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Répression

Témoignage exclusif : Mise en GAV pour une banderole « Macronavirus, à quand la fin ? » à Toulouse

Nous relayons le témoignage accablant des habitant·es de Toulouse, réprimé·es pour avoir affiché une banderole « Macronavirus, à quand la fin ? » sur le mur de leur maison. La police a mis une des personnes concernées en garde à vue pour « outrage au chef de l’État » et continue aujourd’hui de mettre la pression à l’ensemble de la colocation. Affaire à suivre

Gabriella Manouchki

28 avril 2020

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[Crédit photo : Lionel Bonaventure / AFP]

Nous sommes un petit groupe d’individus résidant sous le même toit à Toulouse et plusieurs d’entre nous ont décidé d’afficher une banderole au mur de notre maison (qui donne sur la voie publique) dans le but d’exercer notre droit à la liberté d’expression. Sur cette banderole était inscrit le message suivant : « Macronavirus, à quand la fin ? ». Nous avons fait cette banderole dans le but de dénoncer et d’interpeler la population sur la gestion de la crise sanitaire du COVID-19 par le gouvernement de Mr Macron.

Quelques jours après avoir installé la banderole, une commerçante nous relate la discussion qu’elle a eu avec deux agents de police quelques heures plus tôt. Ces derniers l’ont questionnée sur la banderole et sur les personnes qui habitent la maison. Ils ont également demandé si nous étions un squatte, si nous étions des « gilets jaunes », combien nous étions exactement… Quelques temps après avoir affiché ce message, le 21 Avril 2020, nous avons aperçu une première voiture de police stationner devant notre domicile puis, nous avons par la suite eu la visite d’une seconde voiture de police. Cinq « gardiens de la paix » nous ont demandé de sortir de chez nous, ce que nous avons fait. Il nous a ensuite été demandé de décrocher notre banderole, sous le motif qu’il était interdit d’afficher un message à caractère politique, qui plus est sur la voie publique. Nous avons donc retiré l’affiche. Par la suite, ils ont exigé que l’un d’entre nous leur donne son identité avec un document officiel, en nous assurant qu’il s’agissait d’une procédure classique et obligatoire suite à une intervention policière et qu’il n’y aurait aucune suite.

Le lendemain matin, mercredi 22 Avril 2020, les forces de l’ordre se sont postées devant notre domicile en nous demandant de sortir. L’un d’entre nous leur a poliment indiqué par la fenêtre que nous refusions de sortir de notre domicile. Trois policiers ont ouvert la porte et je leur ai rappelé que conformément à la loi ils n’étaient pas autorisés à pénétrer à l’intérieur de notre maison, chose à laquelle ils ont répondu que « la police en avait bien le droit ». Une policière m’a demandé si j’étais bien la personne qui avait donné son identité la veille suite à l’intervention et a rajouté que j’étais convoquée le jour même à 14h30 au commissariat de police de Toulouse pour une audition, sans m’en dire davantage sur les motifs de l’infraction présumée. Je décide par la suite de contacter le commissariat afin de repousser l’entretien au lendemain afin de prendre contact avec des avocats.

Je me présente à l’hôtel de police le 23 avril à 11h, où je rencontre une capitaine de police qui m’annonce que je suis immédiatement mise en garde à vue pour « outrage au chef de l’état ». Les conditions d’hygiène dans lesquelles j’ai été détenue sont absolument déplorables. Aucun masque ne m’a été proposé, les distances de sécurité n’étaient pas respectées, il y avait de l’eau stagnante dans la geôle, pas de savon ou de gel hydroalcoolique et une couverture usagée, non nettoyée. Suite à ma demande, je rencontre mon avocate qui m’accompagne lors de l’audition. Le but de cette entrevue est de connaître l’identité des auteurs de la banderole, ainsi que les opinions politiques de chacun des membres de notre colocation. Aucun nom ne sera donné lors de cet entretien, ni information concernant nos orientations politiques. Je serai relâchée après 4h de garde à vue, suite à la décision du parquet, mais je suis avertie qu’ils n’en resteront pas là et que mes colocataires recevront chacun une convocation pour un entretien. On m’incite également à contacter le capitaine de police afin de venir faire les autres dépositions avant de recevoir les convocations officielles.

Nous entendons bien faire valoir notre droit à la liberté d’expression et nous défendre face à ces pratiques répressives et abusives !


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