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Grève pour les salaires

Tisséo. Plus de 50% de grévistes pour le 2ème jour de grève : il est possible de gagner !

Pour leur deuxième jour de grève consécutif, les salariés du transport public toulousain étaient à nouveau près de 60% en grève pour la défense de leurs salaires. La grève se poursuivra au moins jusqu’au 2 juin et la mobilisation pourrait se durcir davantage.

Alberta Nur

31 mai 2023

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Tisséo. Plus de 50% de grévistes pour le 2ème jour de grève : il est possible de gagner !

Crédits photo : Dorian M

« Deux journées de grève très suivies : la détermination reste au rendez-vous »

Avec plus de 60% mardi et 54% ce mercredi, la mobilisation des agents reste importante à Tisséo pour la défense de la clause de sauvegarde, un mécanisme qui permet d’indexer leurs salaires sur l’inflation et que la direction a décidé de faire sauter. Après 3 journées isolées, ils réalisaient ce mercredi un deuxième jour de grève consécutif dans le cadre d’un appel à 4 jours de grève par l’intersyndicale de l’entreprise. Dès 4h30 le mardi 30 mai, ce sont des centaines de salariés qui se sont retrouvés au dépôt de Garossos pour bloquer les départs du tram. Ce mercredi, c’est le dépôt de Langlade, le plus important des dépôts de bus de la ville rose, que les grévistes ont bloqué. « Aucun bus ne sort tant qu’on n’a pas notre clause » jure un salarié en installant les palettes devant le dépôt. Une promesse tenue, sans aucun doute, puisque les conducteurs non-grévistes ont été empêchés de sortir jusqu’à la fin d’après-midi. Un temps qui a été mis à profit pour discuter et convaincre les agents qui ne se sont pas mobilisés de rejoindre la bataille.

La grève se maintient face à la direction qui fait la sourde oreille, en continuant les manœuvres pour casser le mouvement. Le directeur général semble penser que les salariés vont se contenter des 2,8% d’augmentation qu’il veut imposer. Dans un contexte d’inflation, les salariés ne sont pas dupes, ils vont perdre du salaire. De plus, ils se mobilisent pour leurs conditions de travail, qui se dégradent au quotidien. « Y a pas assez de personnel, on doit toujours faire plus et ils veulent moins nous payer, c’est pas possible » confie ainsi un conducteur du dépôt d’Atlanta.

Avec un envahissement du hall des expositions où se tenait un salon de la mobilité mardi, action fortement réprimée par la sécurité du site, ainsi que les blocages des dépôts deux jours d’affilée, les grévistes ont montré leur détermination pour défendre la clause de sauvegarde et lutte pour leurs conditions de travail. Pourtant, alors qu’ils s’apprêtent à rentrer dans leur 6ème journée de grève, plusieurs questions concrètes se posent pour arriver à la victoire. Si les jours de grève consécutifs sont une avancée pour durcir le mouvement, il faudra plus que 4 jours pour arracher une victoire sur leurs revendications : il faut continuer d’étendre la mobilisation.

Tous les ingrédients sont là pour gagner

Afin de contrer les attaques de la direction, qui a annoncé être prête à réquisitionner les grévistes pour assurer un service minimum des transports et casser la grève, il est nécessaire de continuer à convaincre plus de salariés de rentrer dans le mouvement. Ce mercredi, les chauffeurs non-grévistes ont rejoint le piquet bloqué, montrant qu’il reste encore des réserves d’agents à convaincre de se mobiliser. Certains salariés hésitent, et posent seulement quelques heures de grève. Pourtant, pour que la grève soit pleinement effective, c’est l’ensemble du réseau qu’il s’agit de bloquer dans sa totalité, et pour cela, les grévistes doivent se libérer du temps pour organiser la lutte et résoudre toutes les difficultés.

Les premières journées de grève, où plus de 70% des salariés étaient en grève, montrent les potentialités qui existent pour une grève massive dans l’entreprise. Pour convaincre toujours plus de salariés de s’engager jusqu’au bout dans le conflit, des espaces de discussion collective sont nécessaires. « Il faudrait que les 4 jours de grève qu’on fait puissent servir à convaincre d’autres collègues », explique ainsi Nicolas, agent de maintenance à Colomiers. Pour cela, la construction d’assemblées générales est un enjeu central, afin de discuter collectivement les manières de ramener les hésitants dans le conflit : que ce soit pour des raisons de scepticisme, de crainte des chefs ou de difficultés financières, il faut faire face à chaque cas concret. Si de tels cadres de démocratie à la base dans la grève ne voient pas le jour, les journées de grève appelées par en haut par l’intersyndicale risquent de s’étioler au fur et à mesure. « Il faut qu’on puisse faire des assemblées générales, pour discuter des suites, ça impliquerait tout le monde » poursuit Nicolas.

