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Salaires

Tisséo. Face au mépris de la direction, l’intersyndicale appelle à 4 jours de grève

Ce jeudi 11 mai à Toulouse, les salariés de Tisséo étaient à nouveau massivement en grève et ont manifesté contre l'attaque sur leurs salaires. Face au mépris de la direction, l'intersyndicale appelle à 4 journées de grève à la fin du mois, un point d'appui pour durcir le mouvement.

Rafael Cherfy

12 mai 2023

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Tisséo. Face au mépris de la direction, l'intersyndicale appelle à 4 jours de grève

Crédits photo : Révolution Permanente Toulouse

Après deux premières journées de grève massive le 11 et 18 avril, les salariés de Tisséo étaient de nouveau fortement mobilisés ce jeudi 11 mai contre l’attaque sur leurs salaires. En effet, le direction cherche à supprimer « la clause de sauvegarde », un dispositif qui permet l’indexation annuelle des salaires sur l’inflation de l’année écoulée. Une attaque d’ampleur, qui réveille une forte colère chez les salariés de Tisséo dans un contexte où les prix ne cessent d’augmenter.

Les travailleurs des transports toulousains étaient encore une fois plus de 70 % à s’être mobilisés, soit environ 900 grévistes d’après Didier, syndiqué SUD et secrétaire du CSE. Un rassemblement était appelé à 10h par l’intersyndicale (FNCR-CGT-SUD-CFDT) à Compans-Caferelli devant le siège de Tisséo Collectivité, en parallèle du rendez-vous de négociation. Les salariés et leurs soutiens ont ensuite manifesté vers la place du Capitole où se trouve la mairie de Toulouse.

Malgré une longue discussion de deux heures, la réunion de négociation avec la direction n’a en rien répondu aux revendications des grévistes. « J’appelle pas des négociation, parce qu’il y a aucune proposition de la direction (…) on nous as fait une leçon de morale en nous disant que le contexte financier et économique était compliqué, qu’il fallait faire des efforts. Nous on considère ça comme du mépris envers les salariés » , explique Stéphane Chapuis, secrétaire général de la CGT Tisséo, en sortant du rendez-vous.

Un mépris dans la continuité des précédentes provocations de la direction, qui avait traité les grévistes de « honte du service public » lors de la première journée de grève. Mardi 9 mai, les salariés avaient aussi recu une lettre de la direction affirmant que ces derniers bénéficieraient de « généreuses conditions de travail » et qu’il fallait arrêter « la course aux salaires ».

« Imposer un vrai rapport de force » : 4 jours de grève et une action sous pression de la base

Dans les discussions entre salariés, ayant démontré une fois de plus leur détermination, la question de comment durcir le mouvement est au cœur des préoccupations. « On ne veut pas faire grève si on sait qu’on va rien gagner au final, et si on continue comme ça, il nous écouterons jamais ! », s’inquiète un conducteur. Dans ce sens, Nicolas, gréviste non syndiqué et membre du Réseau pour la grève générale affirme : «  Il faut se coordonner à notre niveau pour bloquer Tisseo pendant 2 ou 3 jours pour imposer un vrai rapport de force ».

En réponse à cette volonté d’aller plus loin, l’intersyndicale a annoncé ce matin 4 jours de grève du 30 mai au 2 juin. Ce vendredi matin, l’intersyndicale a en outre organisé une action de blocages filtrants des dépôts de bus, perturbant les transports pour prouver à la direction que les grévistes sont loin d’avoir dit leur dernier mot. Un point d’appui pour durcir le mouvement, dans le contexte où, après l’expérience du mouvement national contre la réforme des retraites, l’impasse des journées isolées apparaît comme une évidence pour de nombreux salariés.

Alors que le directeur général anticipe les mobilisations et multiplie les coups bas pour minimiser l’impact des grèves, ayant par exemple décidé de faire tourner le métro pendant la grève malgré un effectif insuffisant pour assurer la sécurité des usagers, il est maintenant essentiel de préparer et construire les journées qui arrivent. Si l’intersyndicale à décidé des prochaines journées de mobilisation, tous les salariés, syndiqués ou non, doivent prendre part à la préparation de la grève.

Pour cela, la construction d’assemblées générales, où tous les salariés peuvent donner leur avis sur les suites à donner au mouvement, est primordial. C’est dans ces cadres démocratiques qu’il est possible d’élaborer collectivement des solutions face aux nombreux obstacles qui existent sur le chemin de la victoire. En premier lieu, dans un contexte d’inflation où les pertes de salaires pèsent plus que jamais sur les salariés, la mise en place d’une caisse de grève pourrait permettre de dépasser les difficultés financières. L’assemblée générale peut également être le lieu où l’extension de la grève se prépare , en discutant de comment aller chercher les collègues qui hésitent encore à se mobiliser ou encore pour déjouer les mensonges de la direction et s’organiser face à son mépris.

Autrement, malgré des taux inédits de mobilisation sur les 3 premières journées, les difficultés vont persister et s’accumuler. Par exemple, la direction met la pression sur les jeunes embauchés pour les dissuader de la grève, une opération qu’il s’agit de déjouer collectivement pour construire et étendre la mobilisation. Plus largement, la direction n’hésitera pas à utiliser la pression de l’opinion publique en cherchant à monter les usagers contre les salariés pour déjouer la mobilisation. La construction d’une unité entre les salariés et les usagers est ainsi essentielle pour renforcer la mobilisation.

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L’enjeu du soutien de la population toulousaine à la grève pour défendre la gratuité des transports publics

En ce sens, différents soutiens étaient présents au rassemblement, notamment le Comité toulousain du Réseau pour la grève générale et le Comité pour la gratuité des transports publics. Leur présence a permis de mettre en avant l’enjeu pour tous les usagers de soutenir cette grève afin de s’opposer à l’augmentation des prix de Tisséo et de revendiquer la gratuité des transports publics.

En effet, la solidarité des usagers avec la grève des travailleurs de Tisséo reste la meilleure façon de s’opposer à la hausse des tarifs. Alors que 52% des Toulousains affirment que les transports sont trop chers selon une enquête Moovit réalisé en juin 2022, il y a un enjeu central à défendre la gratuité des transports publics pour toutes et tous, non seulement pour lutter face à l’inflation, mais aussi dans une perspective écologique. Or, comme le notait Serge, gréviste de Tisséo : « La gratuité des transports ne pourra se mettre en place que si on va chercher les ressources, aller chercher dans la valeur ajoutée du capital (...) faire payer les entreprises et les grands groupes pour que les travailleurs puissent se déplacer gratuitement ».

Plus largement, la bataille que mènent les travailleurs de Tisséo pour les salaires est un exemple à suivre pour l’ensemble des secteursqui subissent actuellement l’inflation. Une victoire de Tisséo serait une victoire pour toutes et tous, un point d’appui pour revendiquer l’indexation de l’ensemble des salaires sur l’inflation. Ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise !


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