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Grève des transports toulousains

Tisséo. Au dépôt de Colomiers, le barrage filtrant a pertubé 15 lignes de bus

Le tour des dépôts de bus se poursuivait tôt ce matin à Colomiers, toujours en présence du soutien de grévistes d’autres secteurs, d’étudiant.e.s et de gilets jaunes. Une action d’information auprès des collègues qui aura permis de perturber la circulation de quelques 15 lignes de bus. Rebelote demain sur le dépôt de Langlade, les soutiens sont une nouvelle fois les bienvenus !

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Il est 5h. A l’appel de la CGT Tisséo, une vingtaine de grévistes armés de tracts ont mené une nouvelle action de barrage filtrant afin d’encourager leurs collègues chauffeurs de bus à rejoindre la bataille face à la réforme des retraites et à son monde. Une nouvelle fois, des soutiens de nombreux secteurs étaient au rendez-vous : grévistes de l’éducation nationale, de météo France, du périscolaire ou des finances publiques ont convergé malgré la nuit sur le piquet, tout comme des gilets jaunes, des étudiant.es et lycéens. Notons le passage sur le piquet de deux policiers, équipés de leur gilet pare-balles, venus « observer » le déroulement de l’action.

Pour les grévistes, la diffusion s’est accompagnée de discussions avec les chauffeurs afin de les convaincre de rejoindre le mouvement alors que la mobilisation nationale se trouve à un tournant, et que certains secteurs en reconductible (RATP, cheminots, enseignants) entament leur 42ème jour de grève ! Avec le sourire, les conducteurs de Tisséo ont tous pris le tract avant de partir sur leur tournée. Chacun aura discuté plusieurs minutes avec les grévistes. Ce barrage filtrant a occasionné une longue queue dans le dépôt, perturbant in fine la circulation de pas moins de 15 lignes de bus ! « Trois Linéo sont touchés mercredi matin : il s’agit des L1, L2 et L3. Les lignes de bus classiques n°18, 21, 45, 46, 48, 53, 63, 66, 67, 70, 87 sont également perturbées, ainsi que la Navette Aéroport. », signale Actu Toulouse.

Cette action informative et ses répercussions montre à quel point, comme nous l’évoquions hier dans l’article « Les grévistes de Tisséo cherchent à étendre la grève », « un mouvement de grève conséquent chez Tisséo pourrait être un point d’appui important pour augmenter le rapport de force à Toulouse en paralysant les transports et en incitant le secteur du privé à rejoindre la bataille aux côtés des grévistes en reconductible. L’enjeu est d’autant plus grand que les premières trahisons des directions syndicales de la CFDT et de l’UNSA sont en cours, ces dernières allant négocier pour le gouvernement les modalités pour économiser 12 milliards d’euros sur le dos des travailleurs, avec les organisations patronales suite au « faux recul » d’Edouard Philippe en ce qui concerne l’âge pivot. De ce fait, il est indispensable que la grève soit généralisée au plus vite, en particulier dans le privé, qui concentre la majorité des travailleurs et où la grève peut toucher directement les intérêts des capitalistes qui veulent nous imposer cette réforme. »

Suite à un premier rassemblement et une première diff’ jeudi dernier, le taux de grévistes avait doublé passant à 10%, ce qui témoigne de la nécessité et de la réussite de ce travail informatif auprès des collègues. C’est dans cette perspective que cette semaine, trois piquets se tiennent sur les différents dépôts (hier au dépôt d’Atlanta, aujourd’hui à Colomiers et demain Langlade). Jeudi 16 janvier sera un nouveau test : les travailleurs de Tisséo seront-ils massivement en grève et dans la rue à l’occasion de ce nouveau temps fort du 16 janvier ? Les transports en commun de la ville seront-ils fortement perturbés ?

Contre les retraites, et contre la privatisation de Tisséo ?