Face à une direction qui use de pressions et de chantages pour démobiliser et qui a menacé les grévistes de réquisitions, les salariés doivent mettre toutes les chances de leur côté pour arracher une victoire. Pour cela, les assemblées générales sont un outil clé pour élaborer un plan de bataille collectif. Chaque salarié doit pouvoir discuter et décider des modalités et des revendications du conflit.

Avec la volonté de diviser pour mieux régner, la direction cherche également à décrédibiliser la lutte des agents de Tisséo en les faisant passer pour des « privilégiés » qui mépriseraient le service public des transports dont ils sont pourtant le pilier central à Toulouse. En réalité, ce dont la direction à peur, c’est qu’une réelle solidarité émerge entre les usagers et les grévistes. « On se bat aussi pour les usagers » expliquait Jonathan, en montrant les conséquences de la privatisation et de la dégradation des conditions de travail des agents sur la qualité des transports.

Recours accru à la sous-traitance, conditions de travail précaire, hausse des prix des transports : dans le plan orchestré par la métropole dirigée par Jean-Luc Moudenc, tout le monde y perd. Les salariés et usagers peuvent lutter unis pour la gratuité des transports publics, financée non pas en rognant sur les salaires ou les conditions de travail, mais en prenant l’argent où il est, c’est-à-dire en imposant massivement les grandes entreprises et les grandes fortunes.

L’extension de la grève, et son durcissement, se pose aussi en direction des employés embauchés en sous-traitance, dont les salaires sont les plus bas et les conditions de travail particulièrement dégradées. Une dynamique de convergence impliquerait aussi de tisser des liens avec les cheminots de Toulouse alors que certaines lignes comme celles reliant les Arènes à Colomiers sont co-gérées par Tisséo et la SNCF et qu’une colère importante s’exprime depuis des mois sur les bas salaires et les conditions de travail dégradées. Une telle politique permettrait de mobiliser massivement l’ensemble des salariés des transports publics toulousains et renforcerait la puissance de la grève.
Le maire de Toulouse veut dresser les usagers contre les agents de Tisséo mais ces derniers peuvent prouver à l’ensemble des usagers que la situation est de l’entière responsabilité de la direction qui refuse d’écouter les revendications des salariés, et ainsi opposer à Moudenc un front uni des travailleurs et des usagers. Cette unité est indispensable pour durcir le rapport de force.

Coordonner les grèves pour les salaires

D’autant que la lutte des Tisséo pour que les salaires suivent le coût de la vie peut-être une revendication très populaire bien au-delà de l’entreprise. Le jour-même où des centaines de salariés de Tisséo se mettaient en grève pour leurs salaires, les salariés de Disney menaient aussi une grève historique pour leurs salaires. Face à une inflation brutale, des grèves se multiplient partout dans le pays, pour réclamer des augmentations de salaires, souvent dans la continuité de la colère massive qui s’est exprimée contre la réforme des retraites et le gouvernement.

A Verbaudet, Tisséo, ou encore Disney, les grévistes font face à des patrons qui ne veulent rien lâcher. Pour gagner, ces grèves ne peuvent pas s’ignorer, elles doivent se coordonner entre elles : le combat contre les baisses de salaire et pour l’indexation de l’inflation est devenu un enjeu à échelle nationale. Ces salariés peuvent être les porte-drapeaux d’un mouvement d’ampleur capable d’arracher des hausses de salaires pour l’ensemble des travailleurs. Il est nécessaire que le mouvement ouvrier s’organise à travers tout le pays pour exiger d’une même voix le retrait de la réforme des retraites et l’indexation des salaires sur l’inflation, contre toute division des conflits et des revendications entreprise par entreprise.

C’est la tâche que se fixe le Réseau pour la grève générale, auquel participe d’ailleurs plusieurs salariés de Tisséo, avec cette idée qu’il est nécessaire de faire émerger dans chaque grève des Assemblées générales pour que tous les travailleurs, syndiqués ou non, prennent part à l’élaboration du plan de bataille, et de travailler à la coordination des grèves pour les salaires. A l’approche du 6 juin, nouvelle journée de mobilisation sur les retraites, c’est cette perspective qui peut permettre de relancer une lutte globale contre Macron et tous les Moudenc que compte ce pays.


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