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Syrie

Trump et Macron menacent d’une réponse commune en cas d’attaque chimique

Tout le monde a encore en tête la dernière attaque chimique du régime de Bachar Al Assad sur le peuple syrien le 4 avril dernier qui avait fait 88 morts. Aujourd'hui selon les USA, le régime préparerait une nouvelle attaque. Face à ça, la France et les Etats-Unis préparent une réponse militaire.

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Près de Khan Cheikhoun, les gaz avaient fait 88 morts. Trump avait alors fait bombarder la base militaire d’Al-Chaayrate près de Homs, marquant la première intervention armée de Washington contre le régime de Damas.

Depuis, la tension entre le régime syrien et ses soutiens, tels que la Russie ou l’Iran, n’a cessé de croître. Les forces militaires américaines ont abattu un avion de l’aviation syrienne qui, selon elles, menaçait des soldats alliés de la coalition ce qui avait amené la Russie à menacer les USA de représailles. A trois reprises au moins depuis le début mai, dans la région d’Al-Tanaf, près de la frontière avec l’Irak et la Jordanie, les forces américaines ont bombardé des forces pro-régime qui menaçaient des soldats de la coalition.

Le Pentagone a précisé il y a quelques jours, qu’ils avaient repéré des activités suspectes sur la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrate d’où était partie l’attaque du 4 avril. « Les États-Unis ont identifié de potentiels préparatifs d’une autre attaque chimique par le régime syrien d’Assad qui pourrait provoquer le massacre de civils, y compris d’enfants innocents », avait écrit le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, dans un communiqué. Trump a annoncé faire payer « le prix fort » à Damas en cas de nouvelle attaque chimique.

En 2013, Obama avait condamné l’attaque chimique au gaz sarin d’août 2013 dans la banlieue de Damas qui avait fait 1400 morts. Il avait alors déclaré que Assad avait dépassé « la ligne rouge » qui aurait dû amener à une intervention militaire américano-française. Alors que Hollande poussait à l’intervention, Obama avait finalement fait marche arrière.
Macron a repris ce principe de ligne rouge et affirmé que la France répliquerait, même si elle était seule, en cas d’attaque chimique avérée. « ?Les armes chimiques et l’accès humanitaire ? » correspondent à cette ligne rouge sur laquelle il affirme qu’il sera ? « intraitable ? ».
Selon le ministre de la Défense britannique, Michael Fallon, le Royaume-Uni soutiendrait toute action des États-Unis. « Si les Américains ont recours de nouveau à une action similaire, je veux être très clair, nous la soutiendrons ».
Même si le chef du Pentagone Jim Mattis a précisé lundi soir privilégier les « efforts diplomatiques », on constate que ce n’est pas la priorité du gouvernement. A l’image de l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, qui s’est même dit prête à s’en prendre à la Russie et à l’Iran, qui aident Assad « à tuer son propre peuple ». La Russie a vivement réagi mardi, et a condamné « les menaces inadmissibles » de Washington contre la Syrie. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a redit que l’attaque d’avril près de Khan Cheikhoun « ne pouvait pas être attribuée aux forces armées syriennes », faute d’ « enquête impartiale ». La Russie a opposé son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU demandant une enquête internationale. Peskov a ajouté ne pas connaître les « raisons » ou preuves pouvant motiver les accusations de préparation de frappe chimique. Il faut être clair, on ne peut pas faire confiance aux déclarations des puissances impérialistes comme les Etats-Unis qui, comme tout le monde le sait, ont déjà inventé des « preuves{} » sur des armes de destruction massive pour justifier leur invasion en Irak en 2003.

Pour contrebalancer cette position guerrière et ne pas être trop ouvertement belliqueux, les USA et la France tiennent à préciser que Daesh est le principal ennemi. La Maison Blanche l’a rappelé lundi soir, l’objectif des États-Unis est uniquement de lutter contre le groupe État islamique et pas de lancer une guerre contre le régime d’Assad.
Pour Paris, le départ du président syrien Bachar al-Assad n’est plus une priorité. L’objectif numéro un est de lutter contre les groupes terroristes en Syrie, affirme Emmanuel Macron dans un entretien publié jeudi dans huit journaux européens. Il va plus loin en sous entendant que personne d’autre qu’Assad ne peut diriger le pays. « Je n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar était un préalable à tout. Car personne ne m’a présenté son successeur légitime ?! ». Il officialise pour la première fois cette ligne sur la Syrie en reconnaissant un « aggiornamento ». L’utilisation de ce terme n’est pas anodin et est lourd de sens. Pour Macron, la France fait, en changent de politique envers Assad, une mise à jour de la situation et donc, selon lui c’est une volonté de changement, d’ouverture et de modernité envers le boucher de Syrie...
Macron cherche également à calmer la tension avec la Russie. La tâche de la France est « la lutte absolue contre tous les groupes terroristes. Ce sont eux, nos ennemis. Nous avons besoin de la coopération de tous pour les éradiquer, en particulier de la Russie ».

Pour autant, ces messages d’ « apaisement » semblent bien minces face aux prétentions impérialistes de la coalition. Cette semaine a été dramatique pour les populations civiles syriennes. L’observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a rapporté qu’un bombardement aérien mené par la coalition contre une prison tenue par l’État Islamique à Mayadine avait fait 57 morts dont 42 civils emprisonnés et 15 djihadistes. Le Pentagone a confirmé des frappes de l’aviation de la coalition dimanche et lundi à Mayadine contre « des installations et infrastructures de l’EI ». Ce massacre illustre parfaitement la situation. D’un côté, il y a le régime de Bachar qui torture et exécute à la pelle dans ses prisons et de l’autre les interventions impérialistes qui bombardent à vue et ce sont les civils qui payent « le prix fort » comme le dit lui-même Trump. Ce sont ces interventions qui ont mené à la création de Daesh et à la pire des barbaries. Mercredi, au moins 30 civils ont été tués par des frappes aériennes contre une localité tenue par l’État islamique. Elles ont visé la localité de Deblane, située à 20 km à l’est de Mayadine, la ville visée par le raid de lundi.

Bachar al Assad massacre le peuple syrien qui a osé relevé la tête. Daesh, créé dans les prisons américaines en Irak, fait régner la terreur dans la région. Les États impérialistes comme la France, la Grande Bretagne, les USA et la Russie jouent un jeux dangereux en soutenant telles ou telles factions dans la région afin de gagner de l’influence dans cette région riche en hydrocarbure. Le peuple syrien n’a pas sa voix au chapitre. Et ce n’est pas Macron et Trump qui, en tant, que chef de guerre, regarderont le défilé du 14 juillet ensemble à Paris, qui seront leurs sauveurs, bien au contraire, ce sont eux et leurs prédécesseurs qui sont les principaux responsables de cette situation dramatique dans la région. Situation qui pourrait bientôt empirer avec une nouvelle intervention de la coalition dans un contexte d’instabilité croissante au Proche et Moyen Orient, avec la crise du Qatar où les puissances régionales se disputent l’influence dans la région.


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