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Suicides au lycée à Paris et Tarbes. Quand la rentrée des classes signifie le retour du cauchemar

Capucine Le lundi de la rentrée Thomas, lycéen de 1ère S su lycée Charlemagne à Paris, se suicide. Il a mis fin ses jours en se défenestrant du 4ème étage de son lycée quelques minutes seulement après l'ouverture. Décrit par son entourage comme un élève brillant et solitaire, le lieu choisi n'est sans doute pas un hasard. A Tarbes, le même jour, c'est une lycéenne de seconde qui s'est défenestrée, « brillante élève » elle aussi.

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Pourtant dans ces deux lycées, l’ambiance était plutôt au déni ce jour là. A Charlemagne, comme le raconte une élève du lycee interrogée dans la presse, « Toute la matinée de lundi, on nous a parlé d’un accident, d’un élève qui s’était blessé. Le mail envoyé plus tard à nos parents reprenait les mêmes mots ». Ce camouflage ne peut que faire comprendre un peu mieux pourquoi ce jeune lycéen n’a sans doute pas pu exprimer sa souffrance autrement que par ce geste, en plein cœur de son lycée où il devait pourtant passer toutes ses journées. Dans les médias et dans les discours des autorités, le même déni : dans L’Express, on parle d’un lycéen « mort en tombant du quatrième étage » ; dans Metronews, il est « victime d’une chute mortelle ». Autant de mots pour essayer de faire passer ce drame pour un accident, alors même qu’au lycée, tout le monde explique qu’ « à cet étage, les fenêtres (des petites lucarnes ovales qui pivotent sur elles-mêmes) sont difficiles à ouvrir. C’est impossible de passer au travers accidentellement ». Mais la palme du discours hypocrite revient sans doute à l’inspecteur académique des Hautes-Pyrénées, Hervé Cosnard, qui explique, pour mieux camoufler la détresse de cette jeune lycéenne de Tarbes, qu’un suicide dans un établissement scolaire est quelque chose de "tout à fait exceptionnel".

En réalité, ces faits divers ne font que refléter la pression qui existe dans les bahuts et qui s’exerce de manière très élitiste dans les lycées d’excellence comme Charlemagne. Dans ces lycées et dans tant d’autres, règnent une forme de compétitivité, d’esprit de réussite et de mérite caractéristiques d’une société basée sur l’individualisme. La situation de Thomas montre une profonde contradiction : aux yeux du système scolaire il était un exemple de réussite alors que personnellement il vivait une grande souffrance. Elle montre à quel point le lycée est un cadre d’oppression institutionnel : à l’âge ou l’on construit sa personnalité on nous impose un cadre strict, en cours on ne parle pas on écoute, le choix des cours n’est pas possible, de l’emploi du temps non plus et nous devons respecter une sorte de « code vestimentaire » (par exemple ne pas porter de jupe « trop courte »). La réussite tient surtout aux notes, également responsables d’une forte pression familiale, ainsi, le but du travail scolaire n’est plus le savoir en lui-même mais la réussite.


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