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En première ligne sans armes

Toulouse. Des masques moisis ou non-conformes pour les soignants, selon Médiacités

Dans une enquête de Mediacités, on apprend que des soignant·es de la maternité Paule de Viguier sur le site de Purpan à Toulouse ont dû travailler avec des masques moisis avant que ces derniers soient remplacés par… des masques à usage non médical !

Gabriella Manouchki

19 mai 2020

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 Photo : ©Adobe Stock/Illustration 

Alors que le gouvernement n’a rien d’autre à proposer que la distribution de médailles et de primes dérisoires et inégalitaires, on ne s’étonne plus, mais on ne peut qu’être choqué des scandales qui se succèdent concernant l’équipement en matériel sanitaire des soignant·es dans le cadre de la crise du Covid.

Comme le rapporte Mediacités, le 28 avril dernier, c’est l’odeur des masques fournis à des soignant·es de la maternité Paule de Viguier qui leur a mis la puce à l’oreille. Ils étaient en fait périmés depuis octobre 2019. Le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) du CHU a alors lancé une procédure d’alerte pour Danger Grave et Imminent (DGI). Suite à cela, le lot de masques en question a été retiré… puis redistribué dans un autre service du CHU ! Le 4 mai, ces masques périmés ont été remplacés par un nouveau lot de la marque Medline International. Le scandale ne s’arrête pas là : sur ces nouvelles boites de masques, qui ont par la suite été distribués dans tous les services du CHU, on peut lire clairement : « ceci n’est pas un masque médical et n’est pas destiné à un usage professionnel ».

Selon Mediacités, lors de la réunion du CHSCT du 6 mai, la direction a expliqué que le lot de masques périmés avait été délivré par l’agence Santé Publique France, chargée de la gestion de tous les types de masques, ce qui signifie qu’ils avaient été « controlés » et « validés » avant d’arriver au CHU. Une procédure de contrôle supplémentaire serait par ailleurs en vigueur au sein de l’hôpital public toulousain. Il semblerait donc que des masques périmés et malodorants puissent être considérés comme conformes aux différentes étapes de contrôle sanitaire mis en place par la direction de la santé publique, avant d’être délivrés au personnel soignant, alors qu’ils sont particulièrement exposés au virus.

Concernant les masques Medline, présentés comme non conformes à un usage professionnel par l’entreprise fabricante elle-même, la direction générale de l’hôpital s’est défendue dans une note du 12 mai en affirmant qu’ils avaient été validés par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). C’est en effet ce que confirme un courrier que s’est procuré Mediacités, dans lequel l’agence en question donne son feu vert « à titre dérogatoire » à la distribution de masques qui, de son propre aveu, « ne répondent […] à ce jour pas aux exigences de conformité à la réglementation européenne » en s’appuyant sur une simple réponse de l’entreprise fabricante comme quoi le matériel correspondrait « à la norme chinoise ».

Dans une réponse adressée à Mediacités, cette dérogation est justifiée comme suit par l’ANSM : « Dans la mesure où il est devenu très difficile d’importer des masques disposant du marquage CE, une circulaire autorise l’importation de masques conformes à des réglementations étrangères qui sont équivalentes à la réglementation européenne ». Ainsi, en raison de la pénurie de masques aux normes européennes, les soignants sont parfois équipés de matériel non conforme. Au delà des masques, comme le rappelle le secrétaire général CGT au CHU toulousain Julien Terrié dans Mediacités, « il y a un défaut d’équipement parce que ces agents auraient dû bénéficier de masques FFP2, de sur blouses et de lunettes de protection ».

À l’heure du déconfinement, alors que le virus continue de circuler, il s’agit là d’une situation scandaleuse. La production non-essentielle devrait être reconvertie et les stocks de masques vendus dans la grande distribution devraient être réquisitionnés pour contrer la pénurie. Mais cela n’est pas une option pour les patrons et leur gouvernement qui cherchent à faire du profit sur le dos des travailleuses et des travailleurs, quitte à prendre le risque de les faire périr du virus en contournant les normes sanitaires qu’ils ont eux-mêmes mis en place.

De ce fait, en lien avec les autres secteurs de la classe travailleuse qui relèvent la tête, les soignant·es ne peuvent compter que sur leur force d’organisation pour se protéger et protéger l’ensemble de la population. Reconversion de la production non-essentielle, réquisition et distribution gratuite des stocks de masques mis en vente dans les grandes surfaces, campagne de tests gratuits pour toutes et tous, unification et nationalisation du système de santé, comités de soignant·es contrôlant la gestion des stocks et le respect des mesures d’hygiène : nombreuses sont les solutions qui pourraient être mises en place par les travailleurs eux-mêmes, au moyen de la lutte.


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