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Grève générale contre Macron !

Soutenir les grèves, étendre les comités d’action : le réseau pour la grève générale se structure

Alors que les grèves reconductibles contre la réforme des retraites traversent une période charnière, le réseau pour la grève générale continue de se donner l’objectif de les renforcer et de les faire tenir, malgré la politique de sortie de crise de l’intersyndicale.

Arthur Nicola

5 avril 2023

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Soutenir les grèves, étendre les comités d'action : le réseau pour la grève générale se structure

Crédits photo : Réunion du Réseau pour la grève générale le 21 mars 2023

Ce sont à nouveau près de 250 syndicalistes, étudiants et militants qui se sont réunis pour la quatrième fois avec le Réseau pour la grève générale ce mardi 4 avril, à Paris et en distanciel. L’occasion non seulement de faire un bilan d’étape sur les grèves reconductibles en cours, tant sur les difficultés qu’elles rencontrent que sur les potentialités de la situation politique, mais aussi de dresser une orientation pour celles et ceux qui veulent construire la grève générale pour gagner. Anasse Kazib, aiguilleur dans la gare de triage du Bourget, introduit la réunion sans faire fi des difficultés : « après le 49.3, après une phase explosive après le 23 mars, on est passée avec une période plus de reflux. Beaucoup de secteurs ont tenu la grève reconductible pendant plus de vingt jours, et il y a aujourd’hui beaucoup de question sur où va le mouvement, et est-ce qu’un rebond et une victoire sont encore possibles ? ».

Pour répondre à cette question, de nombreux secteurs en grève étaient représentés : plusieurs raffineries, des éboueurs de Paris et du SIVOM (91), des grévistes de l’énergie (centrales de Paluel et Nogent), électriciens de Moselle et de Gironde, cheminots, salariés de la RATP, de Transdev et de Roissy Charles de Gaulle. Des salariés de la santé, de la poste, de la culture, du secteur du travail social, de l’industrie automobile, aéronautique et aérospatiale, de l’industrie agroalimentaire, du secteur de l’éducation, des jeunes de plusieurs établissements scolaires, des avocats, des artistes et des intellectuels étaient aussi présents.

« L’intersyndicale nous mène droit dans le mur »

Alors que la lutte contre la réforme des retraites entre dans sa douzième semaine, dont sa quatrième en grève reconductible pour celles et ceux qui ont entamé le mouvement le 7 mars, la critique de la politique de l’intersyndicale est au cœur des discussions. Une discussion qui a commencé sur le rôle de l’intersyndicale dans le début de la mobilisation. Si, pour certains, c’est l’unité syndicale qui a permis la massivité du début du mouvement, pour d’autres, c’est la pression à la base qui a obligé l’intersyndicale à se montrer unie. Mais ce qui fait accord partout, c’est que l’actuelle politique de l’intersyndicale mène le mouvement dans le mur. « A quoi bon aller chez Borne ? se demande une cheminote, cela ne fait que semer des illusions comme quoi on pourrait régler le problème dans des réunions, alors que tout va se jouer dans la rue. Et le pire, c’est qu’ils font cela pendant que des réquisitions de grévistes ont lieu et que la police débarque sur les piquets de grève ». La politique de dialogue avec le gouvernement, mais surtout les journées « saute-mouton » de 24h sont au cœur du problème : « plutôt que chercher une porte de sortie comme le fait Berger, il faudrait envisager trois jours de grève consécutifs » avance Sylvain, électricien à la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime).

Face à cette politique, le réseau a tenu à publier une tribune, rassemblant 250 syndicalistes, militants et intellectuels qui est sortie le 5 avril dans le journal Politis. Une tribune qui rappelle que « l’heure n’est pas au compromis, mais à rompre avec ce qui n’a pas marché jusqu’ici et à mettre en place une stratégie pour gagner. C’est l’inverse que fait l’intersyndicale, appelant sur le terrain de la mobilisation à une nouvelle journée de grève isolée, 9 jours après la précédente, alors que des secteurs sont en reconductible depuis 20 jours et à la veille des prochaines vacances scolaires. Un calendrier qui ne peut que casser la dynamique du mouvement et l’affaiblir. »

Soutenir les grèves reconductibles : la priorité du réseau

L’avenir de la mobilisation n’est pas entre les mains du réseau, tous les participants en sont conscients. Malgré cela, pour les participants, la nécessité de tout faire pour maintenir les grèves en reconductible était au cœur de la discussion. Le soutien apporté à différentes grèves, comme la délégation devant la raffinerie de Normandie face aux réquisitions, mais aussi devant le technicentre Atlantique, qui entretient les TGV de Montparnasse, ou encore devant le SIVOM, éboueurs de l’Essonne en grève reconductible, ont été autant d’actions organisées par le réseau pour aider les grèves en reconductible. Au cœur de ces actions, la solidarité morale et la création de liens entre les luttes, mais aussi la construction de caisses de grèves pour tenir dans la durée. Alors que c’est l’isolement qui pèse le plus sur les grèves reconductibles, cette forme de solidarité, qui s’est par ailleurs exprimée largement envers les éboueurs, qui peut être parfois déterminante, comme cela l’a été sur la raffinerie de Normandie. « A notre niveau, on a empêché pendant près de 50 heures les réquisitions devant la raffinerie : c’est la force du réseau » rappelle Adrien Cornet, de la raffinerie Total Grandpuits. « Les camarades normands en parleront toute leur vie d’avoir vu des jeunes, des travailleurs se rendre depuis Paris sur leur piquet pour récupérer leur piquet face à la police. C’est pour ça qu’on doit être déterminé à maintenir et consolider ce réseau » conclut-il.

Pour les prochains jours, les comités d’action parisiens du réseau appellent, dans la continuité de cette politique, à venir soutenir les grévistes du SIVOM et de Châtillon, ainsi que les salariés de Roissy Charles de Gaulle le 6 avril.

Pouvoir être décisifs sur certaines grèves, face aux réquisitions et à la démoralisation : voilà l’objectif du réseau pour la grève générale. Depuis le 7 mars, les participants tentent de lancer, partout où c’est possible, des comités d’actions, afin de rassembler le maximum de secteurs en grève reconductible sur un secteur donné, mais aussi les soutiens extérieurs qui peuvent aider ponctuellement, pour des blocages, des rassemblements, etc. Plusieurs de ces comités ont vu le jour en région parisienne, dans le 77, mais aussi en Moselle, à Bordeaux et à Toulouse. Finalement, en région parisienne, c’est notamment un comité d’action centré sur la culture qui a vu le jour. La réunion a acté d’une réunion nationale en présentiel qui devrait se tenir après le rendu du Conseil Constitutionnel, pour réfléchir aux suites de la mobilisation.


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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