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Précarité

Témoignage. Fermeture des bars : "J’ai du continuer à travailler clandestinement"

Malgré la fermeture des bars et restaurants, certains ont du poursuivre le travail en arrière boutique, illégalement, dans de mauvaises conditions. Témoignage d'un salarié.

20 octobre 2020

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Le 12 octobre, la préfecture de la région Occitanie Haute-Garonne émettait l’arrêté qui établissait la fermeture des bars, restaurants, et salles où le rassemblement de personnes permettrait la propagation de la COVID. Les intérêts économiques des restaurateurs et commerçants se voyaient menacés et quatre jours plus tard, le tribunal administratif annonçait la réouverture de bars et restaurants sous certains mesures.

D’autres, voyant leurs intérêts économiques menacés, ont préféré la « clandestinité ». Quoiqu’il en soit, ce sont toujours nous, les travailleurs, qui risquons le plus.Je suis étudiant à l’Université et salarié à mi-temps. J’enchaîne deux jobs, le samedi et le dimanche dont dix heures par semaine dans une salle qui accueille du public. Pour ce travail, mon CDD a déjà été renouvelé deux fois, dont la dernière fois pour 6 mois.

Après l’arrêté du 12 octobre, les patrons se doutaient qu’il devraient fermer, et même s’ils étaient très réticents, ils ont cependant dû fermer officiellement. Néanmoins, ils trouvent toujours le moyen de continuer à nous faire travailler clandestinement. Ils nous ont annoncé que nous devons continuer de venir travailler, que l’établissement continuera à recevoir des groupes de clients qui auraient réservé à l’avance.

Moi j’étais obligé d’y aller, de faire mon travail : accueillir le public et nettoyer. Le responsable m’a dit que je devais travailler normalement, comme d’habitude. Je ne peux pas refuser et risquer de perdre mon travail. Je dois payer mon loyer, les charges, mes études (heureusement que j’ai commencé la fac il y un an sinon avec les augmentations des frais d’inscription pour les étrangers je n’aurais pas pu continuer mon master). Je n’ai aucun autre moyen de financement, je n’ai ni bourse, ni ma famille qui peut m’envoyer de l’argent. Mon seul revenu, c’est mon travail.

Le premier samedi après la fermeture officielle, les clients qui avaient réservé en avance sont venus. Ils connaissaient le plan et la marche à suivre au moment d’arriver à la porte. La façade cachait la porte de la salle. L’accueil sans lumière, les volets fermés... Sur la porte qui devait toujours être fermée à clefs depuis l’intérieur étaient affichés deux mots : le premier pour des renseignements téléphoniques, et le dixième indiquait où sonner pour appeler l’accueil.

Dès l’heure de l’ouverture de la salle, j’ai discuté avec le responsable pour lui dire que je n’étais pas d’accord avec ce qu’ils faisaient, que c’était illégal. Il faisait tout pour que les clients ne le sachent pas, me faisait des signes pour m’indiquer de baiser la voix, pour éviter que les clients présents puissent m’entendre. Il m’a aussi dit qu’il était sous les ordres des patrons et qu’ils étaient conscients du risque (équivalent -comme il l’a déclaré-à une « simple amende »). Il m’a dit que je ne risquais rien, que tous les risques étaient pour eux. A leurs yeux, le risque est purement économique, sans que ne rentre en ligne de compte les risques d’infection.

Pendant la journée, j’ai comptabilisé environ quarante ou cinquante personnes à l’intérieur. Au moment où je nettoie, je vois que l’issue de secours est aussi bien fermée, empêchant les gens de sortir en cas de danger.

Je suis totalement dégoûté et trop mal à l’aise. Ils mettent les vies des clients, et surtout les nôtres en danger : celles des salariés précaires qui n’ont que leur travail pour vivre, qu’on a que notre travail pour vivre chaque jour. Ils sacrifient la santé des clients, la santé et le revenu quotidien de leurs salariés, pour conserver leurs profits.

Crédit photo : Maxppp - Philippe de Poulpiquet


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