cet algèbre politique et électoral s’avère correct, gagnera-t-il d’un côté pour en perdre de l’autre ? Ce qui pourtant semble clair, ce sont bien les pressions croissantes des élections présidentielles de 2017 qui poussent de plus en plus le FN à se convertir d’épouvantail « antisystème » à un parti de plus en plus proche du système.


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