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Justice pour Souheil

Souheil tué par la police : mobilisation pour la vérité les 12,13 et 14 novembre à Marseille

Le 4 août à Marseille, Souheil El Khalfaoui a été abattu par un policier lors d’un contrôle routier. Si l’ensemble des témoins s’accorde pour dire que le jeune de 19 ans ne représentait pas un danger, l’institution policière n’a eu de cesse de le criminaliser pour justifier la thèse de la légitime défense. Les 12-13-14 novembre, la famille de Souheil lance l’opération « Vérité pour Souheil, Vérité pour tous » à Marseille.

Matteo Falcone


et Lili Krib

6 novembre 2021

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Le 4 août dernier à Marseille, alors que Souheil El Khalfaoui déposait un ami au distributeur dans le quartier de la Belle-de-Mai dans le 3e arrondissement, une voiture de police arrive et procède à un contrôle. Plusieurs habitants du quartier assistent à la scène et témoignent dans le journal Mars Info Autonome : « Ils étaient d’emblée très agressifs. Ils avaient la haine », « Celui qui parlait à Souheil répétait : […] Tu ne vas pas t’en tirer comme ça ». La voiture du jeune homme a un défaut d’assurance, par peur le jeune homme âgé de 19 ans va donc enclencher la marche arrière pour tenter de se soustraire au contrôle. Au passage il touche un policier à la jambe, puis va s’encastrer sur le trottoir suite au tir d’un autre policier qui touche le jeune homme au thorax.

Pour un des témoins : « C’est dans la manœuvre pour reculer sur l’autre rue, qu’il a touché à la jambe le policier resté à l’avant du véhicule. Il a été légèrement touché et il est tombé à terre. Ça se voyait qu’il n’avait presque rien. Il s’est vite relevé. ». L’ami de Souheil qui est à la place passager sera placé en garde à vue, violemment arrêté toujours selon les témoins : « Ils avaient tellement la haine ces policiers que la seule chose qu’ils ont faite, c’est sortir l’autre jeune, le passager, le menotter et une fois à terre, lui mettre des coups de latte. Lui, il criait : "mais arrêtez de me frapper ! Vous voyez bien que je ne résiste pas". Au bout de la troisième ou quatrième fois, ils ont fini par arrêter […] Et ils empêchaient toute personne d’approcher, mais comme il commençait à y avoir plus de monde, ils n’ont pas pu empêcher une femme de venir comprimer le torse du jeune, avec un T-shirt qu’un homme venait de retirer et de lui donner. » Atteint au thorax, Souheil El Khalfaoui succombe avant l’arrivée des pompiers, quinze minutes plus tard. Plusieurs voisins ayant suivi l’intégralité du contrôle depuis leur fenêtre racontent : « On criait pour qu’ils appellent les pompiers, une ambulance. Mais ils ne faisaient rien. […] Ça a duré au moins sept à huit minutes avant qu’ils acceptent enfin d’appeler les secours. Pendant ce temps, le jeune se vidait de son sang ! ».

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Légitime défense pour les policiers, criminalisation pour la victime.

Dès le lendemain, les média donnent la parole aux syndicats policiers, notamment Alliance qui défend ses collègues en invoquant la thèse de la légitime défense. Gérald Darmanin, tweet même en soutien aux policiers. Les articles de presse font état d’un jeune « chauffard », « connu des services de police », en réalité pour des délais mineurs : consommation de cannabis. C’est ainsi qu’on justifie la mort d’un jeune homme de 19 ans père d’un enfant de 14 mois.

Dans tous les meurtres policiers, la légitime défense couplée à la criminalisation de la victime est un élément central de communication pour les légitimer. C’est aussi un argument pour rendre légaux tous types d’usage d’arme à feu lors d’un contrôle, même si cela entraîne des blessures graves ou la mort de la personne visée. Cet usage est rendu possible par la loi du 28 février 2017 dite aussi loi du « permis de tuer ». En effet l’article L. 435-1 du code de la sécurité intérieure a permis l’extension d’une loi très répressive sur l’usage des armes à feu qui auparavant s’appliquait aux militaires de la gendarmerie aux agents de police. Cet article permet aux policiers d’user de leurs armes à feu, si la personne, ou le véhicule de la personne représente un danger pour eux, or comme le soulignait le Syndicat de la magistrature, à l’époque du vote de la loi, les forces de l’ordre « se considéreront légitimes à user de leurs armes – et potentiellement de tuer – dans des conditions absolument disproportionnées ». Cette loi à entraîner une augmentation du recours aux armes à feu entre 2016 et 2017 de 54 %.

Toujours selon les témoignages publiés par Mars Info Autonome : « Le policier touché par la voiture s’est relevé et il a même participé à l’arrestation, c’est bien le signe qu’il n’avait rien, même pas une fracture. Il s’est remis à avoir mal et à ne plus bouger quand l’ambulance est arrivée. », une femme complète « La version de la légitime défense, c’est n’importe quoi. Le policier qui a tiré était complètement hors de portée du véhicule ». Plusieurs vidéos qui ont circulé et que Révolution Permanente a pu visionner confirment cette version, mais face à l’horreur des images et en accord avec la famille nous avons fait le choix de ne pas les diffuser.

Dans Libération le père de Souheil témoigne : « Je voudrais comprendre comment l’IGPN peut justifier le tir mortel, alors que les témoins oculaires attestent du fait que le tir a été réalisé tandis que le policier touché, resté debout, s’était dégagé et était hors de tout danger. […] Je voudrais comprendre comment un équipage de trois policiers a pu laisser mon fils agonisant plusieurs longues minutes sans prodiguer les premiers secours. »

Mobilisation pour la vérité et la justice

Encore une fois oui, la police tue. Le nom de Souheil El Khalfaoui s’ajoute à la longue liste des victimes de violences policières, du racisme systémique, à l’image d’Adama Traoré, de Gaye Camara et tant d’autres, qui dans les quartiers populaires sont tués pour ce qu’ils sont.

Dans la lignée de la marche blanche du 11 août dernier pour demander l’ouverture d’une information judiciaire « afin que l’enquête soit menée en toute transparence et que la vérité soit faite sur les circonstances exactes de ce décès », la famille de Souheil El Khalfaoui organise trois journées de discussions, échanges et mobilisation sur les violences policières, les 12, 13 et 14 novembre à la Canebière à Marseille, avec pour mot d’ordre « Vérité pour Souheil, Vérité pour tous ».

Révolution Permanente soutient la famille de Souheil et appelle à participer à cet évènement. Soyons nombreux.ses pour exiger vérité et justice pour Souheil et toutes les victimes de violences policières !


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