Ce jeudi, c’est plus d’une centaine d’ouvriers du groupe Eiffage, mais aussi de Socotrap et de l’entreprise voisine de Bourdarios, qui se sont mis en grève pour protester contre leurs conditions de travail, suite au suicide d’un des leurs, le 20 septembre. Le quatrième en un an. « Notre travail est dévalorisé, nos activités sont désorganisées par des restructurations, des licenciements et de la sous-traitance en cascade. Il faut toujours aller plus vite et bâcler sous les ordres d’imbéciles arrogants qui ne connaissent rien au métier » explique le syndicat CGT.
La direction, quant à elle, argue que le travail n’a rien à voir avec ces drames. Ce serait « un problème familial, des questions de vie privée ». Il est absurde et léger de croire que le travail n’a aucun impact sur la vie privée, alors que chacun d’entre nous y passe toutes ses journées, et que nos vies sont régies par le salaire que l’on obtient à la fin du mois. Mais c’est leur meilleure réponse pour se dédouaner de toute responsabilité.
Et c’est justement pour cela que les ouvriers se sont mis en grève, pour dénoncer ce discours déresponsabilisant de la direction, afin de dire haut et fort que les conditions de travail que leurs patrons imposent ne sont pas du tout détachées des suicides de leurs collègues.
"Transformer les souffrances individuelles en colère collective"
Orange, le CHU de Toulouse et maintenant les ouvriers des chantiers. Les conditions de travail, la pression au rendement, les licenciements, le manque de moyens, la précarité, etc... sont autant de facteurs qui touchent notre classe, et qui la pousse à en finir avec tous ça. On ne parle pas, comme les grands médias, de "vague de suicide" car des suicides d’ouvriers, d’employés, de cadres, liés au travail, il y en a plus d’un millier par an, et ce chiffre n’est pas près de baisser. Certes, les causes ne sont peut-être pas toujours les mêmes, mais toutes liées à une vie d’exploitation, d’exploité, en qui les grands patrons ne voient que des effectifs, des chiffres, des bénéfices. Mais pas des personnes. On ne peut laisser impuni ce traitement que prodiguent le patronat, le gouvernement et tous leurs alliés à notre classe. Comme le rappelle le syndicat CGT d’Eiffage, il faut de toute urgence être capable de « transformer les souffrances individuelles en colère collective ».