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La « démocratie » sous protection policière

Toulouse le Mirail. Après une nouvelle Assemblée Générale réussie, le CA délocalisé au rectorat !

Ce midi, une Assemblée Générale a réuni plus de 300 personnes dans le cadre de la mobilisation contre la fusion et la sélection. L'enjeu est maintenant de réussir l'envahissement du CA de vendredi 10 février, déplacé au rectorat par la présidence, très certainement sous protection policière ; et de partir en vacances avec la perspective d'une victoire pour la rentrée.

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Ce matin, la journée commençait fort à la fac du Mirail. En effet, le conseil d’UFR de Psycho devait faire voter en ce jour les capacités d’accueil en Master 1, pour que la sélection s’y applique dès l’année prochaine. Cette attaque fait suite au vote jeudi dernier en CFVU. Les étudiants de l’UFR et quelques personnels, rassemblés à 150 devant le bâtiment, ont réussi par la force du nombre à empêcher le vote et donc le report de celui-ci ! Une petite victoire dans la la lutte contre la sélection, qui ne fait que commencer.

Les débats de l’AG se sont ouvert sur le caractère démocratique ou non des Conseils d’Administration, ainsi que celui des Assemblées générales. Plusieurs interventions sont revenues sur le fait qu’au CA les élus ne représentaient qu’eux-mêmes, car la liste qui a porté Daniel Lacroix à la présidence était contre la fusion. Entre autres choses, dans ces mêmes instances, les personnalités extérieures (non élues, et toutes pour la fusion !) sont plus représentées que les étudiants à l’heure actuelle (8 contre 6), ce qui s’aggraverait fortement avec la fusion. La discussion a aussi porté sur le fonctionnement même des Assemblées générales, débat central pour que tout le monde puisse prendre part au mouvement. Or la proposition de réforme du fonctionnement proposait 15 minutes d’introduction pour les syndicats, 20 minutes de débats entre non-syndiqués, et 15 min de conclusion-synthèse par les syndicalistes. De telles dispositions iraient paradoxalement à l’encontre de la démocratisation des discussions, laissant aux étudiants syndiqués – parce que syndiqués – le loisir de conclure comme ils l’entendent les débats, tout en les excluant d’une partie de la discussion qui prend un caractère moins important. Les étudiants doivent-ils déléguer aux syndicalistes le loisir de choisir seuls ce qui doit être voté ou non, ce qui a été central dans les discussions ? Certainement pas.

Des étudiants sont venus raconter la situation dans l’UFR de Lettres Philo Arts Musique où une Assemblée d’UFR a été organisée mardi, ce qui a permis à beaucoup d’étudiants de s’investir dans le mouvement, de s’emparer des problématiques de la mobilisation et de réfléchir aux perspectives. En effet, le cadre étant « plus restreint et moins intimidant », il a permis des discussions plus profondes et l’implication de personnes qui n’ont pas l’habitude de parler en public, ouvrant ainsi la voie à la multiplication d’initiatives sur le campus, notamment un concert à la rentrée au foyer de lettres. Cléo, étudiante en anthropologie a ensuite proposé de généraliser cette pratique d’AG d’UFR, notamment dans le sien, invitant toutes les personnes motivées à l’aider à organiser dès la rentrée une Assemblée des étudiants et personnels du bâtiment Olympe de Gouges.

Ensuite a été votée la perspective centrale de l’envahissement du CA du lendemain où la feuille de route du projet de fusion doit être validée par le conseil, ce qui engendrerait la concrétisation du processus. L’AG des personnels qui s’était tenue mardi avait déjà appelé à une journée de grève pour bloquer le CA !

Une demi-heure après la fin de l’assemblée, la nouvelle tombe : le CA est déplacé au rectorat à 13h, où il sera très probablement placé sous protection policière, comme celui de l’Univesité Fédérale de Toulouse il y a deux semaines ! La présidence, qui s’était engagée à ce que les CA se tiennent sur le site du Mirail, cherche ainsi à empêcher que le scénario du 24 janvier se répète. Ce jour-là l’envahissement du CA avait permis de bloquer le vote de la feuille de route. Dans ces conditions, il est plus que légitime de ne pas soutenir l’idée d’un référendum au sujet de la fusion, proposition que l’AG a d’ailleurs rejetée. En effet, ce référendum serait une fausse mesure démocratique, puisque la présidence aurait un contrôle total sur les modalités de vote, la formulation de la question, la diffusion de l’information… L’Assemblée Générale s’est également prononcée pour un retrait total de tous les projets de fusion, et contre la mise en place de la sélection, que ce soit en L1 ou en M1, et a voté la motion suivante :

« De la maternelle à l’Université, mobilisons-nous pour un réel service public d’enseignement, contre la sélection et la fusion des universités !

Les étudiantEs et personnels de l’Université Toulouse – Le Mirail (UT2J) et leurs organisations syndicales appellent l’ensemble des établissements universitaires et d’enseignement primaire et secondaire à se mobiliser pour de meilleures conditions d’étude et de travail en exigeant :

le retrait des projets de fusion et de grands établissements ;

l’arrêt des politiques de sélection en L1 et en Master 1 ;

des moyens pour l’éducation à la hauteur des besoins, pour un enseignement public de qualité et ouvert à touTEs par le biais d’un réinvestissement massif de l’État dans l’enseignement supérieur et le recherche et dans l’éducation.

Nous appelons dès maintenant à une journée nationale de grève et de manifestations dans tout le pays le mardi 7 mars 2017 à l’occasion de la journée de grève et de mobilisation dans les services publics, notamment la santé. »

Cette manifestation à échelle nationale est un enjeu central du mouvement. En effet, le projet de fusion des universités toulousaines est le fruit d’une logique générale de casse de l’enseignement supérieur, et plusieurs autres universités en France sont également en lutte contre la fusion et la sélection (Paris, Montpellier, Grenoble, etc.). De plus, afin que la mobilisation se poursuive et se massifie au Mirail, il est urgent pour les étudiants et les personnels de s’organiser, notamment à travers les Assemblées Générales, les Assemblées d’UFR et les comités de mobilisation qui se tiendront à la rentrée. Face à leur « démocratie » qui se cache derrière la police pour mettre en place des projets qui ravageront les conditions de vie, de travail et d’études sur nos campus, construisons notre démocratie !


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