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Toute l’Italie placée en quarantaine : les prisons italiennes se mutinent

Le premier ministre italien, Giuseppe Conte, a décidé d’étendre les mesures de quarantaine à l'ensemble du territoire et à toute la population italienne. Alors que l'épidémie ne cesse sa propagation, une vague de mutineries touche des villes comme Modène ou Palerme contre la restriction des visites aux détenus de la part de leurs familles. Une situation de panique face à laquelle le gouvernement préfère des méthodes arbitraires et inefficaces.

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Une jeune femme manifestant devant une prison italienne contre l’interdiction des visites aux détenus à cause de l’épidémie de coronavirus.
Crédit : Carlo Hermann / AFP

La crise du coronavirus s’enlise en Italie

Les méthodes utilisées en Italie font penser à celles adoptées par le gouvernement Chinois à Wuhan et qu’il aurait été impossible de mettre en place sans une forte répression sur la population. Des mesures qui cherchent à se justifier par une volonté d’endiguement de la maladie dans ses principaux centres de propagation mais qui pourrait, en plus de leur inefficacité démontrée en Chine, avoir des effets explosifs, alors même que le pays devient le second, en termes de morts du virus.

Le gouvernement a en effet décidé le décret “io resto a casa” “je reste à la maison” pour plus de 14 provinces du pays, alors même que le coronavirus aurait déjà causé 463 morts et que la contagion a gagné plus de 7985 personnes à travers le pays, selon les chiffres de la Protection Civile. Une crise dont les conséquences commencent déjà à se ressentir à travers tout le pays, tandis que la bourse de Milan fermait ce soir avec une chute de plus de 11.8% de sa valeur en comparaison avec celle de Francfort ; le krach boursier le plus important depuis la chute de Lehman Brothers. Un accélérateur dans les différents éléments de crise qu’on a pu observer en termes financiers aujourd’hui, au vu du nombre d’annonces d’accumulation de crises à l’échelle internationale, et ce notamment si on le lie au "lundi noir" pour les bourses, avant tout causé par les restrictions aux échanges commerciaux qu’occasionnent la pandémie et la montée de la bagarre sur le marché du pétrole, entre l’Arabie Saoudite et la Russie.

“Il n’y a plus de temps, les mesures restrictives sont étendues à toute l’Italie”. A partir d’aujourd’hui, l’Italie est devenue, dans son ensemble, une zone rouge. A cela s’ajoute l’interdiction des rassemblements dans des lieux ouverts au public : "nous ne pouvons plus nous permettre aucun type de rassemblement qui pourrait devenir une occasion de contagion". Les écoles et les universités seront fermés jusqu’au 3 Avril. Conte a notamment annoncé ce matin, lors d’une conférence de presse, des restrictions portant sur un ensemble de libertés de circulation au sein du pays et vers l’extérieur ainsi que des incitations à la fermeture des marchés et locaux de vente. Cependant, lorsqu’il lui est demandé s’il appellera à un arrêt du transport public, il affirme paradoxalement qu’il est impossible de “bloquer le système de production” du pays, tout en appelant à la responsabilisation de chacun.

Les prisons italiennes en mutinerie, le premier ministre Conte affirme “nous ne pouvons pas nous permettre des révoltes en ce moment”

Le cas des prisons italiennes n’est pas exempt de cette logique. En effet, alors que le pays connaît un des plus hauts taux de surpopulation carcérale d’Europe menant à une situation catastrophique mêlée d’insalubrité et de conditions de vies insupportables, avec une moyenne d’espace vital pour chaque prisonnier de moins de 4 mètres carrés, certaines prisons se trouvent en situation d’accueillir plus de 200% de détenus en comparaison à leur capacité d’accueil réel.

Dans ce cadre, la crise s’est couplée de restrictions extrêmes du peu de libertés dont les détenus italiens disposent, notamment les détenus en semi-liberté pour lesquels le décret Conte a pour conséquence une restriction absolue de leur liberté de circulation hors de la prison. On pense notamment à la restriction des visites des familles des détenus ainsi qu’à leur interdiction de sortie. Des émeutes ont alors éclaté dans de nombreuses régions d’Italie, notamment à Modène ou à Foggia, et des centaines de détenus ont protesté au sein de plus d’une trentaine de prisons à travers le pays. Face aux conditions désastreuses de vie des détenus, et face à l’hypocrisie du gouvernement qui a décidé une restriction absolue de leurs seules libertés, les émeutes ont mené des centaines d’entre eux à revendiquer leurs libertés et de meilleures conditions d’emprisonnement. Ces émeutes auront eu notamment pour conséquence la mort de plus de 6 détenus, l’hospitalisation dans un état grave de nombreuses personnes (notamment de gardiens de prisons intervenus lors des émeutes) et l’évasion de plus d’une trentaine de détenus face à la répression du gouvernement qui, pour le moment, explique ces décès par des supposées raisons d’overdose et d’accidents.

Mauro Palma, responsable au niveau national des droits des personnes détenues et privées de leurs libertés personnelles explique à l’agence Efe : “Les détenus ont peur que dans une situation de contagion le système soit totalement incapable d’y répondre”. Le gouvernement a dû tenir compte de l’ampleur de la crise et négocier au moins certaines conditions sanitaires de base face à leur terrible situation d’isolement. Le chef de la protection civile, Angelo Borrelli, a déclaré qu’à partir de mardi, 100 000 masques seront distribués dans les prisons, et une proposition de possibilité pour les détenus d’appliquer leurs peines chez eux est ouverte afin de résoudre la surpopulation.

Ces méthodes, directement copiées du régime dictatorial chinois auraient pour risque de faire exploser le mécontentement social contre le gouvernement Conte. Car même si les détenus représentent encore un secteur peu visible aux yeux de la population, ces conditions ont pour conséquence une restriction croissante des droits démocratiques des italiens et l’isolement de fait de millions de personnes qui pourrait avoir pour conséquence de déclencher le mécontentement social.


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