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#BalanceTonMaire

Taxe d’habitation : la supercherie du gouvernement et de l’opposition

Face à la fronde des élus locaux, le gouvernement a du se désolidariser ce lundi du hashtag #BalanceTonMaire lancé sur les réseaux sociaux par des militants LREM. Derrière cet accrochage se révèle en filigrane le jeu de dupes du gouvernement et de l’opposition, dont les contribuables seront les grands perdants.

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Le hastag #BalanceTonMaire est apparu ce vendredi sur Twitter, établissant un parallèle odieux avec le mouvement #BalanceTonPorc, qui avait permis à des millions de femmes d’exprimer, souvent pour la première fois, les agressions sexuelles dont elles avaient été victimes. Trois jours plus tard, le gouvernement a du se délimiter, face à la gronde grandissante, de cette campagne lancée par des militants de sa propre majorité. Gilles Legendre, président des députes LREM, a ainsi pris ses distances en expliquant : « ce n’est pas une initiative de député [de la majorité], c’est une initiative de militants très marginaux ». Pourtant, c’est bien le gouvernement qui avait le premier initié à l’origine cette campagne, en publiant la liste des 55 communes de plus de 10.000 habitants qui avaient décidé une augmentation de la taxe d’habitation cette année. Le but de cette manœuvre pour le gouvernement : camoufler la supercherie que constitue la suppression de la taxe d’habitation, mesure-phare du programme de Macron pour « améliorer le pouvoir d’achat ».

En effet, celui-ci avait annoncé la suppression de cette taxe pour 80% des ménages. La mise en œuvre concrète de cette mesure avait déjà donné lieu à un premier recul, puisque celle-ci serait dans un premier temps seulement réduite de 30%. De plus, cette annonce ne prend pas en compte les hausses des impôts locaux que peuvent décider librement les élus. Cette année, sur les 36.000 communes, 6.000 ont choisi d’augmenter leur taxe d’habitation et 11.000 ont choisi de relever la taxe foncière. Pour un certain nombre de contribuables, la baisse annoncée n’aura donc pas vraiment lieu. De plus, il est probable que la hausse se poursuive dans les années à venir.
En réalité, les collectivités locales, confrontées à la baisse quasi-continue des dotations depuis plusieurs années, n’ont pas vraiment le choix si elles veulent maintenir le bon fonctionnement de leurs services. Et si le gouvernement a assuré qu’il compenserait chaque centime perdu de la perte de la taxe d’habitation pour les communes, les choses sont en réalité loin d’être aussi simples. D’une part, parce que les élus locaux ne bénéficient d’aucune garantie sur cette compensation. D’autre part, parce que les moyens de faire baisser les dotations globales sont nombreux.

Les 36.000 maires du territoire sont les mieux placés pour connaître le projet de Macron qui s’inscrit dans la continuité des gouvernements précédents. En effet, après la réforme de la taxe professionnelle en 2010, la suppression de la taxe d’habitation va venir ôter un nouveau levier fiscal aux collectivités, qui était à la base de leur relative autonomie financière. Opérée au nom d’arguments techniques, sous couvert de « bonne gouvernance », ce processus de recentralisation des impôts, préconisé par des « experts » de la gestion publique depuis plusieurs années, permet à l’Etat de reprendre la main sur les finances locales, et d’appliquer des plans d’austérité déguisés en faisant porter la responsabilité sur les communes.

Cette mécanique suscite à raison la fronde des élus locaux qui connaissent de plus en plus de difficultés à boucler leur budget chaque année. Une fronde que tente d’instrumentaliser l’opposition, LR et PS en tête, qui ont beau jeu de dénoncer une réforme qui est dans la droite ligne de ce que ces partis ont pu faire quand ils étaient au pouvoir. Une chose est sûre en tout cas, derrière les postures et les affichages, ce sont bien les contribuables qui trinqueront, que ce soit en terme fiscal ou de diminution des services offerts par les collectivités territoriales. Et c’est bien ça que cherche à cacher le gouvernement aujourd’hui.


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