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Violences policières

Sursis et relaxe requis pour les violences des policiers de la brigade des « Tigres »

Quatre policiers comparaissaient en correctionnelle ce 21 et 22 février, accusés, par de nombreuses sources, de violences volontaires. La relaxe a été demandée pour l’un d’entre eux, la prison avec sursis pour les trois autres. Un procès qui, au-delà des policiers impliqués, montre le caractère systématique de ces violences et du système judiciaire qui les accompagne.

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De quoi le jugement des policiers de la brigade des « Tigres », ayant exercé des violences quotidiennes sur des jeunes d’un quartier du XII arrondissement de Paris, est-il le nom ? Pour la justice en charge de l’affaire, la réponse est claire : il s’agirait d’individus qui auraient dépassé le cadre de leur fonction. En conclusion du procès, une des procureurs en charge de l’affaire déclarera même : « la loi est plus exigeante envers les fonctionnaires de police qu’envers les citoyens ordinaires. À partir du moment où la loi dit qu’on attend plus d’un policier sur la maîtrise de soi que d’un citoyen, ça montre bien qu’il n’y a pas de complaisance ». Pourtant, au vu de ce que révèle ce procès, il est permis d’en douter.

D’abord, on sera étonné de la légèreté des peines requises face à la gravité des faits reprochés. Une relaxe et des peines de sursis pour des accusations de violences systématiques des années durant sur des jeunes principalement mineurs. En tout et pour tout, 44 faits de violence ont été rapportés à l’IGPN en amont du procès. De plus, un collègue des policiers membre de la même brigade a dénoncé la violence des policiers incriminés dans une déclaration jointe au dossier, et ce malgré les « tensions » que cela a suscité. Pourtant, cette montagne accouche d’une souris qui semble bien dérisoire : une relaxe et de la prison avec sursis, entre trois et cinq mois, pour les trois autres policiers.

Au-delà de la faiblesse des peines requises, il y aura eu une attaque à charge systématique des plaignants de la part de ceux qui sont censés appliquer la « justice ». D’abord, sur les 44 faits rapportés, seuls 4 ont auront été conservés dans le cadre du procès. D’autre part, une même question aura été posée 7 fois au cours du procès à l’adresse des plaignants : « Pourquoi n’avez-vous pas déposé plainte à ce moment-là ? ». Une tentative de décrédibilisation de la parole des victimes dont la réponse sera toujours de la même teneur et qui semble tomber sous le sens : la crainte des représailles. A l’image de Y. M., mère d’une des victimes : " Mon fils m’a dit ‘déjà, quand je porte pas plainte, c’est compliqué’. Il a peur. Il me dit que je ne me rends pas compte, que ce n’est pas moi qui prends. Moi je lui réponds que je prends la même chose dans ma tête ».

Cette crainte des représailles est alimentée par le fait que les policiers sont en réalité hors d’atteinte. Il s’agit d’abord, pour ceux qui en ont le courage, d’aller porter plainte dans un commissariat où bien souvent exercent ceux mêmes qui les ont agressés , auprès de leurs collègues. D’autre part, les condamnations de policiers sont rarissimes, même quand ceux-ci sont coupables d’assassinat. Dans ce contexte, il semblerait logique, pour une « justice » digne de ce nom, d’accompagner les victimes dans la libération de la parole plutôt que chercher à jeter l’opprobre systématiquement sur les faits qu’ils rapportent. D’autant plus dans un contexte où les médias dominants se mettent systématiquement du côté des coupables, comme dans le cas de l’affaire Théo récemment ?

Pourtant, aussi légère soit-elle, et dans l’hypothèse qu’elle soit confirmée, c’est bien une condamnation qui a été demandée cette fois-ci par la justice. Un fait rarissime malgré la récurrence des affaires de violences policières – qui causent la mort d’une dizaine de personnes par an. Mais cette demande de condamnation sert surtout à légitimer une institution policière et son impunité face à des violences trop grosses pour être camouflées. Elle sert, en pointant de « mauvais flics », à sous-entendre qu’il y en aurait des « bons » et par là à masquer l’essentiel : à savoir que l’institution policière, ainsi que l’ensemble du système judiciaire et législatif aujourd’hui a surtout pour fonction de maintenir l’ordre et la ségrégation dans les quartiers populaires, par exemple à travers les « contrôles au faciès » qui servent de justification principale au harcèlement policier qui y sévit.

C’est cela qui explique que des policiers, grisés par l’impunité que leur donne le système, puissent aller « trop loin », et se retrouver dans un procès. La défense des policiers incriminés, interloqués de se retrouver de ce côté-ci de la barre, n’en est d’ailleurs que trop explicite au cours du procès : « vous n’allez pas nous sanctionner pour ces délinquants ». C’est parce que ces policiers révèlent ce qui doit être caché, ce qui se joue dans les quartiers populaires, que ces même policiers se retrouvent à être condamnés par la « justice ».

crédits photo : AFP


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