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DECEMBRE NOIR

Troisième rencontre interpro IDF : à partir du 17 décembre, se coordonner pour généraliser la grève !

Au douzième jour de la mobilisation conte la réforme des retraites, et après la démission de Delevoye, pour les gréviste un objectif s'impose : se coordonner à la base pour généraliser la grève à partir du 17 décembre.

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C’est en ce douzième jour de grève depuis le début de la mobilisation historique contre la réforme des retraites lancée le 5 décembre dernier que s’est tenue la troisième Rencontre interprofessionnelle des grévistes d’Île-de-France, essentiellement autour de la RATP, SNCF et un secteur d’enseignants, à Saint-Lazare ce lundi après-midi. Étaient au rendez-vous des grévistes de différents dépôts ou lignes de métro de la RATP (Lagny, Flandre, Pleyel, Ivry, la maintenance de la ligne 4, la ligne 3, la ligne 7 entre autres), de différentes gares ou technicentre de la SNCF (Gare du Nord, le Bourget, Saint-Lazare, Austerlitz, Châtillon, Paris Est...), mais aussi des professeurs, du primaire ou du secondaire, de différentes villes de la région parisienne (Paris 20eme, Epinay, Bobigny, Nanterre...).

Cette rencontre, dans le contexte d’une lutte qui commence à se durcir, comme en témoignent, d’un côté la démission de Delevoye - sous la pression du mouvement social et après la révélation de nouveaux mandats cachés chaque jour depuis une semaine – et de l’autre l’agressivité des forces de l’ordre sur tous les blocages de bus, se donnait pour but de réunir et coordonner les différents secteurs en grève reconductible, notamment dans la perspective de la grosse journée de mobilisation qui s’annonce mardi 17 décembre, mais aussi de préparer la suite. Une journée qui s’annonce d’autant plus forte qu’elle est le premier véritable temps fort appelé depuis l’allocution d’Édouard Philippe mercredi dernier qui, en explicitant le texte et avec l’annonce de l’âge pivot à 64 ans notamment, loin de convaincre la population, a comme terminé de l’unir contre le projet de réforme. Du coté de la RATP, c’est un nombre de gréviste supérieur à celui du 5 décembre qui est annoncé pour ce mardi, accompagné de taux très élevés encore à la SNCF comme dans l’éducation nationale.

C’est donc bien loin de l’idée d’une trêve de la lutte que les grévistes ont échangé, dans un contexte d’offensive du gouvernement autour des vacances de Noël, faisant passer les grévistes pour des « preneurs d’otage » de tous ceux qui voudraient rejoindre leur famille pour les fêtes, comme une dernière arme pour tenter de retourner l’opinion publique contre une grève qui reste massivement soutenue, malgré toutes les stratégies de comm’ du gouvernement et des médias, visant à isoler les secteurs d’avant-garde que sont la SNCF et la RATP.

Bien au-delà de la démission de Delevoye : pour le retrait total, s’organiser pour généraliser la grève à partir du 17 décembre !

C’est avec beaucoup de détermination que commence l’assemblée, quelques heures à peine après l’annonce publique de la démission de Jean-Paul Delevoye, chargé de porter la réforme des retraites. Mais si cette démission est une bonne nouvelle pour le mouvement social en ce qu’elle montre la situation de difficulté du gouvernement, elle doit surtout être un point d’appui pour continuer le combat jusqu’à la victoire. C’est ce que rappelle Laura, cheminote du Bourget, en ouvrant la rencontre :« C’est un vrai coup dur pour le gouvernement ! S’il est obligé de démissionner c’est parce qu’il y a un rapport de force qui l’oblige à faire ce pas la ! Mais on veut plus : notamment qu’il remballe sa réforme avec lui ! » C’est dans cette perspective, celle de construire la mobilisation capable d’arracher le retrait total de la réforme que commence donc la discussion.