Public/privé, tous les travailleurs sont perdants dans cette réforme de retraites à points. Comme l’évoquait l’un des grévistes jeudi dernier, lui et ses collègues de Tisséo luttent pour « maintenir un bon niveau de retraite pour nous et nos enfants, on est des salariés de droit privé, on n’a pas de caisse particulière, mais malgré tout cette retraite à points va avoir un gros impact financier sur nos futures pensions. »

En se réchauffant les mains autour du barbecue, les grévistes en viennent rapidement à évoquer leurs craintes en ce qui concerne une entreprise où les stratégies économiques et managériales s’apparentent de plus en plus au privé. Depuis le 1er avril 2010, Tisséo qui compte un peu moins de 3000 salarié·es sur les différentes lignes de bus, tramway et métro de Toulouse est en effet devenu un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) tout comme la RATP ou la SNCF.

Le statut d’EPIC permet de sectoriser l’entreprise en plusieurs branches qui n’appartiennent pas à la même convention. En quelque sorte, l’EPIC est un premier pied dans la porte conduisant à la privatisation. Les cheminots sont bien placés pour le savoir alors que la SNCF sous le statut d’EPIC avait été segmentée, avant de devenir ce 1er janvier 2020 une société anonyme constituée de cinq filiales, elles-mêmes au statut de sociétés anonymes. La mise en place d’une concurrence entre filiales et la logique de profits au détriment des conditions de travail, mais aussi du confort, de la sécurité et des tarifications pour les usagers, sont alors à l’ordre du jour.

Qui plus est, dans le cadre de la ligne de métro XXL, les travailleurs de Tisséo ont pu constater l’effet de ces nouvelles politiques économiques et managériales sur leurs conditions de travail. Ainsi, la nouvelle organisation de la maintenance du métro s’accompagne d’une pression énorme sur les travailleurs. C’est pourquoi la CGT Tisséo est intervenue, ce 15 janvier, à l’atelier de Basso-Cambo pour se porter solidaire des salariés de ce secteur.

Face à la crainte légitime de cette privatisation, au-delà du retrait de la réforme des retraites, le fait d’élargir les revendications à d’autres qui touchent les conditions de travail et de salaire propres aux travailleurs de Tisséo (et ce tout en poursuivant les tractages, piquets et actions de toute sorte) pourrait leur permettre d’entraîner encore davantage de collègues dans la bataille.

L’AG interprofessionnelle toulousaine de mardi : une perspective centrale pour construire le tous ensemble !

Lors de la réunion interprofessionnelle de ce lundi sur Toulouse, il a été voté l’organisation d’une AG interprofessionnelle centrale sur la ville, mardi 21 janvier à 18h. Dernièrement, plusieurs AG interpro locales ont fleuri sur Toulouse et ses alentours. Sur le piquet, plusieurs soutiens grévistes participant à l’interpro de Colomiers qui a regroupé la semaine dernière une quarantaine de personnes ont mis en avant le fait que cette AG qui se profile est une excellente nouvelle pour généraliser et tenir la grève alors qu’un tel cadre aura eu du mal à s’affirmer sur Toulouse (à la différence de nombreuses autres villes comme Le Havre).

Cette initiative pourrait permettre aux différents secteurs en lutte de se coordonner et d’impulser une convergence entre les secteurs mobilisés avec pour objectif d’étendre la grève. En ce sens, la participation de tous les secteurs en lutte, du public comme du privé, revêt une importance centrale. De manière pratique, un tel cadre pourrait également permettre d’envoyer des forces conséquentes sur les piquets et actions afin d’appuyer différents secteurs stratégiques comme Tisséo.

D’ici là, la lutte à Tisséo se poursuit, et les possibilités d’extension de la mobilisation sont réelles. Les grévistes continueront leur action de barrage filtrant dès demain, à 5h, au dépôt de bus de Langlade. Une nouvelle fois, tous les soutiens sont bienvenu.e.s sur le piquet !


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