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Street- art engagé

Trois fresques sur les murs de Calais. Banksy du côté des migrants

Karel Venuvitch Personne ne connaît son visage, ce qui n’empêche pas qu'il soit l'une des figures les plus célèbres du street-art. Armé de sa bombe de peinture, Banksy s'est attaqué aux murs de Calais ce week-end pour réaffirmer, à sa manière, son engagement auprès des migrants en ces temps où les politiques réactionnaires et xénophobes déferlent sur l'Europe.

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Fin septembre déjà, Banksy avait apporté son soutien aux migrants de la jungle de Calais en leur faisant parvenir des éléments de son parc d’attraction alternatif Dismaland, situé dans une station balnéaire désaffectée de Bristol. L’opération visait, à l’époque, à fournir aux habitants de la jungle des matériaux afin de construire des abris. Ce week-end, l’artiste britannique a donc récidivé. Deux fresques dans le centre-ville de Calais, une à l’entrée de la jungle, et un parti pris assumé au côté de celles et ceux qui subissent de plein fouet la guerre et la misère.

C’est ainsi que Steve Jobs, valise au pied et ordinateur à la main, est dépeint à l’entrée du bidonville où plus de 4500 migrants vivent. Dans un communiqué, Banksy explique que Steve Jobs, fils d’immigré Syrien, est un exemple qui contredit le discours mensonger selon lequel "l’immigration est une perte pour les ressources d’un pays". Si la suite du communiqué fait l’éloge de la méritocratie à l’américaine, l’œuvre est avant tout un plaidoyer pour l’ouverture des frontières et le droit aux personnes de transiter aussi librement que le font les capitaux d’un pays à l’autre.

Au centre-ville, c’est un détournement du Radeau de la méduse de de Théodore Géricault (1791-1824) que l’artiste a peint sur un mur. En lien et place de l’argus, qui avait secouru les rescapés, un ferry poursuit son chemin sans un regard pour les naufragés. Un message fort dénonçant l’Europe forteresse et meurtrière, à mille lieux du prétendu humanisme que ses dirigeants ont péniblement affiché jusqu’aux attentats de Paris le 13 novembre dernier.

Enfin, sur la plage, la dernière fresque représente une petite fille scrutant les rivages anglais, que bon nombre de migrants souhaitent rallier, à l’aide d’une longue vue sur laquelle est perché un vautour. La symbolique de ce dernier peut être perçue de différentes manières : passeurs sans scrupules amenant des centaines de personnes à une mort probable ? Patron rapace scrutant de la chair fraiche à exploiter à moindre coût ?

Sur le site de Bansky, il est écrit sous l’une des fresques, "We’re not all in the same boat" [Nous ne sommes pas tous dans le même bateau]. Si la réputation de Banksy force le maire Les Républicains à protéger les œuvres de l’artiste contre les affres du temps et d’éventuelles dégradations volontaires, le message véhiculé par ses fresques vont bel et bien à l’encontre des logiques politiques - françaises comme européennes - actuelles.

La barque des chefs d’Etat et des groupuscules d’extrême droite qui prônent la fermeture des frontières et l’intensification du chaos au Moyen Orient à grand coup de frappes militaires n’est effectivement pas la nôtre. Notre place se situe sur le radeau, aux côtés des migrants, avec pour mot d’ordre l’ouverture immédiate des frontières, le retrait des troupes et la fin des frappes impérialistes dans tout le Moyen Orient et en Afrique et la levé de l’état d’urgence, véritable chape de plomb sécuritaire et liberticide qui s’abat sur les travailleurs et les classes populaires.


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