Du tour des différents piquets et points de blocages des grévistes présents se dégage beaucoup de détermination, mais aussi une certaine préoccupation, fondée sur une observation : pour gagner contre le gouvernement, il apparaît aux yeux de tous urgent d’étendre la grève. Une discussion qui donne lieu à la création d’une commission action qui s’est réunie dès la fin de l’assemblée générale, dans le but de programmer des actions, des actions fortes qui chercheront à montrer que le mouvement s’amplifie et s’organise à la base. C’est donc dans ce sens que discutent les grévistes : se coordonner, agir ensemble et penser des actions d’ampleur que ne permettent pas, isolées, les équipes de chaque piquets. Faire de ce cadre de rencontre interprofessionnelle celui qui permette de généraliser la grève, dans un mouvement qui marque déjà chacun par la force des liens interprofessionnels qui s’y développent dans les différents arrondissement et départements.

En effet, des différentes interventions ressortent les liens déjà très forts, tissés entre les salariés de la RATP et les professeurs ou encore les étudiants qui les rejoignent tous les matins sur les piquets, parfois dès 4h du matin et tous les jours, pour les soutenir, leur prêter main forte dans le blocage des départs de bus, ou encore les aider à remplir les caisses de grèves, essentielles pour que les grévistes puissent continuer la lutte. Ainsi, Mathilde, professeur des écoles à Nanterre souligne avec émotion : « C’est ça la caractéristique de cette mobilisation, c’est qu’il y a des liens qui se créent entre les différents secteurs, et qu’on sent qu’ensemble on a la possibilité de gagner ! »

C’est à partir de ce constat de liens, d’unité dans l’action, et dans la volonté de faire exister cette image forte d’unité et de combativité dans la rue, que la rencontre propose l’organisation d’un cortège commun aux secteurs en lutte pour la manifestation du 17 décembre, en tête de manifestation, qui réunira les grévistes de la SNCF, de la RATP, mais aussi de l’éducation, accompagnés des étudiants en lutte. Le rendez-vous est donné au croisement du métro filles du calvaire. Un cortège qui sera rejoint par les groupes des différentes gares ou dépôts par secteurs géographiques, et notamment précédé d’un grand rassemblement, à 11h à Gare du nord, dite « Gare du Nord la rouge » depuis 2018, appelé dans cette assemblée par Anasse, cheminot : « Demain il faut blinder la Gare du nord d’agents RATP et de cheminots ! » pour montrer qu’« on veut construire une guerre générale ! Que ça pète partout ! ».

S’organiser et se coordonner à la base, pour ne pas dépendre du plan au rabais proposé par les directions syndicales

Au cours de la discussion, et au sujet de la généralisation de la grève et des obstacles à dépasser pour construire ce mouvement qui fera ainsi réellement plier le gouvernement, est abordée la question des dates posées par les directions syndicales, et notamment de l’absence pour l’instant d’appel de manifestations au-delà du 17 décembre. Cette faiblesse du plan proposé interpelle les grévistes, d’autant plus dans une situation où le gouvernement, notamment à travers toute la crise ouverte par l’impopularité, les scandales puis la démission de Delevoye, envoie des signaux forts de faiblesse. « Que font les directions syndicales ? » demande ainsi Clément, cheminot du technicentre de Châtillon, « Delevoye vient de démissionner, ils sont pas bien, et quand il faut appuyer, il n’y a pas d’appel qui sort ! C’est la semaine où il faut tout accélérer, appuyer encore plus fort ! »

Dans le même sens, un autre gréviste souligne la faiblesse des préavis déposés souvent cantonnés à 24h pour les jours de grosses manifestations, notamment dans le privé, dans un moment où des secteurs comme les éboueurs se posent la question d’entrer dans une grève illimitée.

En ce sens, le communiqué adopté se termine par une phrase clair : "les directions syndicales doivent lancer un appel clair et sans ambiguïté : aucune trêve et l’heure est à la grève générale !


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