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Monde de la culture

Toulouse : le théâtre de la cité occupé depuis trois jours

Ce jeudi commençait la première journée d’occupation du théâtre de la Cité à Toulouse, organisé par le CIP (Coordination des intermittents et précaires de Midi Pyrénées). Ils rejoignent ainsi la vague d’occupation nationale du secteur du théâtre qui se positionne contre la réforme de l'assurance chômage et pour l'extension de l'année blanche.

Tyshka Rostov

13 mars 2021

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L’occupation du théatre de l’Odéon à Paris depuis le 4 mars, a eu un effet boule de neige, et on voit naître aujourd’hui une vague d’occupation dans le secteur du théâtre. En effet, depuis le 10 mars, plusieurs théâtres nationaux ont rejoint cette vague et sont désormais occupés : le Théâtre de la Colline à Paris ainsi que le Théâtre National de Strasbourg mais aussi les théâtres de Pau, Châteauroux, Nantes, Saint-Etienne et Toulouse. Un mouvement d’une ampleur inédite dans la culture, qui témoigne d’une grande colère suite à l’année dramatique que vient de subir le secteur.

À Toulouse, les artistes, techniciens, et guides conférenciers du Théâtre de la Cité, ont décidé de l’occuper jour et nuit, et d’aligner leur revendications sur celles déjà avancées à l’échelle nationale. Dans son communiqué de presse, le CIP (Coordination des intermittents et précaires de Midi Pyrénées), à l’origine de l’initiative toulousaine, exige principalement le retrait total de la réforme assurance-chômage, la prolongation des droits à l’assurance chômage des artistes et technicien·ne·s du spectacle vivant et de l’audiovisuel, au delà du 31 Août 2021 et au minimum pendant un an après la reprise totale du secteur culturel et l’élargissement de cette mesure dès maintenant à tous les travailleur·e·s précaires, extras et saisonnier·ère·s entre autres, qui subissent les effets de la crise.

NOUS OCCUPONS LE THEATRE DE LA CITE - Centre Dramatique National de Toulouse

Publiée par Cip-Mp sur Jeudi 11 mars 2021

Des revendications progressistes, qui tendent à s’adresser de manière plus générale aux travailleuses et travailleurs précaires, et qui fait la jonction entre la détresse du secteur de la culture, la détresse de la jeunesse, ainsi que la précarisation sans précédents des salariés pendant cette crise sanitaire et économique. À Toulouse par exemple, les plans de licenciements dans l’aéronautique sont un carnage social et vont avoir un impact économique dramatique sur la région. Cela prend alors tout son sens que l’occupation du théâtre de la Cité se positionne contre ces PSE et se montrent solidaires des ouvriers de l’aéronautique.

Ce jeudi, le premier jour d’occupation commençait fort, avec une première Assemblée Générale d’occupation qui a réuni 200 personnes dans la matinée, qui a eu surtout le rôle de reconduire l’occupation au lendemain et de rappeler les revendications. Autant de personnes étaient réunies ce vendredi après-midi pour une deuxième assemblée générale, beaucoup plus conséquente, lors de laquelle un grand débat a eu lieu sur la volonté ou non de s’allier avec l’intersyndicale. En effet, en parallèle de l’AG d’occupation, se déroule chaque jour une intersyndicale d’employeurs et employés de la culture. Elle tente de délégitimer les décisions de l’AG, en proposant une conduite commune, c’est-à-dire de négocier les décisions de l’AG pour mieux les faire correspondre aux leurs. La plupart des militants de l’occupation se sont positionnés contre une alliance avec ces secteurs de la bureaucratie syndicale, et l’assemblée générale a finalement voté un mandat de quatre personnes qui se rendra à l’intersyndicale pour représenter les revendications de l’occupation.

Que ça soit avec les directions syndicales ou avec le gouvernement, le secteur de la culture ne doit pas se subordonner au dialogue social, qui est la stratégie actuelle de Roselyn Bachelot. Il est important que les militants de la culture ne négocient pas leurs revendications. Ces occupations ont un énorme potentiel pour être un lieu central d’auto-organisation des travailleuses et travailleurs eux-même, où syndiqués et non syndiqués doivent s’unir pour penser ensemble la lutte.

On ne veut pas d’une réouverture des lieux culturels « à la Bachelot », mais si un déconfinement de la culture doit se faire, il doit être la continuité de ces occupations : être appliqué selon les conditions fixées par les travailleurs de la culture. On ne veut pas d’une réouverture « comme avant », et on ne se contentera pas de revenir à une précarité « moins pire », qui existait déjà avant la pandémie. Pour imposer cela, il est nécessaire de faire la jonction entre cette lutte, la détresse des étudiants, des travailleurs et travailleuses de tous les secteurs, et d’afficher une solidarité de classe pour permettre à cette vague d’occupation d’obtenir ses revendications et de se répandre le plus possible.


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