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IMSI Catchers

Surveillance de masse : le gouvernement renforce son dispositif pour espionner nos smartphones

En pleine pandémie mondiale, le gouvernement renforce son dispositif de surveillance de masse. Retour sur l’augmentation des IMSI Catchers, ces dispositifs qui permettent d’infiltrer nos téléphones et depuis quelques années de surveiller les militants.

Olga Hagen

27 mai 2021

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Crédit : Thomas Coex, AFP. Marche des libertés, le 28 novembre à Paris.

La Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), saisie par Jean Castex en janvier, a donné son autorisation pour augmenter de 66 % le nombre de dispositifs d’interceptions des communications téléphoniques, les IMSI Catchers.

Ces appareils ont connu le jour légalement depuis 2015 en France, dans le cadre de la loi Renseignement. Dissimulés dans un sac ou transportés dans un véhicule, ils simulent une antenne relais sur laquelle viennent se connecter tous les téléphones mobiles aux alentours. Aussitôt fait, le dispositif peut capter leurs données et les tracer : SMS, contacts, communications en cours, fichiers enregistrés… Il permet aussi écouter les communications, ou encore localiser les interlocuteurs. « C’est comme si j’avais ton téléphone dans la main, sans mot de passe. Ça choppe tout. » déclare Noam Anouar, agent de renseignement, dans un interview accordé à Thinkerview.

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) avait déjà émis des réserves en 2015 sur cette technologie, caractérisant un « profond changement de nature dans les mesures de surveillance légalement autorisées ». Ils rappellent dans leur décret que cette technologie permet «  de collecter, de manière indifférenciée, un volume important de données, qui peuvent être relatives à des personnes tout à fait étrangères à la mission », provoquant « des conséquences particulièrement graves sur la protection de la vie privée et des données personnelles  »

Et les services de renseignement ne sont pas les seuls à pouvoir en user : depuis 2016, la police judiciaire y a également accès sur décision d’un juge. Au départ, l’IMSI Catcher devait servir à traquer les terroristes et la criminalité organisée ; désormais, il sert aussi à surveiller les manifestations et les militants politiques. Ce fut notamment le cas des militants antinucléaires de Bure, avec « des dizaines de personnes placées sur écoute, un millier de discussions retranscrites, plus de 85.000 conversations et messages interceptés, plus de 16 ans de temps cumulé de surveillance téléphonique » d’après le dossier de Reporterre et Mediapart.

Avec 60 IMSI Catcher en tout, le quota national était réparti de la sorte : 35 IMSI Catcher pour la sécurité intérieure, 20 pour la défense, et 5 pour les douanes. Mais leur nombre a été porté à 100 depuis janvier suite à l’autorisation de Castex, augmentant de 66 %. Et pour la première fois, un autre service bénéficie de ses services : le Service National du Renseignement Pénitentiaire (SNRP), qui en dispose aujourd’hui de 5 pour « prévenir les évasions ou les émeutes, lutter contre la radicalisation et la criminalité organisée ».

De plus, la loi Renseignement de 2015 va être mise à jour suite à l’attentat de Rambouillet, laissant prévoir un renforcement encore plus drastique de la surveillance. Entre autres, elle prévoit une expérimentation étendant le concept de de l’IMSI Catcher : celle d’intercepter les correspondances, par voie satellitaires. Les écoutes seront ensuite délivrées pour 30 jours, mais renouvelables autant de fois que nécessaire. Elle prévoit aussi de collecter et analyser en masse les adresses URL visitées par les internautes et avec possibilité de les conserver plus de 5 ans.

Cet arsenal de surveillance de masse ne date pas d’hier, mais le saut drastique qu’il connaît et qui se prépare, fait suite à la loi Sécurité Globale, actant la généralisation des drones pour surveiller les manifestations et les quartiers populaires, la banalisation du fichage, la reconnaissance faciale, etc. Toutes ces mesures liberticides viennent augmenter progressivement la surveillance d’État et les possibilités répressives de gouvernements qui savent qu’ils font face à une colère de plus en plus importante et à une augmentation de la lutte de classe. Il est aujourd’hui essentiel de combattre toutes ces mesures qui s’abattent sur celles et ceux qui contestent l’ordre établi et de construire un rapport de force à même de les faire retirer.


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