×

Airbus

Tom Enders veut faire travailler les migrants sans salaire minimum

Le patron d'Airbus, Tom Enders, a défendue dimanche 25 octobre 2015 l'idée suivante : il faut déréglementer davantage le marché du travail allemand. Rappelons que depuis 2004, le chancelier Gerhard Schroeder et ses réformes Hartz IV – du nom du DRH de Volkswagen qui inspira ces réformes -, l'Allemagne possède un taux record de travailleurs pauvres alors qu'elle est l'économie européenne la plus riche. En effet, ces réformes ont détruit l'assurance chômage et l'ont remplacée par des « mini-jobs » rémunérés 450 euros par mois. Même si leur taux de profit est déjà élevé, les capitalistes cherchent toujours, et d’autant plus en temps de crise, à faire baisser un peu plus les salaires, à faire sauter les « verrous » du salaire minimum et de ce qui reste du code du travail, quel que soit le pays. Le contexte actuel entourant l'arrivée de 800 000 migrants, essentiellement syriens, en Allemagne, constitue en l’occurrence une occasion de voir à l’œuvre cette stratégie sous des formes particulièrement immondes. Léo Serge

Facebook Twitter

Depuis des mois, les manifestations xénophobe de Pegida – littéralement « Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident » - stigmatisent les migrants comme des envahisseurs. La bourgeoisie et le grand patronat allemand voient une occasion parfaite de rajouter de l’huile sur le feu et de diviser davantage les travailleurs, de monter une part grandissante des Allemands contre ces immigrés prêt à accepter du travail à n’importe quel prix. La bourgeoisie applique ici une vieille stratégie : les derniers arrivants doivent permettre de diviser les salariés pour baisser les salaires. En un mot, Tom Enders répond à une question essentielle pour le patronat:comment attiser la haine du salariat contre les migrantstout en avançant l’idée que le salaire minimum est un obstacle à la construction d’une société plus épanouie ? Il défend ouvertement un modèle de société plus « américain ». Il déclare dans le journal Süddeutsche Zeitung : « Nous devons avoir le courage de déréglementer de la même manière qu’ont su le faire les États-Unis. Cela semble difficile à imaginer mais, là-bas, on voit l’intégration réussie de migrants qui sont autorisés à travailler peu après leur arrivée. » Il joue sur une des absurdités du droit d’asile telle que la bourgeoisie l’organise volontairement : une allocation misérable et une interdiction de travailler. Et Tom Enders conclue : « Si la barrière à l’entrée sur le marché du travail est trop élevée, l’intégration des immigrants échouera » ou encore « Il vaut mieux entrer sur le marché du travail avec un « mini-job » ou un emploi mal payé que d’être condamné à l’assistanat, à l’inactivité et à la frustration ». Mais qui crée cette inactivité et cette frustration si ce n’est les relais étatiques du patronat allemand ?

On pourrait traduire ainsi les désirs du patronat allemand:il vaut mieux mettre au travail une masse importante de travailleurs étrangers sous-payés pour casser davantage les salaires, plutôt que de payer des impôts pour permettre aux familles d’apprendre l’Allemand, de se soigner et de nouer progressivement des liens de solidarités avec les autres travailleurs d’Allemagne. Autrement dit, Tom Enders affirme que les intérêts du capital sont non seulement les intérêts des migrants mais également les intérêts de la société allemande dans son ensemble. Une équation apparemment formidable quand on n’est ni migrant, ni salarié, mais qui est en réalité aussi formidablement populiste et réactionnaire qu’objectivement fausse, ce que Tom Enders sait parfaitement. En bref, il s’agit d’une déclaration de guerre supplémentaire faite aux salariés qui sont ramenés au statut de privilégiés qui coûtent trop cher – trop cher par rapport aux travailleurs immigrés. La réalité c’est que ce sont les travailleurs qui créent la richesse, puisqu’un patron a toujours besoin d’eux et on peut être sur que Tom Enders et ses cadres seraient incapables de fabriquer un avion. Mais l’inverse n’est pas vrai. Les travailleurs ont déjà prouvé dans l’histoire qu’on a besoin d’eux mais qu’ils n’ont pas besoin de patron. Les travailleurs de Zanon en Patagonie le rappellent tous les jours dans leur usine baptisée Fasinpat, c’est à dire « usine sans patron. »

Aux antipodes de leur propagande constante, les objectifs des capitalistes n’ont été jamais aussi clairs dans leur inhumanité : des salaires toujours plus bas, des salariés toujours plus esclaves, fragiles et plongés dans la guerre de tous contre tous. Mais si l’arrogance et la morgue de cette bourgeoisie à l’offensive est sans limites, son pouvoir, lui, ne l’est pas : le temps des mutineries et des révoltes peut revenir très vite, comme les salariés d’Air France l’ont montré il y a peu.


Facebook Twitter
Jordanie : les mobilisations contre la collaboration avec Israël se poursuivent à Amman malgré la répression

Jordanie : les mobilisations contre la collaboration avec Israël se poursuivent à Amman malgré la répression

Le cessez-le-feu à l'ONU ne mettra pas fin au génocide

Le cessez-le-feu à l’ONU ne mettra pas fin au génocide

+35% en bourse pour les fabricants d'armes : qui profite de la guerre et de la course aux armements ?

+35% en bourse pour les fabricants d’armes : qui profite de la guerre et de la course aux armements ?

Argentine. A 48 ans du coup d'Etat militaire, mobilisation massive contre Milei et son gouvernement

Argentine. A 48 ans du coup d’Etat militaire, mobilisation massive contre Milei et son gouvernement

Répit provisoire pour Julien Assange : la justice britannique demande des garanties pour son extradition

Répit provisoire pour Julien Assange : la justice britannique demande des garanties pour son extradition

Présidentielle au Sénégal, entre espoirs et incertitudes

Présidentielle au Sénégal, entre espoirs et incertitudes

Passe d'armes à l'ONU : les Etats-Unis affaiblis par leur soutien au génocide

Passe d’armes à l’ONU : les Etats-Unis affaiblis par leur soutien au génocide

La colonisation se poursuit : Israël annexe 800 hectares de terres palestiniennes en Cisjordanie

La colonisation se poursuit : Israël annexe 800 hectares de terres palestiniennes en Cisjordanie