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Débat organisé par Révolution Permanente

Succès pour la conférence « Etat d’urgence, Etat d’exception »

Mercredi soir, c'est dans le XVIIè arrondissement que s'est tenu la première d'une série de conférences organisée par Révolution Permanente à Paris, en présence de près de 140 personnes. L'occasion de sortir la tête du guidon et de revenir sur les origines et les fondements de l'état d'urgence, afin de s'armer au mieux pour résister aux temps à venir.

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De quoi l’état d’urgence est-il le nom ?

Le débat a commencé par une introduction d’un camarade membre de la rédaction de Révolution Permanente. Celle-ci a permis de revenir en premier lieu sur les origines de l’état d’urgence. Cette modalité de gouvernement provient en effet des tout débuts de la Vè République. A l’époque, dans les années 1950 et 1960, pour ne pas avoir à déclarer l’état de siège contre les nationalistes algériens – ce qui aurait conduit à reconnaitre que l’Etat français menait bien une guerre contre son ex-colonie – le gouvernement a recours à une pirouette sémantique : ce sera « l’état d’urgence ». Ainsi, dès l’origine, l’état d’urgence est en premier lieu une guerre contre « l’ennemi intérieur », autrefois nommé « les français musulmans d’Algérie » qui étaient sous le coup du couvre-feu dans l’Hexagone. Cette origine coloniale de l’état d’urgence n’est pas sans faire écho avec ce qu’il signifie concrètement depuis son instauration en novembre dernier : la stigmatisation d’une population « étrangère » (les musulmans ou personnes assimilées comme tels et les migrants) et le renforcement de toutes les méthodes répressives de l’Etat français. A l’époque, on noyait les algériens dans la Seine et on assassinait les militants au métro Charonne ; aujourd’hui on assassine les présumés terroristes à la Goutte d’or et on jette en prison les salariés qui se battent pour leur emploi.

A l’origine du bonapartisme français

Cette origine coloniale de l’état d’urgence ne peut être comprise sans analyser, plus profondément, les fondements plus structurels de l’Etat français et de ses contradictions. Nous sommes déjà revenus dans un article précédent sur les raisons structurelles des tendances bonapartistes de l’Etat français. En effet, le caractère rentier et militariste du capitalisme français le pousse depuis longtemps à développer un Etat fort, centralisé qui lui donne les moyens d’aller plus vite que ce que ne permet le seul « dialogue social » tenté par Hollande au début de son mandat. En ce sens, la mise en place de l’état d’urgence n’a été qu’un renforcement qualitatif de ce qui fait la marque de l’Etat français, ainsi que de ce qui aura marqué le quinquennat de Hollande.

Comprendre l’état d’urgence pour mieux le combattre !

Les objectifs de l’état d’urgence, loin d’être ceux de nous « protéger », sont de museler « l’ennemi intérieur » : qu’il soit musulman, immigré, militant écologiste ou syndicaliste. La presse patronale, citée pendant l’introduction, a d’ailleurs été très au clair sur ce que signifiait pour elle la condamnation des Goodyear : il s’agit pour eux de « poser une limite au combat syndical légitime ». Cet aveu, venant tout droit de la bouche des éléments les plus conscients des sphères patronales, doit nous faire réfléchir. Les classes dominantes sont en train de faire leur test, en recherchant les meilleures modalités de pouvoir pour imposer leurs prochaines attaques. Ce constat nous a permis de revenir sur les fondements du projet de Révolution Permanente, d’un quotidien militant qui prenne position du côté des opprimés et des exploités, et tente de devenir un outil pour résister dans la situation actuelle face à l’état d’urgence et à la guerre.

Face à cet état d’urgence, une multiplicité de collectifs est en train de naître un peu partout en France : contre l’état d’urgence, contre la déchéance de nationalité, contre la guerre, contre la condamnation des Goodyear. Les premières mobilisations ont été un succès avec le 30 janvier, près de 40 000 personnes en France contre l’état d’urgence, malgré une pluie battante, le 4 février, plus de 10 000 personnes, Place de la Nation à Paris, en soutien aux salariés de Goodyear. A nous de les fédérer ! Immigrés stigmatisés, écologistes perquisitionnés, syndicalistes condamnés, pacifistes en colère... à nous de nous donner les outils pour construire les convergences rendues nécessaires par cet état de guerre permanent. Ces outils, nous devons les puiser dans une compréhension profonde de ses causes et de ses objectifs, en combattant pied à pied ce que l’Etat français et les intérêts qu’il défend cherche à nous imposer. C’est sur ces belles paroles que s’est conclue la conférence, en espérant se revoir à la prochaine échéance, mais aussi dès le 12 mars, pour la prochaine manifestation contre l’état d’urgence !


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