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Quand le trône a vacillé

Sortie littéraire : « Gilets jaunes. Le soulèvement » par Juan Chingo

Les éditions Communard.e.s et Révolution Permanente sont heureux de vous annoncer la sortie de leur nouveau livre ce mercredi 3 juillet.

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Juan Chingo, Gilets jaunes. Le soulèvement (Quand le trône a vacillé), Paris, Communard.e.s, 2019, 206 pages, 12€. Disponible dans toutes les bonnes librairies de France ou sur internet
 

Après le succès de Du pain et des roses, les éditions Communard.e.s vous présentent leur nouveau livre Gilets jaunes. Le soulèvement, en partenariat avec Révolution Permanente et son supplément RPDimanche. Juan Chingo, éditorialiste et militant, membre du comité éditorial et éditorialiste à Révolution Permanente, a suivi le mouvement des Gilets jaunes depuis le 17 novembre, acte après acte, et propose une lecture marxiste de la situation ouverte par celui-ci.
 

Aussi éruptif et spontané soit-il, le soulèvement des Gilets jaunes est loin d’être un éclair dans un ciel serein, comme le démontre Juan Chingo tout au long de ce livre qui remonte à l’élection d’Emmanuel Macron, en mai 2017. Alors que l’illusion d’un Macron « Jupiter » était relayée par la majorité des médias, des analystes et des courants politiques, y compris à l’extrême gauche, Juan Chingo saisit les contradictions et les faiblesses qui se cachent derrière cette image de force. Il montre comment Macron, qui parvient à asséner des coups importants au monde du travail et à la jeunesse lors de sa première année de mandat, a essentiellement pu compter sur la fragmentation politique de ses opposants de droite comme de gauche, et sur la compromission des directions des principales centrales syndicales et du mouvement ouvrier. L’auteur expose en quoi Macron est le résultat de tendances larvées à la crise organique du capitalisme hexagonal tout autant qu’une tentative de les résoudre en s’appuyant sur la crise des médiations traditionnelles avec lesquelles les classes dominantes ont dirigé sous la Ve République pour tenter de consolider un bloc bourgeois qui dépasse l’ancien bipartisme. Mais le macronisme est traversé de part en part de contradictions structurelles, si bien que bien avant le 17 novembre Juan Chingo insistait déjà sur les éléments fondamentalement instables de la situation politique, après l’affaire Benalla et la crise gouvernementale de la rentrée 2018, et ce alors même que Macron avait réussi à imposer une défaite aux cheminots et à la jeunesse au printemps 2018.

 
Que le mouvement rebondisse ou pas au cours de l’été, la question n’est pas là. Depuis plus de six mois, les Gilets jaunes bouleversent les plans de Macron et font preuve d’une détermination et d’une colère comme il n’en avait plus été donné à voir depuis longtemps. De ce point de vue le mouvement des Gilets jaunes possède d’ores et déjà une portée historique, tant du point de vue de la peur qu’il a suscité du côté de la bourgeoisie qui s’était convaincue que le spectre de la révolution avait disparu, que de celui du mouvement ouvrier, ankylosé par le rôle joué par ses directions officielles et bureaucratiques ces dernières décennies, et qui a beaucoup à tirer de l’expérience des Gilets jaunes. 
 

Ainsi, pour reprendre les mots de Juan Chingo :

« Peu importe la façon dont le mouvement actuel prendra fin. Ce qui est sûr, c’est qu’il a ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire de la lutte des classes. En dépit de ses contradictions, nous avons connu le mouvement social le plus important des cinquante dernières années. Cependant, les conditions objectives sont absolument distinctes de celles des années 1968. Au cours de cette séquence, le grain à moudre, accumulé par les Trente Glorieuses, la cure de jouvence administrée au régime gaulliste par sa béquille gauche à la suite de la victoire de Mitterrand en 1981, de même que la force des directions politiques et syndicales du mouvement ouvrier, avaient permis une déviation de la poussée ouvrière et populaire de la période qui s’ouvre avec la grève de mai et juin 1968.

 
En ce sens, s’il y a quelque chose dont le mouvement des Gilets jaunes est révélateur, c’est bien la réduction des amortisseurs sociaux qui empêchaient jusqu’alors des courts-circuits importants sous régime démocratique-bourgeois ainsi que l’usure des médiations politiques et syndicales qui servaient, jusqu’à présent, d’instruments de contention. L’élément le plus nouveau a trait à la crise de régime qui s’approfondit en raison de la fissuration accélérée de la Ve République. Jamais, depuis 1968, un mouvement n’avait remis en cause de façon aussi ouverte et puissante la figure présidentielle. De surcroît, la crise des mécanismes de représentation ouvre la voie à des expressions de lutte plus antiparlementaires et potentiellement à des formes d’auto-organisation soviétistes ou conseillistes et ce quand bien même elles n’ont pas réellement vu le jour au cours du soulèvement actuel en raison de son caractère encore trop immature. Ce serait une façon de dépasser le poids écrasant du républicanisme et de l’attachement au suffrage universel passif qui, historiquement, ont été un obstacle au développement d’organismes d’auto-représentation alternatifs, y compris au cours des moments les plus aigus de lutte des classes.
 

Tout ce travail a pour but de souligner combien il est probable que la radicalité dans les méthodes de la lutte actuelle se repose dans des mobilisations à venir, que ce soit à travers des mouvements comme celui de ces derniers mois, sans direction claire, non domestiqué, sans programme précis et qui touche les secteurs les plus paupérisés de la classe ouvrière, ou à partir de l’intérieur des organisations et des bastions centraux du mouvement ouvrier. Ce qui est sûr – et c’est ce qui explique la persistance de l’appui dont bénéficie le mouvement, notamment chez les ouvriers et les employés – c’est que les Gilets jaunes vont modifier en profondeur les relations existantes au sein du monde du travail, et ce en dépit du poids et du conservatisme des bureaucraties du mouvement ouvrier officiel. Et nous espérons vivement que les leçons qui pourront être tirées du soulèvement actuel puissent l’être dans une perspective communiste et révolutionnaire.  »

 
Alors qu’il ne fait aucun doute que le soulèvement des Gilets jaunes anticipe de nouveaux affrontements à venir sur le terrain de la lutte des classes, Juan Chingo formule ce qui pourrait servir de premiers enseignements pour celles et ceux qui ne souhaitent pas s’arrêter là, mais qui entendent au contraire s’organiser pour aller jusqu’au bout, et qui sont conscients que le terrain électoral ne peut pas nous permettre d’en finir avec Macron mais, surtout, avec cette société capitaliste.
 

Lire aussi : « La gauche reste prisonnière d’une conception très institutionnelle ». Entretien avec Juan Chingo


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