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Un « dérapage », vraiment ?

"Touche pas à mon poste". Agression sexuelle en direct à la télévision : Non, c’est non !

Sarah Macna L'émission Touche pas à mon poste, présentée par Cyril Hanouna, a l'habitude des « buzz » et du succès médiatique. Un « succès » qui, s'il se pare de couleurs fluorescentes, de star à paillettes et de rires prémâchés, a démontré dans la nuit de jeudi à vendredi sa vraie couleur : celle d'une émission n'hésitant pas à utiliser l'humiliation et l'agression sexuelle pour faire parler d'elle. A la télévision comme ailleurs, non, c'est non.

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Un « dérapage », vraiment ?

L’émission avait déjà fait ses preuves dans l’humiliation systématique de quelques « têtes de turc », à la façon de la pire des cours de récré. Mais il ne s’agit que de divertissement, n’est-ce pas ? Et puis après tout, cela doit être « drôle » d’imposer un coming-out à l’un des chroniqueurs, ou bien de l’humilier en lui mettant des pâtes dans son sous-vêtement. C’est, en tout cas, ce que nous apprend l’émission depuis longtemps déjà, et ce que nous apprennent de manière générale les émissions de ce type, ou bien celles de la « télé-réalité ». Après avoir fini sa journée de boulot, il faut oublier les ordres du patron et la compétition des collègues et « profiter » de l’humiliation des autres, tandis que les coupes publicitaires nous rappellent à quel point il faut se détester soi-même aussi, jamais assez beau et belle, jamais assez maigre, jamais assez jeune !

Mais cette fois, cette ambiance « divertissante » aura été trop loin. Les grands médias, prêts à suivre le buzz sans en questionner la vraie nature, parlent alors de « dérapage », de « malaise ». Mais il faut nommer, par son vrai nom, ce qui s’est passé dans la nuit de jeudi à vendredi sur la chaîne C8 : une agression sexuelle. L’association Osez le féminisme, qui a saisi le CSA suite à cette diffusion, rappelle : « L’article 222-22 du code pénal définit l’agression sexuelle de la manière suivante : “constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise.” ».

Une agression qui survient dans une situation sur le plateau mise en place pour objectiver la victime.

Lorsque Cyril Hanouna propose que Jean-Michel Maire soit félicité par un baiser de la jeune femme sur le plateau, le décor est déjà planté. Il s’agit de montrer que les tendresses de la jeune femme ne peuvent venir de son bon vouloir, mais sont une monnaie, une valeur d’échange, devant des milliers de gens. Et quelle femme n’a pas déjà entendu ces mots, de la part d’inconnus ou de proches : « tu pourrais être gentille, non ? ». La jeune femme est déjà sous le regard de tous, mais le chroniqueur, estimant sans doute que ce baiser est mérité, insiste : « elle a dit oui ! », ment-il ouvertement. « Non, j’ai dit non ! » répond-elle, obligée de se justifier devant tous « il y a des personnes qui regardent ». Comme s’il n’était pas suffisant de dire « non », les chroniqueurs imposent cette justification, pour s’en moquer. Et lorsque, poussée par Jean-Michel Maire et Cyril Hanouna qui l’encadrent, la jeune femme accepte un baiser sur la joue, le chroniqueur se donne alors le droit d’embrasser la jeune femme sur le sein, sous les rires et les applaudissements, le regard confus de Soraya, et le « merci », retentissant de Hanouna.

Refaire le déroulé de cette agression sexuelle, c’est montrer qu’il ne s’agit évidemment pas d’un « dérapage », et que le décolleté de Soraya n’a rien à voir, comme le laissent entendre les médias en évoquant son habillement, avec ce qu’il s’est passé. Au contraire, il s’agit du déroulé banal, de l’objectivation à l’agression, comme il en existe malheureusement tant. Alors, rappelons-le une bonne fois pour toutes : non, c’est non. Plus encore : une absence de réponse, un regard, un sourire ne signifient pas forcément oui. C’est ce que rappelle aussi le communiqué d’Osez le féminisme, ainsi que les plus de 250 téléspectateurs qui ont interpellé le CSA sur cette affaire. Et si le CSA, qui malgré déjà 7 « rappels à l’ordre » qu’a pu recevoir Cyril Hanouna, ne semble pas en mesure d’imposer que ce type de situation ne soit imposée à aucune femme sur un plateau de télévision, alors ce sera aux femmes de le faire, et d’affirmer : non, il n’y aura aucune impunité !


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