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Gilets Jaunes

Toulouse. Deux enquêtes ouvertes pour des scènes de violences policières lors de l’acte XVI

Un homme en fauteuil roulant souffrant de problèmes respiratoires gazé à bout portant, et un couple âgé de passants molestés et matraqués par les CRS lors de l'acte XVI toulousain. Les vidéos de ces violences policières, virales sur les réseaux sociaux, relayées par les grands médias, ont certainement poussé le procureur de la République de Toulouse a ouvert deux enquêtes ce lundi.

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Crédit photo : CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Les vidéos ont fait le buzz sur les réseaux sociaux. Celle de Pascal Bouré, ce Gilet Jaune toulousain hémiplégique, est proche du million de vues sur Facebook. On peut y voir cet homme âgé de 55 ans se déplaçant en fauteuil, se faire gazer à bout portant par un policier, sans le moindre état d’âme. Il voulait quitter la manifestation alors que l’air était chargé en gaz lacrymogènes. C’est alors qu’un policier lui retire ses lunettes de ski. Son tort ? Souffrant de détresses respiratoires, le gilet jaune a « essayé de les reprendre, je n’essayais pas de lui rentrer dedans, il s’est énervé et m’a alors aspergé de gaz lacrymogène ».

Un témoin cité par France 3 explique que « les "street médic" sont intervenus pour le soigner tellement il avait le visage brûlé par la lacrymogène. » Interrogé au téléphone par la chaîne du service public, le quinquagénaire affirme qu’il va porter plainte : « Je ne voulais que traverser le cordon de flics pour me rendre chez moi. J’étais fatigué, je suis handicapé, je suis vulnérable. Il m’a agressé avec beaucoup de haine, de colère. Je ne comprends pas. Je l’ai en travers, donc je vais porter plainte. »

La deuxième vidéo montre un couple de passants matraqués et molestés par des CRS à proximité de la place Jeanne d’Arc. Après un échange verbal entre un CRS et une femme relativement âgée, celle-ci est violemment frappée par le policier avant de tomber au sol. L’homme qui l’accompagne et tente pacifiquement de la défendre, se retrouve lui aussi bousculé avant de tomber à la renverse. Alors que les passants autour crient et s’indignent face à une telle violence, les policiers poursuivent par le « dialogue » qui les caractérise : sur la vidéo, on voit clairement l’un des CRS balancer une grenade lacrymogène pour disperser les témoins de la scène.

Dimanche, dans un courrier adressé aux medias, la préfecture de Haute-Garonne tentait tant bien que mal d’éteindre l’incendie... rejetant la faute sur le couple de passants « venu s’interposer au milieu des forces de l’ordre. » On vous laisse constater le danger que représentaient ces deux passants, au milieu d’une dizaine de CRS armés et protégés jusqu’aux dents. La préfecture de poursuivre, « les personnes ont alors proféré des insultes à l’encontre des policiers et l’une a tenté de dérober une grenade. » Pourtant, sur la vidéo, à aucun moment la tentative de subtiliser la grenade n’est visible. Les violences policières en revanche se voient comme le nez au milieu de la figure.

La préfecture de Haute-Garonne s’arc-boute, bien entendu, sur sa ligne de défense envers les forces de répression. « Les policiers ont donc été conduits à réagir, pour l’en empêcher, entraînant une bousculade et la chute des personnes, montrée par la vidéo. Aucune interpellation n’a été faite suite à cet incident. » Sous-entendu, le couple devrait presque remercier les policiers, pour, après les avoir violenté, ne pas les avoir interpellés.

La position de la préfecture n’a rien de surprenant, défendant de fait la violence systémique des forces de répression, alors même que celles-ci ont violenté des milliers de manifestants, mais aussi des passants, des journalistes ou des street-medics, en mutilant des dizaines, entraînant même la mort d’une octogénaire, Zineb Redouane.

Les vidéos devenues virales, le procureur poussé à ouvrir une enquête

Que se serait-il passé si aucune vidéo de ces violences policières caractérisées n’avait circulé sur le net ? Rien, à n’en pas douter. Les vidéos ont très vite été virales, scandalisant à une large échelle et forçant ainsi une réaction de la part des autorités.

Sous cette double pression médiatique, sur les réseaux sociaux, puis à la télévision, le procureur de la République a finit par réagir. Lundi 4 mars, ce dernier indique avoir « ouvert deux enquêtes sur ces faits, dont il sera rendu compte dans les plus brefs délais ». Le parquet a assuré "comprendre le caractère possiblement choquant" de ces deux vidéos… quand les preuves des violences policières contre les manifestants inondent depuis plusieurs mois la toile.

Deux enquêtes ouvertes… pour des milliers de cas de violences passées sous silence. Lorsqu’il y a enquête, dans la majorité des cas, aucune sanction n’est prononcée contre les policiers. Pour Jérôme Rodrigues ou Franck Didron ayant tous deux perdu un oeil, le problème technique est évoqué, les caméras n’ayant soi-disant pas fonctionné lors des faits. Alors que Zineb Redouane avait affirmé au téléphone que le policier l’avait visée, un proche du dossier avance qu’ « aucune intentionnalité de la part de ce policier ne peut être retenue, tout simplement parce que cela serait impossible techniquement : ces tirs forment un arc de cercle dans le ciel et il est d’ailleurs fréquent qu’ils tapent dans des façades ». De plus lorsque des procédures sont engagées, la plupart sont classées sans suite et c’est sans doute ce qui arrivera une fois encore dans ces deux affaires. Si sanction il y a, elles seront dérisoires par rapport aux violences exercées par les forces de répression.

Réclamons justice et vérité pour toutes les victimes de violences policières !
Amnistie pour tous les gilets jaunes condamnés !

Voir notre article détaillé sur l’acte XVI toulousain


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