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Une habitante de Saint-Denis raconte la journée du 18 novembre

Témoignage. Quand l’état de guerre s’invite dans mon quartier

E., habitante de Saint-Denis 4h30, réveil en fanfare par des bruits d’explosions et de coups de feu dans le centre-ville de Saint-Denis, à deux pas de chez moi. C’est l’angoisse. Ça y est, je m’imagine que la ville est frappée par un nouvel attentat. Je n’ose m’approcher des fenêtres mais j’entends les sirènes qui retentissent puis de nouveaux coups de feu et des grenades qui explosent.

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Un petit temps se passe avant de comprendre, par les premières informations médiatiques, que l’immeuble à quelques rues de chez moi fait l’objet d’un assaut des forces de l’ordre.

Le centre-ville se retrouve en état de siège, l’armée s’invite et quadrille tout un périmètre de sécurité à l’intérieur duquel il est déconseillé de sortir de chez soi.

L’assaut dure plusieurs heures. Fin de l’assaut, l’état de siège se lève. Le bilan de cette intervention est lourd : deux djihadistes tués dont une kamikaze, sept interpellations, cinq policiers blessés.

Pour les habitants tout d’abord, le choc est immense d’apprendre que cet immeuble abritait des responsables de l’attentat de Paris, alors même que nous sommes des milliers à passer devant tous les jours. Mais très rapidement, c’est une autre forme de peur qui fait son apparition. Une véritable zone militaire s’installe où l’armée et les forces répressives jouent au tout-sécuritaire par des perquisitions, des fouilles au corps des habitants, les tenant en joue de façon tout à fait arbitraire.

Fin d’après-midi, des policiers perquisitionnent l’immeuble d’en face, fouillent les voitures de fond en comble, intérieur et extérieur, trois voitures sont enlevées. Ils repartent.

Notre quartier est devenu une zone de guerre. Toute la journée, on entend les sirènes de la police, les hélicoptères. Toute la journée, c’est le discours militariste du gouvernement que l’on entend. « Les actions [de Saint-Denis] nous confirment que nous sommes en guerre » martelait encore Hollande.

Le climat de peur et de terreur instaurée auprès de la population est un moyen, au-delà de l’intervention de la matinée, d’intensifier le contrôle de la population. Personne n’est à l’abri d’une fouille brutale, fusil braqué, qui ajoute de la terreur à la terreur.

Pour nous, habitants de Saint Denis, état d’urgence rime désormais avec contrôle au faciès, militarisation de notre quartier et climat de tension maximal, rendant l’air irrespirable. Il est clair que nous devons refuser cet état d’urgence qui sera prolongé et renforcé car il n’aura pour conséquence que le renforcement des amalgames et de la stigmatisation des banlieues.


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