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Vers un Brexit dur ?

Theresa May a annoncé le déclenchement de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne

Le « Brexit » est déclenché, c’est la première ministre Theresa May qui a amorcé officiellement le processus à la suite de son discours prononcé ce mercredi 29 mars 2017 devant la chambre.

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crédit photo : Stéphane de Sakutin/ AFP

Environ 9 mois après le vote surprise en faveur de la sortie de l’Union Européenne, le contexte a beaucoup changé, le gouvernement May pousse en faveur d’un « brexit » radical rompant avec l’attentisme.

Neuf mois après le vote

La première ministre britannique, en fonction depuis juillet 2016, vient de prononcer cet après-midi un discours actant le déclenchement de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne. Theresa May a notamment fait part de sa volonté de ne pas faire du « Brexit » une demi-mesure, prônant au contraire une « sortie totale » de son pays de l’Union, et assurant qu’il n’y aura pas « de retour en arrière ». La première ministre a versé dans l’exaltation nationaliste, cherchant à afficher certitude et détermination à l’aube des âpres négociations qui se joueront avec l’UE sur les termes du « brexit ». Le volontarisme du gouvernement May tranche avec la confusion générale qui régnait le 24 juin 2016 au lendemain de la victoire du vote en faveur de la sortie de l’UE. La surprise du « brexit » avait ébranlé les certitudes des multinationales de la city faisant même dans un premier temps plonger légèrement la bourse et la livre. Même les rangs souverainistes peinaient alors à envisager réellement le processus à venir.

L’élection de Donald Trump change la donne

Le 24 juin dernier, Donald Trump n’était pas encore élu et l’annonce du « brexit » a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le ciel Européen et notamment dans la bourgeoisie d’affaire britannique. En perte de vitesse sur le plan international (économique, militaire et diplomatique), le Royaume-Uni voyait alors dans la perspective du « brexit » planer la menace d’une marginalisation durable. L’administration Obama avait en effet très largement et ouvertement pris le parti du maintien du Royaume-Uni dans l’Union. L’Union Européenne, Allemagne et France en tête, affichait alors leur sérénité quant à un vote pour le « stay ». Un scénario qui ne s’est pas réalisé et qui a secoué profondément. Coté européen néanmoins, la commotion n’a pas duré aussi longtemps que de l’autre côté de la manche. L’Allemagne y a vu l’occasion de consolider les bases politiques de l’Union en faisant du Royaume-Uni un exemple à ne pas suivre. De plus, cette auto-éviction du Royaume aurait eu pour effet de renforcer l’étroitesse des liens entre l’Allemagne et les Etats-Unis, qui ne se seraient plus vus dans l’obligation de consulter les Britanniques avant de discuter avec les Allemands. Côté français, c’est la perspective de récupérer les entreprises basées en Angleterre et notamment à Londres qui enthousiasmait le plus. Cependant, l’élection de Donald Trump a reconfiguré grandement la situation. En effet, l’heure n’est plus à un renforcement des relations américano-allemande mais bien à la constitution d’un nouvel axe anglo-saxon américano-britannique assurant des accords commerciaux préférentiels entre les deux pays. Theresa May est la première chef d’Etat à avoir été reçue directement par le président américain, et le signal avait été fort, Trump ayant ouvertement apporté son soutien au « brexit » au contraire de son prédécesseur. Cette reconfiguration politique soudaine qu’a été l’élection de Donald Trump a fourni à la Grande-Bretagne la perspective de sauvegarder l’un des deux piliers sur lesquels elle reposait avant le referendum de juin 2016.

Derrière le volontarisme et malgré la nouvelle conjoncture, le risque de marginalisation subsiste

Ces paramètres, s’ils offrent au gouvernement May des raisons de croire que le « brexit » pourra être autre chose qu’un long calvaire, le processus reste risqué. L’Angleterre doit en effet composer dans ce contexte avec les velléités d’indépendance de l’Ecosse. De plus, les perspectives de négociation d’accords préférentiels de libre-échange entre les Etats-Uni ne feront pas disparaître les difficultés économiques du Royaume-Uni. Seul face au géant américain, la Grande-Bretagne ne pèse pas grand chose et compte pour l’instant sur son utilité politique en donnant indirectement du crédit au président américain critiqué pour son isolationnisme, avantage qui pourrait néanmoins s’amenuiser progressivement. D’autre part, rien ne semble non plus pour l’instant enrayer les volontés de départ des multinationales basées à Londres et qui attendent notamment la décision que marquera la présidentielle française. Or cette hémorragie tendrait à amenuiser encore les avantages que la Grande-Bretagne avait réussi à conserver jusqu’ici en matière de services financiers et qui contrebalançait une désindustrialisation importante.
La classe dominante britannique joue gros dans ce processus et si certaines cartes ont été rebattues, la bataille des négociations risque d’être virulente tant le processus mêle en profondeur enjeux économiques et politiques.


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